Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une des plus fortes places du Poitou sous les Anglais. Prise par Duguesclin en 1372, elle fut au XVIe s. érigée en duché-pairie en faveur des la Trémoille. Elle fut occupée par les Vendéens en 1793, et par H. de Larochejaquelein en 1815.

THOUET (le), Thoacis, riv. de France, naît dans le dép. des Deux-Sèvres, à 2 kil. N. E. de Beugnon, baigne Secondigny, Parthenay, Thouars, entre dans le dép. de Maine-et-Loire, arrose Montreuil-Bellay, reçoit la Dive, l'Argenton, et tombe dans la Loire au-dessous de St-Florent, après un cours de 120 kil.

THOUIN (André), professeur de culture au Jardin des plantes, né en 1747, m. en 1823, était fils d'un jardinier de cet établissement. Il devint lui-même jardinier en chef (1764), agrandit l'école botanique du Jardin, s'occupa d'acclimater en France les plantes exotiques, et fit dans ce but divers voyages. Il fut professeur d'économie rurale aux Écoles normales et membre de l'Institut dès sa fondation. On a de lui un Essai sur l'économie rurale (1805), une Monographie des greffes (1821), un Cours d'agriculture et de naturalisation des végétaux (1827).

THOULOUNIDES, dynastie turcomane qui a régné en Égypte de 869 à 905, tirait son nom de Thouloun, de la tribu des Oïgours, esclave du calife Al-Mamoun, et père d'Achmet, qui, nommé gouverneur de l’Égypte, s'y rendit indépendant.

THOUN, v. et lac de Suisse. V. THUN.

THOURET (Jacq. Guill.), membre de l'Assemblée constituante, né à Pont-l'Évèque en 1746, était avocat au parlement de Rouen; fut député en 1789 aux états généraux par le tiers état de Rouen; fut élu président de l'Assemblée et rapporteur du comité de Constitution; devint plus tard président du tribunal de cassation, et périt sur l’échafaud le 22 avril 1794. On a publié de lui un Abrégé des révolutions de l'ancien gouvernement français (extrait de Dubos et de Mably), 1800, et des Tableaux chronologiques de l'histoire ancienne et moderne (1821). — Son frère, Aug. Thouret (1748-1810), médecin distingué, remplit plusieurs missions importantes, et devint professeur et directeur de l'École de médecine lors de sa réorganisation. Il se signala comme partisan de la vaccine et comme adversaire de Mesmer, notamment dans ses Recherches et doutes sur le magnétisme animal (1784).

THOUROUT, v. de Belgique (Flandre occid.), à 18 kil. S. O. de Bruges; 8500 h. Anc. abbaye, fondée par Dagobert. Industrie, linières, tanneries, distilleries.

THOUS, anc. capit. du Khoraçan, sur le Thous, affluent de la mer Caspienne, fut détruite par les Tartares ; on en voit les restes près de Mesched. Cette ville, très-florissante sous les califes, est la patrie d'Al-Cazel. C'est là que mourut Haroun-al-Raschid.

THOUTMOSIS, nom de trois rois égyptiens de la 18e dynastie, qui régnèrent du XXe au XVIIe s. av. J.-C. Thoutmosis I, fils de Misphragmoutosis, acheva l'expulsion des Hycsos, commencée par son père, et régna env. 12 ans. Thoutmosis III fut un roi conquérant : il porta ses armes jusqu'à Babylone et Ninive.

THOUVENEL (Pierre), médecin, né en Lorraine en 1747, m. en 1815, mit en réputation les eaux de Contrexeville, y fonda à ses frais un établissement, et fut nommé inspecteur des eaux minérales de France. Grand partisan de l'hydrocospie, il publia sur ce sujet plusieurs ouvrages, entre autres : Mémoire physique et médicinal sur les rapports qui existent entre la baguette divinatoire, le magnétisme et l'électricité (Paris, 1791), et Mémoire sur l'électricité organique et minéralogique (1790).

THOUVENEL (Édouard-Antoine), homme politique français, né à Verdun en 1818; se fit remarquer en 1840 par une relation de voyage (la Hongrie et la Valachie, in-8); occupa différents postes diplomatiques, particulièrement à Constantinople (1855) ; devint ministre des affaires étrangères (1860-62), et se fit remarquer par son habileté, son énergie et le talent qu'il montra dans ses circulaires diplomatiques. Il était grand référendaire du Sénat quand il mourut, en 1866.

THRACE, Thracia, auj. partie N. E. de la Roumélie; grande région de l'Europe ancienne, dont l'étendue a souvent varié. On lui donne généralement pour bornes au N. le Danube, à l'E. le Pont-Euxin et le Bosphore de Thrace, au S. la mer Égée et la Propontide, au S. O. la Macédoine. On y trouvait le mont Hémus au N. O., le Rhodope au S. O., et plusieurs fleuves, l'Hèbre, le Nestus, le Strymon. Habitée par une foule de peuplades diverses, la Thrace n'offrait que des divisions vagues : on y distinguait la Chalcidique, (attribuée quelquefois à la Macédoine), l'Édonide, la Bisaltie, la Sintique, la Bessique, l'Odomantique, la Bistonide, la Ciconide, l'Odrysiade, l'Astique, le pays des Triballos. Il y avait sur le littoral beaucoup de villes grecques, soit libres, soit soumises à quelque métropole (Amphipolis, Cardie, Périnthe, Sélymbrie, Byzance, Abdère, etc.) La Thrace était un pays montagneux et froid ; elle fournissait d'excellents chevaux. Ses habitants passaient pour braves, mais farouches et ivrognes. Ils avaient très-peu de villes à l'intérieur. L'agriculture était à peu près nulle chez eux; ils vivaient de la chair de leurs troupeaux et de rapines. Les villes grecques commerçantes de la côte tiraient de l'intérieur du bétail, des bois, des pelleteries, des esclaves. Le culte des Thraces était varié : Bendis (déesse analogue à Diane) et Cotytto étaient leurs grandes divinités; ils adoraient aussi un dieu de la guerre nommé Sabaz, qu'on croit le même que Bacchus ; ils reconnaissaient pour législateur Zamolxis. C'est chez eux que les mystères des Grecs semblent être nés. — La Thrace fut de bonne heure peuplée par des émigrations de peuples analogues aux Pélasges, qui, venus du N. E., franchirent le Danube. Il y a lieu de croire qu'elle avait été quelque temps civilisée (c'est là que la Fable place Linus, Orphée, Thamyris, etc.), mais elle retomba ensuite dans la barbarie. Au Ve s. av. J.-C. elle subit en partie la domination persane : plusieurs princes, tributaires du grand roi, y régnaient simultanément. A l'avénement de Philippe II, roi de Macédoine, en 360, le roi des Odryses était le plus puissant de ces princes (V. ODRYSES), mais son royaume tomba en dissolution après la mort de Cotys I (356), et surtout de Chersoblepte (345). La Thrace devint en quelque sorte une province macédonienne sous Philippe et sous Alexandre; à la mort du dernier, elle échut à Lysimaque (323), qui y prit le titre de roi vers 307. Après lui, ce pays passa aux mains de Séleucus, vainqueur de Lysimaque (282), puis de Ptolémée Céraune (281). La Thrace eut ensuite des rois indigènes fort obscurs (depuis 277 av. J.-C.); elle fut enfin réduite en province romaine en 46, sous Claude.

THRACE (BOSPHORE DE), auj. Canal de Constantinople, détroit situé entre le Pont-Euxin et la Propontide, sépare la Thrace de l'Asie-Mineure. V. BOSPHORE.

THRACE (CHERSONÈSE DE). V. CHERSONÈSE,

THRACE (Diocèse de), une des grandes divisions de l'empire d'Orient. V. l'art. Romain (Empire).

THRASÉAS (L. PÆTUS), sénateur romain, né à Padoue au commencement du 1er siècle, était stoïcien. Il parcourut d'abord la carrière des honneurs militaires, et mérita par ses vertus l'estime publique. Gendre de Pætus et d'Arria, il s'efforça en vain de détourner celle-ci de mourir avec son époux, compromis dans la conspiration de Scribonius contre Claude. Il protesta contre la tyrannie de Néron en s'abstenant presque complètement de prendre part aux délibérations du sénat; il refusa d'entendre jusqu'au bout la lettre apologétique adressée par l'empereur au sénat après le meurtre d'Agrippine. Dénoncé comme ayant refusé d'assister à l'apothéose de Poppée, il fut condamné à mort par le sénat; il se fit ouvrir les veines, et subit le trépas avec courage, en 66. Sa femme, imitant l'exemple de sa mère Ar-