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TRIBUNAT, à Rome. V. TRIBUNS.

TRIBUNAT, en France, assemblée établie par la constitution de l'an VIII (1799) pour discuter les projets de lois présentés par le gouvernement. Après en avoir délibéré, il nommait des orateurs pour discuter la loi contradictoirement avec les orateurs du gouvernement devant le Corps législatif, qui seul avait mission de voter. Le Tribunat entra en fonctions en 1801. Composé originairement de 100 membres, qui étaient électifs et âgés de 25 ans au moins, il fut réduit à 50 membres en 1802, et entièrement supprimé en 1807 pour avoir fait quelque opposition. Ce corps avait cependant voté dès son début le consulat à vie, et avait été le 1er à proposer l'établissement de l'Empire héréditaire. Il siégeait au Palais-Royal. Les tribuns recevaient d'abord un traitement de 15 000 fr., qui fut réduit depuis à 18 fr. par jour.

TRIBUNS DU PEUPLE, Tribuni plebis, magistrats plébéiens de Rome, chargés de défendre les intérêts du peuple contre les patriciens, furent institués l'an 493 av. J.-C., après la retraite du peuple sur le mont Sacré. Ils n'eurent d'abord que le privilège de l'inviolabilité et le droit de mettre leur veto à tout acte qui leur semblait inique ou funeste ; mais, par la suite, ils étendirent considérablement leurs attributions, convoquèrent à volonté le sénat et les assemblées par tribus et y firent rendre des lois dites plébiscites, qui, en 448 avant J.-C., devinrent obligatoires pour les patriciens. À la faveur de cette extension de pouvoir, ils arrachèrent successivement à l'aristocratie les mariages mixtes et l'accession des plébéiens à toutes les charges. Souvent ils excitèrent de terribles commotions, surtout en proposant des lois agraires (V. ICILIUS, CANULÉIUS, les deux GRACQUES, SATURNINUS, etc.). Ils furent tout-puissants sous Marius, mais Sylla ruina leur pouvoir en leur interdisant la faculté législative et le droit de haranguer le peuple. Pompée leur rendit une portion de leur autorité, 70 av. J.-C. Enfin, Octave, maître de la république, prit pour lui la puissance tribunitienne, qui rendait sa personne inviolable ; depuis, cette puissance resta confondue avec le pouvoir impérial. Le nombre des tribuns varia : il n'y en eut d'abord que 2 ; on porta ensuite leur nombre à 10 (296 av. J.-C.). Originairement, leurs décisions devaient être prises à l'unanimité ; dans la suite, la simple majorité suffit ; enfin l'opposition d'un seul suffit pour tout arrêter. — En 1347, Rienzi, qui venait de rétablir la république à Rome, prit le titre de tribun de Rome.

TRIBUNS MILITAIRES, Tribuni militum consulari potestate, magistrats institués à Rome à diverses époques, en place des consuls, avaient les mêmes attributions que ceux-ci, mais étaient plus nombreux et un peu moins considérés. En droit, les plébéiens pouvaient avoir ce titre, mais le plus souvent des patriciens furent seuls élus. Cette institution, qui date de l'an 444 av. J.-C., fut amenée par une proposition du tribun du peuple Canuléius, qui voulait le partage du consulat entre les deux ordres : le sénat éluda la demande en substituant au consulat le tribunat militaire, qui fut partagé. La période des tribuns militaires est en tout de 78 ans ; mais, dans cet espace, le consulat fut plusieurs fois rétabli, de sorte qu'il n'y eut réellement que 49 années à tribuns militaires. Le consulat ayant été enfin accordé aux plébéiens (366), le tribunat militaire fut abandonné pour toujours. Il y eut d'abord 3 de ces tribuns, quelquefois on en nomma 8 ; le nombre ordinaire fut de 4 ou de 6.

TRIBUNS DES LÉGIONS, Tribuni legionarii, officiers supérieurs placés immédiatement au-dessous du préfet de la légion, le remplaçaient alternativement dans le commandement. Chaque légion en avait six.

TRIBUNS, en France. V. TRIBUNAT.

TRIBUR ou TRÉBUR, Triburium, bg de la Hesse-Darmstadt, sur la Schwarzach, près de la r. dr. du Rhin, à 22 k. O. N. O. de Darmstadt; 1400 h. Autrefois ville importante, avec un palais des empereurs carlovingiens, dont on voit encore quelques ruines. Il s'y tint diverses diètes, entre autres celle où fut déposé Charles III le Gros, en 887.

TRIBUS, nom donné chez les Hébreux, les Grecs et les Romains à de grandes divisions du peuple.

Les Israélites formaient 12 tribus, dont 10 issues de dix des fils de Jacob et 2 de ses petits-fils : celles-ci tiraient leur nom des 2 fils de Joseph, Ephraïm et Manassé. Les descendants de Lévi, 12e fils de Jacob, n'avaient point de territoire particulier, mais étaient répartis dans toutes les autres tribus.

Les Athéniens eurent originairement 4 tribus dont les noms varièrent, et qui finirent par s'appeler Hoplites (hommes d'armes), Géorgues (laboureurs), Égicores (chevriers), Ergates (artisans); plus tard, il y en eut 10, qui furent nommées Antiochide, Cécropide, Égéide, Éantide, Pandionide, Acamantide, Erechthéide, Léontide, Œnéide et Hippothoontide, Le chef d'une tribu se nommait phylarque.

A Rome, il y eut sous Romulus 3 tribus, les Ramnenses, les Tatienses ou Titienses, les Luceres, que Niebuhr regarde comme 3 petites peuplades. Du règne de Servius à l'an 509 av. J.-C., le nombre des tribus fut porté à 19, suivant l'opinion vulgaire (Niebuhr croit qu'il fut de 30 sous Servius et Tarquin le Superbe); depuis, il s'éleva graduellement jusqu'à 35. Chaque tribu se divisait en 10 curies. On assemblait le peuple par tribus pour voter les plébiscites.

Beaucoup d'autres cités ou nations anciennes (Perses, Spartiates, etc.) ont aussi été divisées en tribus. On trouve encore auj. de ces divisions en Écosse, où elles prennent le nom de clans, dans l'Asie centrale, parmi les Arabes, chez les Kabyles d'Afrique, etc., où chaque tribu forme en quelque sorte un petit État.

TRICALA, Tricca, v. de Turquie (Roumélie), ch.-l. du livah de même nom, sur une montagne, à 85 kil. E. S. E. de Janina ; 12 000 h. (dont 4000 grecs). Mosquées, bains; aux env., nombreux jardins. Teintureries de coton. Cette ville commande l'entrée de la Thessalie et de l'Albanie. — Le livah, entre les pachaliks de Salonique et de Monastir au N., les golfes de Salonique et de Volo à l'E., le royaume de Grèce au S., le pachalik de Janina à l'O., embrasse toute l'anc. Thessalie et une partie de la Macédoine ; ch.-l., Larisse. Céréales, huile, coton, tabac.

TRICAMÉRON, v. d'Afrique (Byzacène), à 32 kil. S. O. de Carthage. Bélisaire y remporta en 534 une victoire décisive sur Gélimer, roi des Vandales.

TRICASSES, peuple de la Gaule, dans la Lyonnaise 4e, au N. des Lingones, à l'E. des Senones, avait pour ch.-l. Tricasses ou Augustobona (Troyes).

TRICASTINI, peuple de la Gaule Narbonaise, entre les Allobroges au N. et les Segalauni au S., avait pour capit. Augusta Tricastinorum (Aoust-en-Diois).

TRICOT (Laurent), maître de pension à Paris, 1720-78, est auteur d'une Nouvelle Méthode, 1754, et d'un Rudiment, 1756, ouvrages élémentaires qui ont été longtemps classiques pour l'enseignement du latin. Ils avaient le mérite d'être écrits en français, tandis que les livres de ce genre avaient été jusque là rédigés en latin.

TRICOTEUSES (les), femmes qui assistaient en tricotant aux séances de la Convention, des clubs populaires et du tribunal révolutionnaire. Encouragées par la Commune, elles se portèrent à de tels excès qu'on les surnomma les Furies de la guillotine. Elles disparurent avec la société des Jacobins.

TRIDENT, tridens, sceptre à trois pointes qu'on donnait à Neptune comme marque de son pouvoir. Le dieu s'en servait pour agiter ou calmer les flots, pour briser les rochers et en faire jaillir des sources.

TRIDENTUM, v. de Rhétie, sur l'Adige. V. TRENTE.

TRIE, ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), sur la Baïse, à 30 kil. N. E. de Tarbes; 1680 hab. Canal. Grains.

TRIEL, bg de Seine-et-Oise, sur la r. dr. de la Seine, à 6 kil. N. O. de Poissy; 2153 hab. Station du chemin de fer de Paris à Rouen. Bons fruits (surtout abricots); pierres à plâtre, grès, moellons. On y voyait jadis un beau château de la princesse de Conti.