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d'Italie. Valentinien s'établit à Milan, et régna d'abord sous la tutelle de sa mère Justine. Maxime, qui venait de tuer Gratien, menaçait aussi Valentinien II : Théodose, qui commandait les armées de l'empereur, Consentit à reconnaître cet usurpateur, à condition qu'il se contenterait des possessions que Gratien avait eues en Gaule (383); mais cinq ans après, le voyant reprendre les armes, il lui déclara la guerre, le vainquit et le mit à mort (388). Valentinien II venait de faire lui-même une expédition heureuse contre les Francs, quand le traître Arbogaste l'assassina à Vienne (en Gaule), 392. Il n'avait que 20 ans. Sa piété et ses vertus donnaient les plus belles espérances : déjà il avait aboli les spectacles du cirque, et fait tuer les bêtes destinées à ces jeux barbares.

VALENTINIEN III, empereur d'Occident, fils du général Constance (depuis Constance III) et de Placidie, né à Ravenne en 419, fut placé sur le trône d'Italie en 424 par les troupes de l'empire d'Orient. Placidie gouverna d'abord au nom de son fils et perdit l'Afrique, livrée aux Vandales par le comte Boniface. Devenu majeur, Valentinien III fut gouverné par Aétius, qui lui conserva une partie de la Gaule en repoussant Attila par la victoire de Châlons (451). Valentinien n'en fit pas moins mettre à mort ce grand général, dont il était jaloux. Attila fondit alors sur l'Italie (452), dont il dévasta le Nord. Prince sans courage et sans talent, Valentinien fut tué par Pétrone Maxime, dont il avait outragé la femme (455).

VALENTINOIS (le), anc. pays de France, dans le Bas-Dauphiné, au S. du Viennais et à l'E. du Rhône, avait pour ch.-l. Valence, qui lui donnait son nom; autres places, Crest, St-Marcellin , Montelimart, Pierrelatte. Le Valentinois portait d'abord le titre de comté et eut des seigneurs particuliers jusqu'en 1419; il fut alors vendu au Dauphin, fils de Charles VI; mais, ce dernier n'ayant pu remplir les conditions de la vente, le Valentinois fut acquis par le duc de Savoie, qui le céda à la France en 1446 en échange du Faucigny. Il fut à quatre fois différentes érigé en duché-pairie : en 1498, pour César Borgia; en l548, pour Diane de Poitiers; en 1642, pour Honoré de Grimaldi, prince de Monaco; en 1715, pour Guyon de Matignon, gendre d'un Grimaldi. Les descendants de cette dernière famille, princes de Monaco, portent encore le titre de ducs de Valentinois. Ce pays fait aujourd'hui partie du dép. de la Drôme.

VALENTINOIS (la duch. de). V. DIANE DE POITIERS.

VALÈRE (S.), Valerius, martyr dans le Soissonnais, m. en 287, est honoré le 14 juin. — Un autre V., évêque de Trêves au IIIe s., est honoré le 29 janvier.

VALÈRE (Ste), Valeria, vierge qui subit le martyre dans le Limousin au IIIe s., est fêtée le 10 déc.

VALÈRE MAXIME, Valerius Maximus, écrivain latin du Ier s. de notre ère, servit en Asie sous le consul Sextus Pompeius, l'an 14 de J.-C., et fut admis à la cour de Tibère, auquel il dédia son livre De dictis factisque mirabilibus, rempli de flatteries à l'égard de l'empereur. Cet ouvrage, en 9 livres, ne se compose que d'anecdotes ou traits d'histoire isolés, rangés sous certains titres généraux (Religion, Mariage, Bravoure, Patience, etc.), mais nous lui devons quelque reconnaissance pour les faits intéressants qu'il nous apprend. Le style, bien que pur, n'est pas digne de l'époque d'Auguste. On a prétendu, mais sans preuve, que nous n'avions qu'un abrégé de l'ouvrage original. Les meilleures éditions de Valère Maxime sont l'éd. Ad usum Delphini, Paris 1679; de Torrenius, Leyde, 1726; de Kapp, Leipsick, 1782; de Hase, dans la collection Lemaire, et surtout celle de Ch. Kempf, Berlin, 1854, augmentée de nouveaux fragments. Il a été fréquemment traduit en français, notamment par R. Binet, 1796, par Peuchot et Allais, 1822, par Frémion (dans la collection Panckoucke), et par Baudement (collect. Nisard.)

VALÉRIEN (le Mont), colline du dép. de la Seine, au-dessus de Suresnes et près de la r. g. de la Seine, au-dessus de laquelle elle s'élève de 36m, a été de temps immémorial un lieu de pèlerinage. Sanctifiée, dit-on, par Ste Geneviève, elle fut longtemps habitée par des anachorètes, qui, vers le milieu du XVIIe s., y furent réunis en communauté. En 1634, Hubert Charpentier, prêtre de Paris, y fonda un Calvaire, qui représentait toutes les circonstances de la Passion. Dévasté pendant la Révolution, ce Calvaire fut rétabli sous la Restauration et rendu à sa destination; il fut abandonné de nouveau en 1830. On a élevé depuis 1841 au mont Valérien d'importantes fortifications, qui font partie du système de défense de Paris.

VALÉRIEN, P. Licinius Valerianus, empereur romain, né vers 190, passa par tous les grades de la milice, et était presque sexagénaire lorsque la défaite et la mort de l'empereur Gallus, au secours duquel il marchait contre Émilien, le déterminèrent à accepter la pourpre que lui offraient les légions de la Gaule et de la Germanie (253). Il s'associa son fils Gallien, repoussa les hordes barbares des Goths, qui envahissaient les frontières, défit le tyran Cyriade, ainsi qu'Odenat, qui le protégeait, puis marcha contre Sapor : il obtint d'abord quelques succès, mais il fut vaincu près d'Édesse par la trahison de son favori Macrien (260), et se rendit à Sapor. Ce barbare le tint dans une humiliante captivité : il se faisait suivre de son prisonnier enchaîné et se servait de lui, dit-on, comme d'un marchepied pour monter à cheval. Après plusieurs années de torture, Valérien succomba sous le poids de la douleur et des mauvais traitements : Sapor fit écorcher son corps, et suspendit sa peau dans un temple. Valérien avait ordonné en 257 une persécution contre les chrétiens (la 8e).

VALÉRIEN (S.), martyr bourguignon, vivait sous Marc-Aurèle, à Castrum Tinurtium (Tournus), et eut la tête tranchée en ce lieu en 179. On bâtit sur son tombeau une église, et on lui consacra en 1019 une abbaye qui porte son nom. On le fête le 15 sept.

VALÉRIUS PUBLICOLA (P.), l'un des fondateurs de la république romaine, fut, en 509 av. J.-C., la collègue de Brutus dans le consulat après Collatin, et fut quelque temps seul consul. Il montra la plus grande déférence pour le peuple, d'où son surnom. Il abandonna l'habitation qu'il occupait au sommet du Palatin, parce qu'elle portait ombrage, et vint habiter parmi le peuple ; fit baisser devant les comices, en signe de respect, les faisceaux de ses licteurs; distribua aux pauvres les biens des Tarquins, qu'il avait battus après la mort de Brutus; donna à tout citoyen le droit d'en appeler au peuple des sentences des consuls et autres magistrats, et créa deux questeurs pour la garde du trésor.

VALÉRIUS CORVUS (M.), tribun des soldats sous Camille, accepta le défi d'un Gaulois redoutable, qu'il battit, dit-on, avec l'aide d'un corbeau descendu sur son casque : d'où son surnom. Il fut 6 fois consul, 6 fois dictateur, 6 fois édile, 6 fois préteur, triompha des Samnites au mont Gaurus, puis vainquit les Étrusques, et mourut presque centenaire.

VALÉRIUS FLACCUS (C.), poëte latin, natif de Setia ou de Padoue, était issu d'une branche pauvre des Valérius Publicola. Il occupa quelques fonctions publiques, fut lié avec Martial, Pline, Quintilien, Juvénal, et plut à Vespasien et à Titus; il mourut vers 111 de J.-C. On a de lui les Argonautiques, poème épique en 8 chants, qui est resté inachevé. C'est une imitation d'Apollonius de Rhodes, qui pèche par défaut d'invention et d'intérêt, et par une affectation qui engendre l'obscurité; cependant la versification et la style prouvent un véritable talent, et plusieurs passages méritent l'admiration. La meilleure édition est celle de Th. Chr. Harles, avec notes de P. Burmann, Altenbourg, 1781, reproduite dans les Classiques latins de Lemaire. Il a été traduit en vers par Dureau de La Malle (1811), et en prose par Caussin de Perceval (dans la collection Panckoucke), 1829, et par Ch. Nisard (dans la collect. Nisard).

VALÉRIUS MESSALA. V. MESSALA.

VALERY (S.), Walaricus ou Gualaricus, 1er abbé