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placement de l'anc. Ruscino, qui a donné son nom au Roussillon.

TOUR (LA) ET TAXIS. V. LA TOUR.

TOURAINE, Turones, province et grand gouvernement de l'anc. France, borné au N. par le Maine et l'Orléanais, à l'O. par l'Anjou, au S. par le Poitou, à l'E. par le Berri : 100 kil. sur 80 ; ch.-l. Tours. la Loire la divisait en 2 parties: Hte-Touraine, au N., B.-Touraine, au S. ; on y distinguait en outre les Varennes, le Verron, la Campagne, la Brenne, la Gastine. Elle forme auj. le dép. d'Indre-et-Loire. Céréales, vins, fruits (prunes renommées, etc.). Beaucoup de rivières : Loire, Cher, Indre, Vienne, Creuse ; falun ou immense banc de coquillages près de Ligueil. Plaines et vallées charmantes, beaux sites, campagnes fertiles, qui ont fait appeler la Touraine le Jardin de la France. — La Touraine était habitée au temps de J. César par les Turones, qui, bien que passant pour peu belliqueux, envoyèrent 8000 guerriers au secours d’Alesia. Ils prirent part sous Tibère au soulèvement de la Gaule, mais ils rentrèrent bientôt dans le repos. Ils furent soumis en 480 par les Visigoths : la victoire de Clovis à Vouillé les délivra de cette domination, mais pour les faire passer sous celle des Francs. A la mort de Clovis, la Touraine échut à Clodomir, roi d'Orléans (511); après lui, elle fut possédée successivement par Clotaire, roi de Soissons, Caribert, roi de Paris, Sigebert, roi d'Austrasie, et enfin par Dagobert I (622); depuis, elle resta toujours attachée à la Neustrie, dont elle formait un des comtés les plus importants. En 800, Charlemagne la comprit dans le royaume d'Aquitaine donné à Louis le Débonnaire ; mais il l'en détacha en 806, au partage de Thionville. En 941, Thibaut le Tricheur, déjà comte de Chartres et de Blois, devint maître du comté de Tours, et s'y rendit indépendant. Il eut pour successeurs ses fils et petits-fils Eudes I, Thibaut II, et Eudes II, 978-1004. Ce dernier devint comte de Champagne et de Brie à la mort d'Étienne I, qui possédait ce double comté, et l'histoire du comté de Tours se confondit dès lors avec celle de ces deux provinces. L'héritier d'Eudes, Thibaut III, perdit en 1045, contre Geoffroy II, dit Martel, comte et duc d'Anjou, la bataille de Nouy, où il fut fait prisonnier. Geoffroy se fit céder la Touraine comme rançon de Thibaut ; par suite, elle passa aux mains des Anglais quand les Plantagenets, ducs d'Anjou, montèrent sur le trône d'Angleterre. Philippe-Auguste la confisqua en 1203. Le roi Jean l'érigea en duché-pairie en 1360, en faveur de son fils Philippe, depuis duc de Bourgogne. Elle a plus tard été donnée plusieurs fois en apanage ; mais après la mort de François, duc d'Alençon, frère de Henri III (1584), elle a été définitivement réunie à la couronne. Dès 1545, François I avait érigé la Touraine en grand-gouvernement. On doit à l'abbé Bourassé un livre splendide intitulé : la Touraine, son histoire et ses monuments, Tours, 1855, in-fol.

TOURAN (le), nom donné vaguement par les anciens Mèdes à tous les pays situés au N. E. du leur et à l'E. de la mer Caspienne : c'est à peu près le Turkestan indépendant. On crut pouvoir étendre ce nom même jusqu'à la Sibérie, et on lui donnait alors pour capitale la ville de Sibir. Le Zend-Avesta fait souvent mention du Touran et l'oppose au pays du S. ou Iran (Perse). L'Iran est fertile et est la demeure d'Oromaze et des bons génies ; le Touran est aride, et forme le séjour d'Ahriman.

TOURANE ou TOURON, en chinois Han ou Koua-han, v. de l'empire annamitique (Cochinchine), sur la côte orientale et sur une baie superbe, à 100 kil. S. E. de Hué. Beau port, fortifié par les Français à la fin du dernier siècle. Ville jadis importante, et ch.-l. de la province de Cham. Cédée à la France en 1787, elle n'a jamais été occupée par elle. Prise en 1858 par l'amiral Rigault de Genouilly, elle a été abandonnée en 1860.

TOURCOING ou TURCOING, ch.-l. de c. (Nord), à 12 kil. N. E. de Lille et à 2 k. de Roubaix, près de la frontière de Belgique ; 33 498 hab. Chambre de commerce, conseil de prud'hommes, collége. Hôtel de ville, hospice, chemin de fer. Filatures de coton et de laine ; camelot, satins, molletons, étoffes printanières, linge de table ; teintureries, tanneries, savonneries, raffineries de sucre, distilleries. Déjà importante par son commerce et son industrie au XIIe s., cette ville fut arrêtée dans son développement par plusieurs incendies, en 1477, 1607 et 1711 ; mais elle a depuis le commencement de ce siècle repris un rapide essor. Son Hist. a été écrite par Roussel-Defontaine, 1855.

TOURKMANTCHAI, vge de l'Arménie persane, près de Tauris. Il y fut conclu le 23 févr. 1828 un célèbre traité entre les Perses et les Russes : la Russie obtenait les provinces d'Érivan et de Naktchivan ; la succession du roi de Perse Feth-Ali-Chah était assurée à son fils Abbas-Mirza.

TOURLAVILLE, Toriallum, bourg du dép. de la Manche, à 5 kil. E. de Cherbourg ; 5824 hab. Anc. manufact. de glaces, établie par Colbert en 1665.

TOURLET (René), né en 1756 à Amboise, mort en 1836, fut reçu médecin à Montpellier, vint en 1799 se fixer à Paris, y obtint un emploi aux Archives, et concourut à la rédaction des Annales littéraires, du Magasin encyclopédique, et surtout du Moniteur (pour la partie scientifique). On lui doit des traductions de Quintus de Smyrne (sous le titre de la Guerre de Troie, 1800) ; de Pindare (1818) ; de Julien (1821), traductions qui, bien que surpassées depuis, ont rendu service en leur temps.

TOURMALET (le), un des passages des Pyrénées, près de Barèges, est situé a 2177m de hauteur.

TOURMENTES (Cap des). V. BONNE-ESPÉRANCE.

TOURNAN, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 26 k. N. E. de Melun ; 1871 hab. Beaux châteaux de Combreux et d'Armainvilliers. Bestiaux, farines.

TOURNAY, Turnacum ou Turris Nerviorum, v. forte de Belgique (Hainaut), ch.-l. d'arr., sur l'Escaut, à 80 kil. S. O. de Bruxelles et à 49 k. N. O. de Mons ; 32 000 hab. Évêché (fondé en 484), trib. de 1re inst. et de commerce, séminaire, bibliothèque. Citadelle, cathédrale gothique, en pierre bleue, beffroi et quelques autres édifices, Beaux quais, belles promenades. Académie de dessin, sculpture et architecture, athénée, etc. Soieries, lainages, bonneteries, faïence, dite de Tournay, porcelaine, bronzes dorés, camelots, draps, cotonnades, futaines ; manuf. royale de tapis. — Cette ville, une des plus anciennes et des plus importantes de la Gaule Belgique au temps de César, était la capit. des Nerviens. Très-florissante au IIIe s. de l'empire, elle fut ravagée au commencement du Ve par les Vandales et les Alains ; elle tomba en 438 au pouvoir de Clodion, chef des Francs, et fut la capitale de Mérovée et de ses successeurs jusqu'à Clovis : c'est dans cette ville que mourut Childéric, successeur de Mérovée : son tombeau y a été retrouvé en 1653. Les Normands la dévastèrent en 882. Comprise par Charles le Chauve dans le comté de Flandre, Tournay cessa alors de faire partie de la France ; mais elle fut de nouveau réunie à la couronne par Philippe le Bel, qui la fortifia. Occupée en 1513 par Henri VIII d'Angleterre, elle fut rachetée en 1518 par François I, à qui elle fut enlevée en 1521 par le comte d'Egmont, général de Charles-Quint. Louis XIV la reprit en 1667. Incorporée cette fois encore à la France, elle lui fut ravie de nouveau en 1709 par le prince Eugène et Marlborough. Les Français la reprirent en 1745, en 1792 et en 1794. Elle devint à cette dernière époque, et resta jusqu'en 1814, un des ch.-l. d'arr. du dép. de Jemmapes.

TOURNAY, ch.-l. de c. (Hautes-Pyrénées), sur l'Arros, à 18 kil. S. E. de Tarbes ; 1340 hab.

TOURNEFORT (Jos. PITTON de), célèbre botaniste, né à Aix en 1656, m. en 1708, quitta le séminaire pour l'école de médecine de Montpellier, parcourut