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le doublement du tiers. Le nom de tiers état disparut dès 1789, lors de la transformation des États généraux en Assemblée nationale. Sieyès avait publié au début de la Révolution une brochure célèbre sous ce titre : Qu'est-ce que le tiers état (V. SIEYES). On doit à Aug. Thierry l’Histoire du tiers état, 1853.

TIERS ORDRE, dits aussi Tiertiaires ou Tiercelins, nom que l'on donne aux séculiers qui s'attachent à un ordre religieux et en suivent la règle sans renoncer pour cela à la vie civile. Il y a un Tiers ordre de St-François, fondé en 1221; — de St-Augustin, en 1401; — de St-Dominique, en 1422, etc.

TIFERNAS (Grégoire), helléniste, né vers 1415 à Citta-di-Castello (l'anc. Tifernum), m. vers 1466, enseigna le grec à Naples, à Milan, à Rome, enfin à Paris, et mourut à Venise. Il acheva la traduction latine de Strabon (commencée par Guarino), et traduisit le traité De regno de Dion Chrysostome.

TIFERNUM, nom de plusieurs villes de l'Italie ancienne : 1° Tifernum Metaurense, auj. San-Angelo-in-Vado, chez les Senones, sur le Métaure ; — 2° Tifernum Samniticum, célèbre par trois victoires des Romains sur les Samnites en 305, 297, 295; — 3° Tifernum Tiberinum, auj. Citta-di-Castello.

TIFFAUGES, vge de la Vendée, sur la Sèvre-Nantaise, à 52 kil. N. E. de Napoléon-Vendée ; 960 hab. Belles ruines d'un château fort, d'origine romaine, rebâti par les vicomtes de Thouars au XIIe s., et qui appartint au célèbre Gilles de Retz; il fut démantelé sous Louis XIII. Brûlé en 1793 pendant la guerre de la Vendée, ce village n'a été reconstruit qu'en partie.

TIFLIS, v. de la Russie asiatique, ch.-l. de la Géorgie et résidence du gouverneur général de la région du Caucase, sur les deux rives du Kour, à 2350 k. S. S. E. de St-Pétersbourg, par 42° 30' long. E., 41° 41' lat. N.; env. 30 000 hab. avant 1830 (à cette époque, le choléra enleva les deux tiers de la population). Archevêchés grec et arménien, tribunaux, gymnase, école arménienne. Quelques monuments (belle cathédrale; casernes, grand bazar, etc., dans la ville nouvelle). Industrie et commerce assez actifs; bains thermaux sulfureux, d'où le nom de la ville, qui signifie ville chaude. Tiflis est auj. un passage très-fréquenté pour aller de l'Inde en Europe par terre. — Cette ville, fondée, dit-on, vers l'an 469 de notre ère par le roi Vakhtang, devint importante au IXe s., et fut dès lors la capit. du royaume de Géorgie et la résidence des rois du Karthli. Gengiskhan au XIIe s., Mustapha-Pacha en 1576, la prirent et la ravagèrent; Aga-Mohammed-khan, chah de Perse, la détruisit en 1795; les Russes se la firent céder en 1801 par le dernier roi de Géorgie : sous leur administration elle s'est rapidement relevée. Un traité fut conclu à Tiflis en 1814 entre la Russie et la Perse sous la médiation de l'Angleterre.

TIGELLIN, favori et ministre de Néron, était de basse naissance, et ne gagna la faveur de l'empereur qu'en achevant de le corrompre. Nommé préfet du prétoire, il devint tout-puissant : il fit périr Sylla et Plautius, fut l'agent des amours de l'empereur et de Poppée, travailla à faire passer Octavie pour adultère, et déploya la plus grande sévérité contre les complices de Pison : l'empereur, pour le récompenser, lui décerna le triomphe. Après la mort de Néron, il reçut de Galba l'ordre de mourir : il se coupa la gorge avec un rasoir, 69.

TIGRANE, c.-à-d. souverain, nom commun à plusieurs princes qui régnèrent sur l'Arménie. — Le plus ancien, Tigrane I, de l'antique dynastie des Haïganiens, régna de 565 à 520 av. J.-C., et fut le contemporain de Cyrus, auquel il s'allia contre Astyage, roi des Mèdes. On lui a attribué, mais à tort, la fondation de Tigranocerte. — II, Valarsace, 1er roi d'Arménie de la dynastie des Arsacides, 118-95, fut mis sur le trône par son frère Mithridate II, roi des Parthes, soumit le Pont, la Cappadoce, le pays des Lazes, fit la guerre aux Parthes après la mort de son frère, s'allia ensuite avec eux et les seconda dans leurs guerres contre les Séleucides ; encouragea l'agriculture, donna des lois sages, développa la civilisation en Arménie, et provoqua la recherche des monuments historiques qu'il fit réunir en un corps. Il fut assassiné par un de ses généraux. — III, le Grand, fils du préc., régna de 95 à 60 av. J.-C., et prit le titre de Roi des rois. Ayant épousé Cléopâtre, fille de Mithridate, roi de Pont, il fit cause commune avec ce prince, déclara la guerre aux Romains, envahit la Cappadoce (83) et conquit la Syrie (70); mais bientôt Lucullus tailla ses troupes en pièces et lui enleva ses villes principales (69). Pompée le vainquit de nouveau, lui fit payer 6000 talents (env. 33 000 000 de fr.), et le força à signer un traité (64) par lequel il cédait aux Romains la Syrie, la Cappadoce et la Petite-Arménie. Peu après, son 2e fils, nommé comme lui Tigrane, voulut lui enlever l'Arménie avec l'aide des Parthes, mais il échoua dans ce projet et s'empara seulement de la Sophène, que les Romains lui firent confirmer par son père. Quelques auteurs font régner Tigrane le Grand de 89 à 37 ou même jusqu'à 35 av. J.-C.

TIGRANOCERTE, v. d'Arménie (Gordyène), sur une montagne au pied de laquelle passe le Nicéphorius, affluent du Tigre, fut, dit-on, fondée en 78 av. J.-C. par Tigrane, dit le Grand, qui la peupla de 300 000 prisonniers faits en Cappadoce et ailleurs, et qui en fit la capitale de ses États en remplacement d'Artaxate; Lucullus la prit en 69, et elle se dépeupla bientôt. Les uns retrouvent cette ville dans Sert, les autres dans Kara-Amid ou Diarbek.

TIGRE (le), Tigris, grand fleuve de la Turquie d'Asie, naît sur le versant méridional du Taurus, au N. O. de Diarbek, traverse une partie du pachalik de ce nom, puis tout le pachalik de Bagdad (Arménie, Babylonie, Chaldée des anciens), passe à Diarbek, Mossoul, Bagdad et Korna, reçoit le Khabour, la Diala, le Grand et le Petit-Zab, le Touz, et, après un cours d'env. 1240 kil., s'unit à l'Euphrate (par la r. dr.), et forme avec lui le Chat-el-Arab, qui va se perdre dans le golfe Persique. L'ancien Tigre arrosait Amida, Ninive, Ctésiphon, Séleucie, Apamée, toutes villes qui ont disparu. Les Orientaux croient que c'est le Tigre et non l'Euphrate qui est la branche principale du Chat-el-Arab. Dans sa partie inférieure, le Tigre communique avec l'Euphrate par plusieurs canaux. Sa partie supérieure, jusqu'à son confluent avec l'Euphrate, reçoit quelquefois le nom de Didjel. On appelle Petit-Tigre un bras qui sort de la rive droite du Tigre. Les eaux du Tigre renferment beaucoup de bitume; ses rives sont en plusieurs endroits bordées de sources de naphte.

TIGRE (le) CHINOIS. V. SI-KIANG.

TIGRÉ (Roy. de), contrée d'Abyssinie, dont elle forme l'État principal, s'étend de 34° à 39° long.'E., et de 11° à 16° lat. N., entre la Nubie, l'Amhara, le pays des Gallas et celui des Changallas; env. 440 k. en tous sens. Il y a deux capitales, Axoum et Adova. Sol très-fertile, arrosé par le Tacazzé. Nombreux léopards, reptiles énormes. — Le Tigré ne forme un seul État que nominalement : il est de fait partagé entre une foule de chefs sans cesse en guerre entre eux ; les Gallas y font de terribles incursions. Le chef de l'État porte le titre de ras (vice-roi du Négus).

TIGURINI, un des 4 grands peuples de l'Helvétie au temps de César, habitait à l'E. des Urbigènes, dans la Thurgovie et le canton de Zurich; leur nom se retrouve dans Zurich (Tigurinum).

TILAVEMPTUS, nom latin du Tagliamento.

TILLEMONT (Sébastien LE NAIN de), historien, né à Paris en 1637, m. en l698; étudia à Port-Royal, compta Nicole parmi ses maîtres, se fit prêtre en 1676, eut d'étroites liaisons avec les Jansénistes et alla, après la dispersion des solitaires de Rort-Royal, vivre dans son domaine de Tillemont (entre Montreuil et Vincennes), partageant son temps entre les exercices de la piété et les travaux littéraires. Il fut pour différentes publications le collaborateur d'Arnauld,