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d’Hermant et de plusieurs autres Jansénistes célèbres ; il est le seul auteur de l’Histoire des empereurs et des autres princes qui ont régné pendant les six premiers siècles de l’Église, 6 vol. in-4, 1692-1738, guide sûr pour cette partie de l’histoire ; des Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, 16 vol. in-4, 1693-1712, et d’une Vie de S. Louis, publiée seulement en 1847. Ces ouvrages sont pleins d’érudition et d’exactitude ; mais ils laissent à désirer sous le rapport du style.

TILLOTSON (John), célèbre prédicateur anglais, né en 1630, dans l’Yorkshire, m. en 1694, avait été professeur au collége de Clare-Hall, à Cambridge. D’abord calviniste, il se laissa convertir à l’Anglicanisme par Cudworth. Il parvint sous Guillaume III aux plus hautes dignités, fut fait archevêque de Cantorbéry (1691), et eut une place dans le conseil. Il a laissé la Règle de la foi, des Sermons et des ouvrages de controverse. Les Anglais prisent beaucoup son éloquence : Tillotson a effectivement de la logique et de l’élégance ; mais ce n’est pas un véritable orateur. On l’accuse de Socinianisme. Ses Œuvres ont été publiées en 12 vol. in-8, par Warburton. Barbeyrac a traduit une partie de ses Sermons.

TILLY, ch.-l. de c. (Calvados), sur la Seule, à 20 kil. O. de Caen ; 1190 hab. Ancien château.

TILLY (Jean TZERCLAES, comte de), fameux général au service de l’Autriche, né en 1559 au château de Tilly, en Brabant, m. en 1632, avait été un instant Jésuite. Il abandonna de bonne heure cet ordre pour prendre les armes, et se distingua en Hongrie contre les Turcs. Quand la guerre de Trente ans éclata, il devint, en 1620, le lieutenant de Maximilien de Bavière (alors chef de l’armée de la ligue catholique). Il eut une part essentielle à la victoire de la Montagne-Blanche, enleva au comte Ernest de Mansfeld les places de Pilsen et de Tabor ; se laissa battre à Wislock par les Protestants, mais prit sa revanche aux batailles de Wimpfen, de Hochst, de Lœn, de Lutter, dont la dernière, livrée en 1626, anéantit les forces danoises. Après la disgrâce de Wallenstein, Tilly fut choisi par l’empereur Ferdinand II pour le remplacer comme général en chef des troupes impériales (1630). Quand Gustave-Adolphe vint fondre sur l’Allemagne, Tilly, maître de la Basse-Saxe, des forteresses du Slesvig et du Holstein, réussit encore à prendre, après un siége opiniâtre, la ville de Magdebourg, qu’il fit cruellement saccager ; mais la même année il perdit contre le roi de Suède la bataille décisive de Leipsick (1631). Réduit à fuir en Souabe, puis en Bavière, il tenta vainement de barrer à Gustave le passage du Lech : il y fut encore battu complètement, et mourut quelques jours après, de ses blessures, à Ingolstadt (1632). Jusqu’à la journée de Leipsick, Tilly avait été regardé comme le premier général de l’Europe. C’était un homme simple, désintéressé, ami de l’ordre et de la justice, mais sévère à l’excès ; on dit cependant qu’en mourant il déplora le sac de Magdebourg, rejetant sur Pappenheim le tort de cet acte.

TILLY (le comte Alexandre de), d’une ancienne famille de Normandie, né en 1754, au château de Tilly, près de Caen, servit d’abord dans les pages de la reine, puis dans les dragons de Noailles, montra beaucoup de zèle pour la cause royale au début de la Révolution, émigra après le 10 août (1792), et, après avoir mené une vie orageuse et dissipée, se donna la mort à Bruxelles en 1816. Outre quelques écrits de circonstance, on a de lui des Mémoires qui, bien qu’écrits dès 1807, ne parurent qu’en 1828. Ils renferment de curieuses révélations, mais aussi bien des anecdotes scandaleuses.

TILSITT, v. des États prussiens (Prusse), ch.-l. de cercle, sur le Niémen et la Tilse, à 55 kil. N. N. O. de Gumbinnen ; 14 000 hab. Gymnase, bibliothèque. Commerce actif avec Kœnigsberg et l’intérieur de la Pologne. — Fondée en 1512. Il y fut conclu en 1807 an célèbre traité entre la Russie et la Prusse d’une part, et la France de l’autre : c’était au fond un vrai plan de partage de l’Europe continentale entre Napoléon et Alexandre : Napoléon devait avoir tout l’O. jusqu’au Niémen, et il cédait le reste à Alexandre ; la Prusse perdait ainsi ses provinces à l’O. de l’Elbe et ses provinces polonaises.

TIMAGÈNE, historien grec, né à Alexandrie, fut fait prisonnier lors de la prise de cette ville par le Romain Gabinius, 55 av. J.-C., devint esclave de Faustus (fils de Sylla), qui l’affranchit ; sans moyens d’existence, il fut d’abord réduit à se faire cuisinier, puis porteur de litière ; ayant pu enfin ouvrir une école de rhéteur, il s’acquit un nom et se fit des protecteurs, parmi lesquels Asinius Pollion et Auguste lui-même ; mais il tomba en disgrâce pour s’être permis quelques sarcasmes contre le prince. Après avoir été recueilli pendant un temps par Pollion, il alla mourir à Dabanum, dans l’Osroène. Il avait composé une Histoire des Gaules et une Hist. des Rois (c.-à-d. d’Alexandre et de ses successeurs), qui sont perdues. Il avait aussi écrit une Histoire d’Auguste ; mais, irrité de sa disgrâce, il la brûla. Il ne reste rien de lui. Quintilien le proclamait le Restaurateur de l’histoire.

TIMANTHE, peintre grec, natif de Cythnos ou de Sicyone, florissait au IVe s. av. J.-C., et fut le rival de Parrhasius. On a surtout vanté de lui le Cyclope endormi et le Sacrifice d’Iphigénie : dans le 1er  de ces tableaux, voulant donner une idée de l’immense stature du Cyclope, il représentait des Satyres mesurant avec un thyrse la longueur du pouce du colosse assoupi ; dans le 2e, désespérant d’exprimer la douleur d’Agamemnon, le peintre le représenta la tête couverte d’un voile.

TIMARIOTS, soldats turcs qui jouissent d’un bénéfice militaire (timar), et s’entretiennent à leurs frais.

TIMAVE, Timavus, auj. Timao, petite riv. des États autrichiens (Trieste), naît à 12 k. S. de Goritz, et tombe dans l’Adriatique après un cours de 5 k. seulement, mais entièrement navigable.

TIMÉE, philosophe pythagoricien, de Locres, florissait au commencement du Ve s. av. J.-C., et remplit dans sa patrie les premières magistratures. On a sous son nom un Traité sur l’Âme du Monde et sur la Nature, que les uns regardent comme un abrégé du Timée de Platon, et les autres comme un ouvrage original, qui aurait fourni à Platon la base de son système des Idées : en effet, l’auteur y ramène tout à 3 principes, Dieu, les idées et la matière. Ce traité a été publié avec trad. latine par L. Nogarola, Venise, 1555, et traduit en franç. par le marquis d’Argens, Berlin, 1763, et par Le Batteux, Paris, 1768.

TIMÉE, de Tauromenium, historien grec, 359-262 av. J.-C., avait écrit une Hist. de la Sicile et une Hist. des guerres de Pyrrhus, dont il ne reste que peu de fragments (publiés par Gœller, dans le De situ et origine Syracusarum, Leips., 1818, et par Muller, dans la Bibliothèque grecque de Didot, Paris, 1841). Les anciens, Cicéron à leur tête, louent son style, mais l’accusent de partialité contre Agathocle. Timée est le 1er  qui ait employé l’ère des olympiades.

TIMÉE, grammairien grec du IIe ou du IIIe s. de J.-C., est auteur d’un Dictionnaire des locutions platoniques (publié par Ruhnkenius, Leyde, 1764, et par Koch, Leips., 1828), ouvrage utile pour l’intelligence des écrits de Platon.

TIMOK, Timacus, riv. de Turquie, sépare la Servie de la Bulgarie et se jette dans le Danube à 25 kil. N. O. de Widdin, après un cours de 200 kil.

TIMOLÉON, général corinthien, né vers 410 av. J.-C., se signala par son patriotisme. Il s’opposa de toutes ses forces aux entreprises de son frère Timophane, qui voulait usurper le pouvoir à Corinthe : après avoir vainement tenté de le détourner de ses projets criminels, il le fit lui-même mettre à mort en sa présence, mais en se voilant la face, 365 av. J.-C. Après ce cruel sacrifice, il s’exila, et resta 20 ans éloigné des affaires. Chargé en 343 par les Corinthiens d’aller délivrer les Syracusains de la tyrannie