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pénétra jusqu'en Italie. La Turquie grandit encore sous Sélim I, qui réduisit en provinces ottomanes la Syrie, la Palestine, l’Égypte (1517), prit la Mecque et acquit Alger (1520). Soliman II y ajouta, en Asie, l'Aldjéziren et partie de l'Arménie, du Kourdistan, de l'Arabie; en Europe, partie de la Hongrie, la Transylvanie, l'Esclavonie, la Moldavie; il enleva Rhodes aux Chevaliers (1522), après un siège mémorable, vint camper devant Vienne (1529), et ajouta à son empire Tunis (1534) et Tripoli (1551): enfin Sélim II enleva Chypre aux Vénitiens (1570); mais l'année suiv. la marine turque était anéantie à la bataille de Lépante (1571) : c'est de cet événement que date la décadence de l'empire ottoman. Cette décadence ne marcha d'abord que lentement : malgré les fréquentes révolutions de palais (surtout de 1618 à 1622), malgré quelques pertes en Hongrie (1595-1608), la Turquie obtint encore d'importants avantages : la guerre de Choczim lui donna quelques districts en Pologne; Ibrahim commença ta guerre de Candie, qui finit par la conquête de cette île sous Mahomet IV (1669); mais à partir de cet instant, la décadence marche rapidement : les trois régences (Alger, Tunis, Tripoli) et même l’Égypte deviennent presque libres de fait; la grande guerre de 1682 à 1699, que termine la paix de Carlowitz, arrache presque toute la Hongrie aux Turcs; le traité de Passarovitz leur enlève Temesvar et partie de la Servie, que toutefois ils recouvrent par la paix de Belgrade (1740). Les Russes, avec lesquels ils sont en lutte depuis 1672, commencent à obtenir la supériorité. Après le guerre de 1770 et 1774, où la Porte figure comme alliée de la Pologne, elle perd la Bukovine et la Petite-Tartarie, qui est reconnue indépendante parle traité de Kutchuk-Kaïnardji. Cette même Tartarie devient province russe en 1783; la guerre de 1790 à 1792 consacre cet état de choses et enlève à la Porte divers cantons du Caucase. De 1809 à 1812, nouvelle guerre et perte des provinces entre le Dniéper et le Danube, assurées à la Russie par la paix de Bucharest; en 1819, perte des îles Ioniennes (qui deviennent libres sous protectorat anglais); de l820 à 1830, perte de la Grèce, définitivement affranchie par la victoire de Navarin (1827); perte de partie de l'Arménie turque, cédée à la Russie en 1829; à la suite d'une nouvelle guerre avec la Russie, la Valachie, la Moldavie, la Servie deviennent, parle traité d'Andrinople (1829), libres sauf tribut, et sont placées sous la garantie russe; en 1830, perte de l'Algérie, conquise par la France; en 1833, le pacha d’Égypte lève ouvertement l'étendard de la révolte, conquiert la Syrie, bat les Turcs à Konieh, et menace Constantinople. La Turquie, réduite alors à se mettre à la merci de la Russie, signe le traité d'Unkiar-Skelessi (1833) qui ouvre le Bosphore aux Russes, en fermant les Dardanelles aux autres puissances. Cependant Méhémet-Ali, poursuivant ses succès, remporte en 1839 la victoire de Nézib et s'empare de Candie; mais l'intervention des puissances européennes arrête sa marche, et même, en l840, la Porte recouvre la Syrie, conquise pour elle par les armes anglaises. Depuis cette époque, la Turquie s'efforçait, à la faveur de la paix, de réparer ses pertes et de se régénérer en s'organisant à l'européenne, lorsqu'en 1853 une nouvelle agression de la Russie vint encore compromettre son existence : elle fut sauvée cette fois par les armes réunies de la France et de l'Angleterre; à la suite de la guerre de Crimée, le traité du 30 mars 1856 assura son indépendance. — On doit à Mouradgea d'Ohsson le Tableau de l'Empire ottoman, ouvrage capital, à M. Lamartine une Hist. abrégée de la Turquie, et à M. Ubicini des Lettres sur la Turquie (1851), qui font bien connaître la statistique et les institutions de ce pays.

Sultans ottomans.
Othman I, 1287 ou 1299 Soliman I, 1436
Orkhan, 1326 Mousa, 1410
Amurat I, 1360 Mahomet I, 1413
Bajazet I, 1389 Amurat II, 1421
Mahomet II, 1451 Soliman III, 1687
Bajazet II, 1481 Ahmed II, 1691
Sélim I, 1512 Mustapha II, 1695
Soliman II, 1520 Ahmed III, 1703
Sélim II, 1566 Mahmoud I, 1730
Amurat III, 1574 Othman III, 1754
Mahomet III, 1595 Mustapha III, 1757
Ahmed I, 1603 Abdoul Hamid, 1774
Mustapha I, 1617 Sélim III, 1789
Othman II, 1618 Mustapha IV, 1807
Mustapha I, 2e f., 1622 Mahmond II, 1808
Amurat IV, 1623 Abdoul Medjid, 1839
Ibrahim, 1640 Abdoul Aziz, 1861
Mahomet IV, 1649


TURRETIN (Alphonse), issu d'une famille de Lucques, qui avait quitté l'Italie pour exercer librement la religion réformée, né à Genève en 1672. m. en 1737. était fils de François T., pasteur et professeur, de théologie à Genève. Après avoir visité la Hollande, la France, l'Angleterre, il se consacra au ministère évangélique, fut nommé en 1697 professeur d'histoire ecclésiastique à Genève, tenta, sans y réussir, de rapprocher les diverses branches de l’Église réformée, et laissa de nombreux écrits, qui ont été rassemblés à Leeuwarden en 1775, 5 vol. in-4. Les plus importants sont : le Pyrrhonismus pontificius, où il prétend réfuter l’Histoire des variations de Bossuet, et Histariæ ecclesiasticæ compendium ad annum 1700, Genève, 1734.

TURRIERS, ch.-l. de c (B.-Alpes), à 36k. N. E. de Sisteron; 618 hab.

TURSELIN (Horace), jésuite, né à Rome en 1545, m. en 1609, professa pendant 20 ans les belles-lettres dans sa ville natale, devint directeur du séminaire de son Ordre, et fut en dernier lieu recteur à Florence et à Lorette. On a de lui un Epitome historiarum a mundo condito ad annum 1598, qui fut condamné au feu par le parlement de Paris en 1761 comme renfermant des doctrines pernicieuses, et un savant traité De particulis latinis, 1598, plusieurs fois réimprimé et augmenté, notamment par Ferd. Hand, Leips., 1829-46, 5 v. in-g.

TURSI, v. de l'Italie mérid. (Basilicate), à. 65 k. S. de Matera; 4600 hab. Évêché (érigé en 1546).

TURYASSU, riv. du Brésil, naît dans le S. O. de la prov. de Maranham, la sépare de celle de Para, et tombe dans l'Atlantique par 1° 30' lat. S., après un cours de 560 kil.

TUSCALOOSA, v. des États-Unis, anc. capit. de l'Alabama, sur le Tuscaloosa (affluent du Tombekbee); 4000 h. Université ouverte en 1831; chemin de fer. Cette ville fut fondée en 1816.

TUSCIE, Tuscia, une des 17 prov. du diocèse d'Italie au IVe s., comprenait l’Étrurie et l'Ombrie, et avait pour ch.-l. Florence. Dans le XIe s. la grande comtesse Mathilde prenait le titre de marquise de Tuscie et Spolète.

TUSCULUM, auj. Frascati, v. du Latium, au S. E., près de Rome, sur le penchant d'une colline, passait pour avoir été fondée par Télégone, fils de Circé et d'Ulysse. Le pays voisin, nommé Tusculanum, offrait des vallées délicieuses et était rempli de maisons de campagne. On y remarquait celles de Lucullus et de Cicéron : c'est là que Cicéron se retira après le triomphe de César et qu'il écrivit ses Tusculanes.

TUY, Tudæ ad Fines, v. forte d'Espagne (Galice), dans la prov. de Pontevedra, près du Minho, à 90 k. S. O. d'Orense; 6000 hab. Évêché. Linge de table, chapeaux communs, tannerie. Ville très-ancienne; reconstruite par Ferdinand II, roi de Léon.

TVARTKO I (Étienne), gouverneur du Banat, neveu et successeur du ban Étienne Cotromanovitch, fut confirmé dans la possession du Banat par Louis I de Hongrie (1357), conquit la principauté da Zentha dans l'Herzégovine (1366), et une partie du littoral servien (1373), se fit couronner en 1376 roi de Bosnie et de Rascie, attaqua la Dalmatie, fit encore quelques conquêtes, grâce aux troubles intérieurs de