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fît rien pour lui ; il fut enfermé à Vincennes, puis au château de Nantes, mais il s’évada et se réfugia successivement en Espagne, à Rome et à Bruxelles. Il ne put rentrer en France qu’après s’être démis de son archevêché : on lui donna en échange l’abbaye de St-Denis (1664). Renonçant dès lors à la politique, il offrit l’exemple d’une vie régulière, paya ses dettes, qui montaient à 1 100 000 écus (plus de 4 millions de notre monnaie), et vécut tantôt à St-Mihiel, tantôt à Commercy, où il rédigea ses Mémoires, tantôt à St-Denis, où il finit ses jours. Éloquent, libéral, actif, ambitieux, le cardinal de Retz était né pour être chef de parti ; cependant, il ne paraît pas avoir eu de grandes vues ni de but bien déterminé, et il semble n’avoir aimé l’intrigue que pour l’intrigue même. Ses Mémoires (imprimés pour la 1re fois en 1717, reproduits dans les collect. de Mém. sur l’hist. de France, et réédités en 1837, d’après le Ms. original, par Aimé Champollion), sont aussi remarquables par le style qu’intéressants par le fond : au jugement de Voltaire, ils sont écrits avec une grandeur, une impétuosité de style et une inégalité, qui sont l’image de la conduite de l’auteur. On a encore du cardinal de Retz une histoire de la Conjuration de Fiesque, qu’il avait écrite à 17 ans. Lezay de Marnésia a donné ses Pensées choisies. Musset-Pathay a publié des Recherches historiques sur le cardinal de Retz, 1807.

REUCHLIN (J.), philologue, né à Pforzheim en 1455, mort en 1522, savait à fond le grec et l’hébreu. Il visita l’Allemagne, la Hollande, la France, l’Italie, se fixa à Stuttgardt, fut employé par le duc de Souabe, Éberhard I, à diverses négociations, et obtint pour ce seigneur les titres de comte palatin et de triumvir de la ligue de Souabe ; mais, ayant eu des démêlés avec des théologiens, qui l’accusaient de favoriser le Judaïsme, il quitta Stuttgard (1506), et se rendit à Tubingue, où il se réduisit à professer le grec et l’hébreu. Il est un des premiers qui aient fait représenter des pièces de théâtre dans les colléges ; il les composait lui-même. Ses principaux ouvrages sont : Rudimenta hebraïca, Pforzheim, 1506 ; Lexicon hebraïcum, 1512 ; une édition (hébraïque) des sept psaumes pénitentiaux, avec trad. latine ; une traduction latine des poésies hébraïques de Jos. Hyssopœus, 1514. Grand partisan de la cabale, il a écrit en ce genre : De verbo mirifico, Bâle, 1494 ; De arte cabbalistica, Haguenau, 1517. Il prenait le nom de Capnion, mot dont la signification répond à celle du nom allemand Ræuchlin, diminutif de Rauch, fumée.

RÉUNION (Édit de), paix que Henri III signa à Rouen le 21 juillet 1588, avec les Parisiens, à la suite de la journée des Barricades.

RÉUNION (Ordre de la), ordre civil et militaire créé par Napoléon I en Hollande en 1811. On le donnait de préférence aux habitants des départements nouvellement réunis à la France. L’insigne était une étoile d’argent à 12 branches, sur un soleil d’or, surmontée d’une couronne royale, et suspendue à un ruban uni bleu de ciel. Cet ordre fut aboli en 1815.

RÉUNION (Chambres de). V. CHAMBRE.

RÉUNION (île de la), ci-devant île Bourbon, île d’Afrique, dans l’Océan Indien, à 140 kil. S. O. de Maurice, et à 560 k. S. E. de Madagascar, entre 52° 56'-53° 34' long. E., et 20° 50'-21° 23' lat. S. ; 77 k. sur 53 ; 200 000 hab. (dont un 6e seulement de population blanche) ; ch.-l., St-Denis. L’île forme un gouvt colonial, et est divisée en 2 arrondissements, l’arr. du Vent et l’arr. sous le Vent. Il y a une cour impériale, 2 tribunaux de 1re intance, un évêché et un lycée à St-Denis. Sol volcanique. Il existe dans la partie centrale deux plateaux : le 1er, dit Plaine des Palmistes, élevé de 1100m au-dessus de la mer, offre une surface de 500 hect. d’un terrain fertile, mais non cultivé ; le 2e, dit Plaine des Cafres, élevé de 1600m, offre 4000 hectares de pâtures naturelles. Le Gros-Morne, au N., est un volcan éteint ; le Piton de Fournaise, au S., est en activité. Climat sain, bien que les chaleurs soient très-fortes ; l’île est souvent dévastée par de terribles ouragans. Il n’y a point de ports, mais seulement quelques rades ; cours d’eau nombreux, mais torrentiels. Grande récolte de sucre, de café (très-estimé), de cacao, mais, manioc, dattes, patates, muscade, girofle, cannelle, tabac. — Cette île fut découverte en 1545 par le Portugais Mascarenhas et fut de son nom appelée Mascareigne. Les Français l’occupèrent en 1642, et lui donnèrent le nom d’Ile Bourbon. En 1777, quelques plants de café y furent apportés de Moka. Les Anglais s’emparèrent de l’île en 1810 et ne la restituèrent qu’en 1815. De 1827 à 1854, il y a été tracé une route de ceinture, de 232 kil. — À la Révolution, le nom d’Ile Bourbon avait été changé en celui d’Ile de la Réunion. Le 1er nom fut rétabli en 1814 et le 2e en 1848.

REUS, v. d’Espagne (Barcelone), à 9 kil. de la Méditerranée, à 13 kil. O. de Tarragone ; 29 000 h. Port au village de Salon ; chemin de fer. Industrie et commerce actifs ; étoffes de soie et de coton, chapeaux, savon, etc. — L’importance de cette ville date de la dernière moitié du XVIIIe s. Elle a été érigée en comté pour le général Prim (1843).

REUSS (la), riv. de Suisse, formée de trois bras qui se réunissent à Andermatt (Uri), arrose les cantons d’Uri, de Lucerne, d’Argovie, forme le lac des Quatre-Cantons, reçoit l’Emm et tombe dans l’Aar à Windisch ; cours, 100 k. Elle forme plusieurs cascades.

REUSS (Principautés de), États de l’Empire allemand (au Nord), dits : Reuss-Greiz et R.-Schleiz-Lobenstein-Ebersdorf ; ils ont pour bornes la Saxe-Meiningen, la Saxe-Altenbourg, la Saxe-Weimar, le Voigtland (qui est au royaume de Saxe), et le cercle bavarois du Haut-Mein, et contiennent environ 1500 kil. carrés. Le pays est arrosé par l’Elster et la Saale. Montagnes, beaucoup de mines. — La principauté de Reuss-Schleiz contient les trois quarts du territoire et compte 98 000 hab. ; elle appartient à la ligne cadette ou ligne de Schleiz. La ligne aînée ou de Greiz ne possède en propre que Greiz (avec 36 000 hab.) ; la seigneurie de Géra est en commun. Capitales, Schleiz, Greiz, Géra. Les deux principautés ont un gouvernement constitutionnel ; les affaires communes sont délibérées en assemblées d’État ; elles ressortissent en appel à la cour d’Iéna. Elles ont chacune une voix au Conseil fédéral. — La maison princière de Reuss dérive d’Ekbert, comte d’Osterode au Xe s., et d’Henri, son fils, que l’empereur Henri IV nomma l’un de ses avoyers en Saxe. La race de ce dernier se divisa en deux lignes, dont une, l’aînée, s’éteignit en 1572 ; la cadette, dite ligne de Plauen, dont la tige est Henri le Jeune, se partagea en trois branches, qui elles-mêmes devinrent lignes en 1572, et dont la dernière, celle de Géra, s’est éteinte en 1802. Toute la maison de Reuss reçut de l’empereur Sigismond la dignité princière en 1426. Tous les princes de cette maison portent le nom de Henri. Le prince régnant actuel est le LXVIIe.

REUTLINGEN, v. du Wurtemberg, ch.-l. de cercle, à 50 kil. S. de Stuttgard ; 15 000 hab. Cathédrale remarquable. Fabriques de draps fins, bonneterie, dentelles, broderies. Bains sulfureux. Patrie de l’imprimeur Séb. Gryphius. — Jadis villa impériale. Assiégée vainement en 1247 par Henri, landgrave de Thuringe, et en 1377 par Ulrich de Wurtemberg.

RÉVEILLÉ-PARISE (J. H.), médecin littérateur, né en 1782 à Nevers, m. en 1852, entra au service en 1802, y resta jusqu’en 1815, et se fit recevoir docteur après la paix. On a de lui : Hygiène oculaire, 1816 ; Physiologie et hygiène des hommes livrés aux travaux de l’esprit, 1834, Guide pratique des goutteux et des rhumalisans, 1837 ; Étude de l’homme dans l’état de santé et l’état de maladie, 1844 ; Traité hygiénique, médical et philosophique de la Vieillesse. 1852. On lui doit une édition des Lettres de Guy Patin.