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THORENS, ch.-l. de c. (Hte-Savoie), à 12 k. N. E. d'Annecy; 2507 hab. Aux env., ruines du château de Sales, où naquit S. François de Sales.

THORIGNY, Augustodura, ch.-l. de c. (Manche), sur la Vire, à 13 kil. S. E. de St-Lô, 2082 hab. Jadis titre de vicomté. Restes du château des comtes de Matignon, qui passa depuis aux princes de Monaco. Grand commerce de volaille. Patrie de Brébeuf.

THORINS, vignoble renommé. V. ROMANÈCHE.

THORN, v. forte des États prussiens (Prusse propre), ch.-l. de cercle, sur la r. dr. de la Vistule, à 84 kil. S. de Marienwerder; 12 000 h. Trib., gymnase, bibliothèque. Savon renommé, draps et lainages, pain d'épice. Patrie de Copernic, auquel un monument a été élevé dans l'église St-Jean. — Anc. ville libre et impériale ; elle tomba dans la suite au pouvoir de l'Ordre teutonique. En 1466, il y fut conclu un traité de paix, par lequel cet ordre se reconnaissait vassal de la Pologne. Prise par Charles-Gustave en 1655 et par Charles XII en 1703; attribuée à la Prusse en 1793, lors du 2e démembrement de la Pologne.

THORNHILL (James), peintre anglais, peintre d'histoire de la reine Anne, né à Weymouth en 1676, m. en 1734, a peint l'Histoire de S. Paul dans le dôme de la cathédrale de Londres, et exécuté les peintures du réfectoire et du salon de Greenwich. Il réussit aussi dans le paysage et le portrait. Cet artiste a de l'imagination, un bon goût de dessin, un pinceau ferme et hardi ; mais il manque de correction. Hogarth avait épousé sa fille.

THORSHAVN, ch.-l. de l'île de Stromœ et de tout l'archipel des îles Færoë; env. 500 hab. Bon port.

THORWALDSEN (Barthélemy), sculpteur danois, né en 1769, m. en 1844, était fils d'un pauvre marin de Copenhague qui sculptait des figures en bois pour la proue des navires. Doué d'un talent précoce, il fut envoyé à Rome, fit dans cette ville de longs et fréquents séjours, et revint passer ses dernières années dans sa patrie, où il fut comblé d'honneurs. Son coup d'essai fut une statue colossale de Jason, qui fit sensation; suivirent Mars, les Trois Grâces, les Muses, Apollon, Mercure, Adonis, les Douze Apôtres (à Notre-Dame de Copenhague), qui lui firent une réputation universelle. On recourait à son ciseau de toutes les parties de l'Europe : ainsi il exécuta pour Rome le Tombeau de Pie VII, pour Varsovie la statue équestre de Poniatowski, pour Mayence le monument de Gutenberg, etc. On a de lui une foule de bas-reliefs, entre autres Achille à qui l'on enlève Briséis, Bacchus donnant à boire à l'Amour, l'Amour éveillant Psyché, enfin l'Entrée d'Alexandre à Babylone, vaste série entreprise par ordre de Napoléon I. Il était associé de l'institut. Thorwaldsen se distingue surtout par la pureté du style et la fidèle représentation des caractères, des temps et des lieux. Il a fondé un musée à Copenhague et a légué à cet établissement son immense fortune.

THOTH, dieu égyptien, présidait à la parole, à l'écriture, aux sciences, aux arts. Les Égyptiens lui attribuaient toutes les inventions. Il existait sous son nom 42 livres sacrés, confiés aux prêtres seuls, qui contenaient toute l'encyclopédie religieuse et scientifique des premiers temps de l’Égypte. Ce dieu était représenté tantôt avec la tête de l'ibis, tantôt avec celle du cynoscéphale. Il règne, du reste, une profonde obscurité sur Thoth. Il est pour quelques-uns l'Hermès ou Mercure des Grecs, ou l'Hermès Trismégiste des alchimistes. V. ce nom.

THOU (Jacq. Aug. de), historien, né à Paris en 1553, d'une famille de robe originaire d'Orléans, m. en 1617, était le 3e fils de Christophe de Thou, 1er président au parlement de Paris. Destiné d'abord à l'Église, il se livra ensuite à l'étude du droit, et eut pour maîtres Cujas et Hotman. Il accompagna en 1573 Paul de Foix, ambassadeur en Italie, et conçut dès lors le projet de son histoire. Nommé à 24 ans conseiller-clerc au parlement de Paris, il fit partie en 1581 d'une commission parlementaire formée à Bordeaux : dans cette ville, il connut le prince de Condé, le roi de Navarre et Montaigne. Henri III le chargea de quelques missions en Picardie et en Normandie, le fit ensuite conseiller d'État, l'appela au parlement, transféré à Tours, où il exerça la présidence, puis l'envoya en Allemagne et en Italie avec Schomberg, pour y solliciter des secours d'hommes et d'argent (1589). De retour en France, il suivit la fortune d'Henri IV, dont il possédait la confiance, fut chargé de préparer l'édit de Nantes, et s'opposa avec d'autres magistrats à l'admission en France de certaines dispositions du concile de Trente contraires aux libertés de l’Église gallicane. Lors de la retraite de son beau-frère, Achille de Harlay (1611), il ne put obtenir du nouveau roi (Louis XIII) la place de 1er président du parlement de Paris, qui lui avait été promise sous le règne précédent : on essaya de le dédommager en le nommant un des trois directeurs des finances qui remplacèrent Sully; mais il ne put se consoler de cette injustice. On doit à de Thou un grand ouvrage historique en 138 livres, rédigé en latin : Historia mei temporis (allant de 1543 à 1607). Il en avait donné une 1re partie en 1604, mais la publication n'était pas achevée à sa mort. Ce grand ouvrage, qui embrasse l'histoire de l'Europe presque entière, fait autorité, surtout pour ce qui regarde la France. En effet de Thou possède au plus haut degré les qualités de l'historien : souvent témoin oculaire et quelquefois acteur, il avait appris infiniment, soit par les hommes illustres avec lesquels il était en relation, soit par les pièces officielles; le récit des faits est accompagné de réflexions aussi nobles que judicieuses ; on admire également la beauté du style. Cependant, la liberté avec laquelle l'auteur parle du clergé et son indulgence pour les Protestants firent soupçonner son orthodoxie, et son Histoire fut condamnée à Rome. De Thou a laissé des Poésies latines, qui sont estimées, entre autres un poëme De re accipitraria. La seule édition complète de ses Œuvres est celle que Thomas Carte donna à Londres en 1733, en 7 v. in-f., qui contient, outre l’Histoire proprement dite, les Mémoires de sa vie de 1553 à 1601 (rédigés par lui-même ou par N. Rigault, son ami), des Lettres et morceaux divers, et enfin un Supplément de Rigault, qui va de 1607 à la mort d'Henri IV. L’Histoire a été traduite du latin en français par Lemascrier, Adam, Lebeau, Desfontaines et Leduc : cette trad., publiée en 1734, ne forme pas moins de 16 v. in-4. On doit à MM. Patin et Phil. Chasles des Éloges de De Thou, qui ont partagé le prix à l'Académie française en 1824.

THOU (Fr. Aug. de), fils du préc., né à Paris vers 1607, fut conseiller au parlement, maître des requêtes, puis conseiller d’État. Protégé d'abord par Richelieu, il paraissait destiné au plus brillant avenir; mais il eut le malheur de s'attirer l'animosité du cardinal en entretenant une correspondance imprudente avec la duchesse de Chevreuse, alors exilée, correspondance qui fut surprise, et par ses liaisons avec les ennemis de son ancien protecteur, notamment avec Cinq-Mars, dont il favorisa le complot, sans toutefois approuver le traité signé par Fontrailles avec l'Espagne. Cinq-Mars eut la faiblesse de le charger dans ses révélations, croyant ainsi mériter sa propre grâce. De Thou, rapidement jugé et condamné, fut exécuté aussitôt à Lyon, avec Cinq-Mars. Son seul crime était de n'avoir pas révélé le complot (1642).

THOUARCÉ, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), à 28 k. S. d'Angers; 1706 hab. Vins, grains, houille.

THOUARS, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), sur le Thouet, à 29 kil. N. E. de Bressuire; 2573 hab. Collége. Beau château sur un rocher et qui sert auj. de caserne; église St-Médard, tour de St-Laon. — Prise en 758 par Pépin le Bref, qui en fit sa place d'armes, Thouars devint au IXe s. la capitale d'une vicomté, créée par les comtes de Poitou, dont les possesseurs se rendirent bientôt indépendants et s'allièrent tantôt aux rois de France, tantôt aux rois d'Angleterre. Ce fut