Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VALENCIENNES (Achille), naturaliste français, né à Paris en 1794, m. en 1865 ; professa l’anatomie à l’École normale et au Muséum ; fut le collaborateur de Cuvier pour des travaux d’ichthyologie, et devint membre de l’Académie des sciences (1844). On lui doit l’Hist. natur. des poissons (1829-49, 11 vol. in-4 et in-8), l’Hist. natur. des mollusques, annélides et zoophytes (1833, in-8), et de nombreux mémoires insérés dans les recueils savants.

VALENS (Flavius), empereur romain, né vers 328 à Cibalis en Illyrie, était fils du comte d’Afrique Gratien. Il fut associé en 364 à la dignité impériale par son frère aîné Valentinien, qui lui abandonna l’Orient, et fixa sa résidence à Constantinople. Il étouffa la révolte de Procope (366), et obtint divers avantages sur le roi de Perse. Il avait permis aux Goths, poursuivis par les Huns, de s’établir sur les terres de l’empire et leur avait donné asile dans la Basse-Mésie (376) : l’avidité des agents impériaux ayant réduit ce peuple au désespoir, ils prirent les armes et battirent ses généraux aux batailles de Marcianople et d’ad Salices. Valens lui-même fut défait en personne à Andrinople et périt avec toute sa suite, brûlé dans une chaumière, où il s’était réfugié (378). Ce prince était arien : il persécuta cruellement les Catholiques, surtout les évêques. Il fit aussi mettre à mort, sur de faux soupçons, le comte Théodose (père de l’empereur de ce nom).

VALENSOLE, ch.-l. de c. (B.-Alpes), à 50 k. S. E. de Digne ; 3072. h. Chapeaux, amandes.

VALENTIA (Pierre de), jurisconsulte, né à Cordoue en 1554, m. en 1620 à Madrid, historiographe de Philippe III, était fort instruit dans les langues et la philosophie anciennes. On a de lui, sous le titre d’Academica, sive de Judicio erga verum, un bon ouvrage qui contient l’exposé et la discussion des différentes opinions relatives à la certitude et qui sert de commentaire aux Académiques de Cicéron.

VALENTIE, Valentia, prov. du diocèse de Bretagne, au S. de la Calédonie, s’étendait entre la muraille d’Adrien au S. et celle de Septime-Sévère au N., comprenant les comtés actuels de Northumberland, Durham, Cumberland, Westmoreland, et le N. de celui d’York. Elle avait été soumise par les Romains dès le temps d’Antonin et de Sévère ; mais il fallut, sous Valentinien I, que Théodose, père de l’empereur de ce nom, en fît de nouveau la conquête.

VALENTIN (S.), prêtre d’Italie, subit le martyre à Terni près de Rome vers 306. On l’honore le 14 février. — Un autre S. Valentin, évêque de Trêves et martyr, est hon. le 16 juillet.

VALENTIN, hérésiarque du IIe s., mort en 161, était né à Pharbé dans la Basse-Égypte. Habile dans les lettres et les sciences du temps, il aspirait à être évêque ; n’ayant pu y réussir, il se sépara de l’Église et forma vers l’an 140 une des sectes connues sous le nom de Gnostiques. Il eut des succès en Égypte, mais, s’étant rendu à Rome sous le pape Hygin, il se vit presque isolé et fut excommunié (143). Il retourna alors en Orient et y propagea sa doctrine. Adoptant en partie les erreurs de Basilide, il enseignait une espèce de syncrétisme mystique où l’on trouvait confondus avec les principes du Christianisme quelques dogmes du Platonisme et de la philosophie orientale. Il imaginait deux mondes, l’un visible, l’autre invisible ; dans celui-ci il distinguait un espace infini et lumineux, qui n’était autre que Dieu, du sein duquel émanaient trente essences divines éternelles, qu’il nommait Æons, telles que l’Esprit, la Vérité, le Verbe, la Vie, la Foi, l’Église. Le monde visible devait sa création à un ouvrier de nature secondaire, le Démiurge, seul coupable des imperfections qu’on y remarque. On a de Valentin un livre sur la Foi (pistis), trad. en latin sur un texte copte par Schwartze, Berlin. 1853.

VALENTIN (Basile), célèbre alchimiste, l’un des fondateurs de la chimie et de la pharmacie. En cherchant la pierre philosophale, il a fait quelques découvertes utiles ; il s’est surtout occupé de l’antimoine, dont il a fait connaître les propriétés médicales. On ne sait rien de certain sur sa vie ni même sur son nom. On en fait un moine bénédictin d’Erfurt, qui serait né en 1394. Il est plus probable que ce personnage n’a jamais existé, et que son nom (qui veut dire régule puissant, dénomination du mercure chez les chimistes), n’est qu’un voile sous lequel s’est caché quelque alchimiste du XVe s. Les ouvrages qu’on lui attribue, écrits en allemand, furent traduits en latin et dans plusieurs langues vulgaires. Les principaux sont : De microcosmo, Marbourg, 1609 ; Azoth, sive Aurelia occulta, Francfort, 1613 : il y traite de la pierre philosophale ; Practica, una cum duodecim clavibus, Francf., 1618 (trad. en français sous ce titre : les Douze clefs de la philosophie, traitant de la vraie médecine métallique, 1660) ; Currus triumphalis antimonii, 1624, etc.

VALENTIN (Moïse le), peintre, élève de Vouet, né en 1600 à Coulommiers, alla de bonne heure à Rome, où il se lia avec le Poussin, s’éprit surtout de la manière du Caravage, qu’il suivit avec succès, obtint la faveur d’Urbain VIII, peignit pour ce pontife le Martyre des SS. Processe et Martinien, son chef-d’œuvre, qui mérita d’être reproduit par la mosaïque dans l’église St-Pierre. Il avait déjà produit plusieurs œuvres remarquables lorsqu’il mourut à 32 ans, pour s’être imprudemment baigné dans une fontaine froide au cœur de l’été. Valentin dessine correctement et imite fidèlement la nature ; il a aussi de l’énergie ; mais il ne s’élève pas à l’idéal et pèche par le coloris. Le Louvre possède 11 tableaux de cet artiste.

VALENTINE VISCONTI ou VALENTINE DE MILAN, fille de Galéas Visconti et d’Isabelle de France, épousa en 1389 Louis, duc d’Orléans, frère de Charles VI, et lui apporta en dot le comté d’Asti avec l’expectative du duché de Milan, si la dynastie de Visconti venait à s’éteindre dans les mâles (de là, plus tard, les guerres de Louis XII et de François I pour la possession du Milanais). Valentine montra beaucoup de tendresse à son mari, malgré ses nombreuses infidélités, et prodigua ses soins à Charles VI, tombé en démence. Lors de l’assassinat de son époux (1407), elle alla en deuil se jeter aux pieds du roi pour demander vengeance, mais elle fut éloignée de Paris par la reine Isabeau et se retira à Blois. Elle y mourut l’année suivante, à 38 ans, et fit en mourant jurer à ses enfants de venger leur père.

VALENTINIEN I, Flavius Valentinianus, empereur, né en Pannonie en 321, était fils du comte d’Afrique Gratien. Il servit avec distinction sous Julien et Jovien, et fut, après la mort de ce dernier (364), proclamé auguste par l’armée à Nicée. Il s’associa son frère Valens, lui donna l’Orient, en gardant pour lui l’Occident, envoya sur-le-champ ses armées en Gaule, afin d’en chasser les Alemani (365), y vint bientôt lui-même, et extermina ces peuples barbares (366-68). De là, il envoya ses lieutenants battre les Pictes (367), les Saxons (370) ; en même temps il portait ses vues sur toute l’administration, donnait aux villes l’institution des défenseurs de cité, et réprimait la turbulence des Ariens. En 373, après un court séjour en Italie, il passa en Illyrie, battit les Quades, ruina leurs villes, et les réduisit à demander la paix. Sujet à de violents emportements, il se brisa un vaisseau dans la poitrine en discutant les clauses du traité avec les ambassadeurs des Quades, et mourut immédiatement (375). On raconte que ce prince, d’une sévérité cruelle, tenait dans des cages près de sa chambre à coucher deux ourses par lesquelles il faisait dévorer les condamnés. Il laissait 2 fils, Gratien et Valentinien II, qui lui succédèrent. Au nombre de ses meilleurs généraux était Théodose, père de l’empereur de ce nom.

VALENTINIEN II, fils du préc., était très-jeune quand son père mourut ; cependant l’armée d’Illyrie le salua auguste (375). Gratien, son aîné, associé à l’empire dès 367, ratifia ce choix, et lui donna la préfecture