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l’E., celle de la Concorde à l’O., la rue de Rivoli au N., et le quai des Tuileries au S. Il se compose de 3 grands pavillons : le pavillon de Marsan au N., celui de Flore au S. et celui de l’Horloge au centre. Il est joint au Louvre par un magnifique palais, construit sous Napoléon III de 1851 à 1856. — Le terrain des Tuileries fut acquis en 1518 par François I ; le palais fut commencé en 1564 par ordre de Catherine de Médicis, sur les plans de Philibert Delorme, et continué après lui par Jean Bullant et Le Vau (sous Louis XIV). Napoléon I, le roi Louis-Philippe et surtout Napoléon III y ont exécuté d’importantes restaurations. Le jardin, commencé en 1600, sous Henri IV, fut achevé sous Louis XIV par Le Nôtre. Les Tuileries n’ont guère été la résidence des souverains que depuis Louis XV. Pendant la République, les séances de la Convention, puis celles du Conseil des Anciens se tenaient aux Tuileries. Le 1er consul y fixa sa résidence dès 1800, et depuis ce palais a toujours été occupé par le souverain. Il a été envahi par le peuple de Paris insurgé le 10 août 1792, le 28 juillet 1830 et le 24 février 1848, et incendié le 24 mai 1871 par les derniers défenseurs de la Commune.

TULA, riv. du Mexique, naît dans le N. de l’État de Mexico, parcourt celui de Queretaro, sépare les États de San-Luis-de-Potosi et de Vera-Cruz, et se jette dans le golfe du Mexique à Tampico, par 28° 20' lat. N., sous le nom de Panuco ; cours, 450 kil. — Sur ses bords, près de sa source, dans l’État de Mexico, est une ville de Tula, anc. capitale des Toltèques, qui a donné son nom à des comtes espagnols issus de Montézuma.

TULANCINGO, bg de Mexique (Mexico), à 90 kil. N. E. de Mexico. Titre d’évêché. Beau couvent de Franciscains.

TULLAMORE, v. d’Irlande (Leinster), capit. du comté du Roi, sur le Grand-Canal, au centre du marais d’Allen, à 110 kil. O. S. O. de Dublin ; 6500 h. Ce n’était qu’un petit village en 1790.

TULLE, Tutela, ch.-l. du dép. de la Corrèze, sur la r. dr. de la Corrèze, à 472 k. S. de Paris ; 12 410 h. Évêché (dont Mascaron fut titulaire) ; trib. de 1re inst. et de commerce ; collége, école normale. Assez belle cathédrale de St-Martin, surmontée d’une flèche très-hardie, hôtel de préfecture, palais de justice. Manufacture impériale d’armes à feu, papier, cartes à jouer, clous, bougie, chandelle, lainages communs, dentelles renommées, connues sous le nom de tulles. Patrie d’Ét. Baluze. — Tulle paraît devoir son origine à un monastère de St-Benoît, fondé au VIIe s. Elle s’agrandit et devint la capit. du Bas-Limousin. Prise par les Anglais en 1346 et 1369.

TULLIE, Tullia, fille du roi Servius Tullius, et femme d’Aruns. Cette femme dénaturée fit périr son mari pour épouser Tarquin, fut l’âme du complot que trama celui-ci contre Servius, et fit passer son char sur le corps sanglant de son père (534).

TULLIE, fille de Cicéron (Tullius) et de Terentia, née en 77 av. J.-C., fut mariée plusieurs fois, épousa en dernier lieu Dolabella, et mourut probablement en couches, à 32 ans (46 av. J.-C.). Son père fut profondément affligé de sa mort : c’est pour se distraire de sa douleur qu’il composa le Traité de la Consolation, qui ne nous est pas parvenu. Cicéron la désignait affectueusement par le diminutif de Tulliola.

TULLINS, ch.-l. de c. (Isère), à 22 kil. N. E. de St-Marcellin ; 4566 hab. Chanvre, eau de cerises, usines à acier et cuivre.

TULLIUS, nom de la famille de Cicéron ; cet orateur est souvent désigné par ce seul nom.

TULLIUS (SERVIUS), roi de Rome. V. SERVIUS.

TULLUS HOSTILIUS, 3e roi de Rome (671-639 av. J.-C.), fit contre Albe deux guerres qui furent signalées, la 1re par le combat des Horaces et des Curiaces, la 2e par la destruction d’Albe, après la trahison de Métius Suffétius ; soumit aussi les Fidénates et les Véiens, défit les Sabins et porta le nombre des chevaliers de 300 à 900. Il mourut frappé de la foudre après avoir, prétendit-on, omis quelque formalité dans un sacrifice qu’il offrait à Jupiter.

TULLUS (ACTIUS), prince des Volsques, ennemi des Romains, donna asile à Coriolan exilé (489 av. J.-C.).

TUNES ou TUNESIUM, auj. Tunis, v. d’Afrique, dans la Zeugitane, près de Carthage, dont elle était sujette, devint florissante après la ruine de Carthage. Régulus y fut défait par Xantippe (256 av. J.-C.).

TUNIQUE. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

TUNIS, Tunes chez les anciens, v. d’Afrique, capit de l’État de Tunis, sur la Méditerranée, au fond de la vaste lagune de Boghaz, à 620 kil. E. d’Alger, par 8o  long. E., 36° 44' lat. N. ; env. 120 000 hab. (dont 30 000 Juifs et 15 000 chrétiens). Citadelle, plusieurs forts ; bon port, dit la Goulette. La ville, laide et sale, a des rues tortueuses et non pavées. Les seuls monuments sont le beau palais mauresque du dey, l’aqueduc, la bourse. Velours, soieries, toiles, calottes rouges renommées, dites bonnets tunisiens. Commerce très actif. — Tunis est tout près de l’emplacement de Carthage. Du temps de cette célèbre cité, ce n’était qu’un hameau : son importance date de la destruction de celle-ci par les Arabes. Les Normands s’en emparèrent, mais Abd-el-Moumen les en chassa (1159). Tunis fut le but de la dernière croisade : c’est au siége de cette place que S. Louis mourut de la peste, en 1270 (en 1841 ; la France a élevé une chapelle au saint roi près de l’endroit où il mourut). Charles-Quint prit en 1535 le port de la Goulette, défendu par Barberousse ; mais, sous Philippe II (1574), Occhiali le reprit aux Espagnols.

TUNIS (Régence de), le moins vaste, mais le plus peuplé des États barbaresques, entre l’Algérie à l’O. et l’État de Tripoli à l’E., a 580 kil. (du N. au S.) sur 290, et env. 2 500 000 hab. ; capit., Tunis. Très-peu de montagnes. Rivières : la Medjerda, plus quelques faibles cours d’eau ; quatre lacs, entre autres celui de Loudéah ou des Marques, et celui de Tunis, à l’E. de la ville. Climat chaud ; sol extrêmement fertile : il produit tous les fruits de l’Europe méridionale et partie de ceux des régions équinoxiales ; les dattes de Tunis passent pour les meilleures de l’Afrique. Mines d’argent, cuivre, plomb, mercure, beaucoup de sel, eaux minérales et thermales. Très-beaux chevaux barbes, chameaux très-sobres, pigeons énormes. Population très-mêlée (Maures, Turcs, Koulouglis, Juifs, chrétiens et renégats). Industrie assez active, mais qui se borne à quelques articles (savon, lainages, maroquins, châles carrés, calottes rouges. Grand commerce, surtout avec l’intérieur de l’Afrique ; le bey en a presque exclusivement le monopole et l’afferme à une compagnie de Juifs. Le gouvernement est monarchique et électif ; il est exercé par un bey élu par l’armée, mais qui reçoit l’investiture du sultan. — Le pays de Tunis répond au territoire de Carthage. Sous les Romains, il formait les deux prov. d’Afrique propre et de Byzacène. Il fit ensuite partie du roy. des Vandales, de l’empire d’Orient sous Justinien et ses successeurs, du vaste empire des califes (VIIe s.), de l’État des Aglabites de Kairouan (800), des Fatimites (909), puis des Zéirites (972), et des Almohades (1160). En 1206, les Hafsites y fondèrent une souveraineté indépendante, qui dura plusieurs siècles. En 1534, Barberousse prit Tunis au nom des Turcs, mais dès l’année suiv. le prince détrôné fut restauré par Charles-Quint. En 1573, les Espagnols furent chassés, et le Turc Sinan pacha soumit ce pays à l’autorité du Grand Seigneur. Après un siècle environ, les janissaires turcs, qui formaient la garde des pachas, s’arrogèrent le droit d’élire un chef, dit Bey, qui se rendit de plus en plus indépendant de la Porte. Ces élections militaires ont causé de fréquentes révolutions. Depuis la prise d’Alger, les beys de Tunis ont vécu en bonne intelligence avec la France et ont établi dans l’administration du pays de notables améliorations : le bey régnant (Méhémed-Sadik) a même donné en 1860 à ses sujets une constitution fort libérale.