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TRENTE ANS (Guerre de). On appelle ainsi la lutte des princes réformés de l’Allemagne contre l’Empereur et les princes catholiques, lutte qui dura 30 ans, de 1618 à 1648, et qui finit par assurer aux Réformés la liberté de conscience. Cette guerre, qui eut pour principale cause la révocation par l’emp. Ferdinand II des Lettres de Majesté qui consacraient les libertés de la Bohême, se divise en 4 périodes : la 1re période palatine (1619-23), comprend la lutte de Frédéric V, électeur palatin et prince calviniste, contre Ferdinand II, dont il était le compétiteur en Bohême. La défaite des Protestants à la Montagne-Blanche près de Prague (1620) anéantit les espérances de Frédéric. — La 2e période danoise (1625-29), est marquée par l’intervention de Christian IV, roi de Danemark, dans les affaires d’Allemagne : les victoires des généraux de l’empereur (de Wallenstein à Dessau, de Tilly à Lutter), obligèrent le roi de Danemark à signer une paix humiliante à Lubeck. — La 3e, période suédoise (1630-35), est signalée par les conquêtes rapides du roi de Suède Gustave-Adolphe : ce prince bat les impériaux à Leipsick, 1631, puis sur le Lech, et enfin à Lutzen (1632) ; mais il est tué à cette dernière bataille, et, après sa mort, les Protestants sont défaits à Nordingue, 1634, et forcés d’accepter le traité de Prague, 1635. — Dans la 4e période, période française (1635-48), l’intervention de la France, qui, dirigée par le cardinal de Richelieu, secourut les Protestants pour abaisser la maison d’Autriche, et les victoires de Bernard de Weimar, de Condé et de Turenne, décidèrent enfin l’empereur Ferdinand III à signer le traité de Westphalie (1648) ; ce traité mit fin à la guerre et fixa l’état politique et religieux de l’Europe. Schiller a donné une célèbre Histoire de la guerre de Trente ans, Richter en a publié une nouvelle en 1856.

TRENTE TYRANS (les), se dit des trente magistrats que Lysandre et les Lacédémoniens imposèrent aux Athéniens après la guerre du Péloponèse et la prise d’Athènes, 404 av. J.-C. Ils étaient pour la plupart Lacédémoniens ; cependant on y comptait quelques Athéniens (Critias, Théramène, etc.) ; ils furent chassés 8 mois après par Thrasybule.

On nomme aussi Trente Tyrans les nombreux usurpateurs qui parurent sous Valérien, Gallien, Claude, Aurélien, de 253 à 270 : tels furent Auréole, Quiétus, Macrien, Baliste, les 2 Posthumius, Tétricus, Hérennien, Trébellien, Zénobie, etc. Malgré le nom qui leur est donné, on n’en connaît que 17.

TRENTON, v. des États-Unis, ch.-l. de l’État de New-Jersey, sur la r. g. de la Delaware, à 45 kil. N. E. de Philadelphie ; 8000 hab. Chemin de fer, hôtel du gouvernement, collége ; 2 banques, académie. Fondée en 1680, capit. de l’État depuis 1790. En 1776 Washington y prit une partie de l’armée anglaise.

TRENTSIN, Singone, v. de Hongrie, ch.-l. de comitat, sur la r. g. de la Waag, à 105 kil. N. E. de Presbourg ; 3000 hab. Collége piariste ; brasseries renommées. — Le comitat, dans le cercle en deçà du Danube, entre les comitats d’Arva, de Thurocs, de Neitra, et la Moravie, a 130 kil. sur 45, et 300 000 h. Sources thermales et acidules.

TRÉPASSÉS (Fête des). V. MORTS (Fête des).

TRÉPIED, siège à trois pieds, sur lequel s’asseyaient les sibylles, les pythies et les prêtres païens pour rendre des oracles. Le plus fameux était celui de Delphes, recouvert de la peau du serpent Python.

TRÉPORT (LE), Ulterior portus, v. et port du dép. de la Seine-Inf., sur la Manche, à l’embouch. de la Bresle, à 28 kil. N. E. de Dieppe ; 3698 hab. Port obstrué ; réparé depuis peu ; bains de mer. Fabriques de dentelles ; pêche de hareng, entrepôt de sels. Un peu de commerce. — Ville jadis importante, mais que les incursions des Anglais et les guerres religieuses ont fait déchoir.

TRÉSORIER DE FRANCE, office de l’anc. monarchie française. V. notre Dict. univ. des Sciences.

TRESSAN (Élisabeth DE LAVERGNE, comte de), militaire et littérateur, né au Mans en 1705, m. en 1783, se distingua à l’armée de Flandre (1741), gouverna la Lorraine française, et fut appelé par le roi Stanislas à la cour de Lunéville avec le titre de grand maréchal. Il fut de l’académie de Nancy, puis de l’Académie française et de l’Acad. des sciences. Il avait découvert à Rome, dans la bibliothèque du Vatican, une collection complète de nos romans de chevalerie en langue romane ; il en composa des extraits pour la Bibliothèque des romans. Il a aussi traduit le Roland furieux de l’Arioste, et donné un Essai sur le fluide électrique considéré comme agent universel, Paris, 1783, 2 vol. in-8. Ses Œuvres choisies ont été publ. en 1787-91, 12 vol. in-8, et en 1823, 10 vol. in-8. — L'abbé de Tressan, son fils, 1749-1809, fut grand vicaire de Rouen, émigra, rentra en France après le 18 brumaire et s’occupa de littérature : il était particulièrement lié avec l’abbé Delille. On a de lui la Mythologie comparée avec l’histoire, Londres, 1776, un roman chevaleresque, le Chevalier Robert, 1800, et des traductions de l’anglais.

TRETS, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 23 k. S. E. d’Aix ; 2910 hab. Vins et eau-de-vie ; houille, marbre. C’est dans les plaines de Trets que Marius livra aux Teutons la fameuse bat. dite d’Aix.

TRÊVE DE DIEU ou PAIX DE DIEU, suspension d’armes que l’Église parvint à établir pendant les guerres privées du moyen âge : toute hostilité était interdite pendant les jours consacrés au service divin et pendant des périodes plus étendues comme depuis l’Avent jusqu’à l’Épiphanie, depuis la Quinquagésime jusqu’à la Pentecôte. Les uns font remonter la Trêve de Dieu jusqu’à l’an 988 ; les autres la font établir seulement en 1041. On doit à M. Semichon La Paix et la Trêve de Dieu, 1857. V. PRIVÉES (Guerres).

TREVERI, peuple de la Gaule, d’origine germanique, habitait dans la Belgique 1re, au N. des Mediomatrices ; ch.-l. Augusta Treverorum (auj. Trêves).

TRÈVES, Treveri, Augusta Treverorum, v. de la Prusse Rhénane, ch.-l. de régence, sur la r. dr. de la Moselle, à 378 kil. N. E. de Paris et à 670 k. S. O. de Berlin ; 17 600 hab., dont env. 2000 protestants. Évêché catholique, suffragant de Cologne, gymnase, séminaire, bibliothèque, musée, cathédr. qui possède, dit-on, la robe de J.-C., ancien palais de l’électeur ; antiquités romaines : ruines d’un palais de Constantin, amphithéâtre, thermes ; porte noire. Société des Recherches utiles. Draps, bas, sucre de betterave, tanneries, fonderies. Commerce de vin et bois. — Trèves était sous les Romains la capit. de la Belgique 1re ; aux IVe et Ve s., elle le fut de la province de Gaule et de tout le diocèse des Gaules. Plusieurs empereurs y firent leur résidence. Trèves avait alors une fabrique d’armes, un arsenal, un hôtel des monnaies, une école célèbre, et passait pour la Rome des Gaules. Saccagée cinq fois par les Barbares depuis la mort de Valentinien I, elle passa ensuite aux Francs et fit partie de l’Austrasie, de l’empire de Lothaire I, du roy. de Lotharingie de Lothaire II, et fut comprise en 870 dans le royaume de Germanie. Assujétie dès le Xe s. à ses archevêques, elle tenta plusieurs fois (notamment en 1580), mais sans succès, de se soustraire à leur joug. On avait établi à Trèves en 1472 une université, qui n’eut jamais une grande vogue : elle fut supprimée en 1798. Cette ville a été souvent prise et occupée par les Français, en 1681, 1703, 1705, 1734, et enfin en 1794, époque à laquelle elle fut réunie à la France et devint le ch.-l. du dép. de la Sarre. En 1815, elle fut donnée à la Prusse. — La régence de Trêves a pour bornes au S. O. la France, à l’O. le grand-duché de Luxembourg, au N. E. la régence de Coblentz ; elle a 140 kil. sur 60, et compte env. 480 000 hab.

TRÈVES (Électorat de). L’Église de Trêves passe pour la plus ancienne de l’Allemagne : des traditions en font remonter la fondation aux premiers disciples des Apôtres, mais le premier monument authentique de son existence ne date que de 314. On ne sait quand l’évêché devint archevêché, mais il l’était déjà