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l'école de Descartes et de Leibnitz, et conçut le projet de donner à l'Allemagne une philosophie nationale complète. Nommé en 1707 professeur de mathématiques et de physique à Halle en Prusse, il y obtint de grands succès, mais se vit accusé par quelques théologiens d'enseigner des doctrines qui portaient atteinte à la liberté de l'homme et à l'orthodoxie, et reçut brusquement du roi Frédéric I ordre de quitter la Prusse sous deux jours (1723). Il trouva un asile auprès du landgrave de Hesse-Cassel, qui le nomma professeur de philosophie à Marbourg et conseiller aulique. Au bout de quelque temps, le gouvernement prussien, honteux de sa rigueur, l'autorisa à rentrer dans le royaume, mais il n'y retourna qu'à l'avènement de Frédéric II, qui lui rendit la chaire de Halle, et le nomma vice-chancelier de l'Université. Wolf n'eut d'autre but que celui de coordonner les matériaux de la science, épars de tous côtés : il composa à cet effet un grand corps de philosophie, en 24 vol. in-4, rédigé en latin, et qui comprend la logique, la psychologie soit empirique, soit rationnelle, l'ontologie, la cosmologie, la théologie naturelle, la morale, le droit naturel, la politique, les mathématiques. Il a en outre traité presque tous les mêmes sujets dans sa langue nationale. Dans la métaphysique, il a surtout suivi Leibnitz, dont il s'attacha à vulgariser la doctrine; toutefois il contestait les facultés perceptives des monades et ne regardait l'harmonie préétablie que comme une hypothèse. En morale, il donna pour règle de tendre à la perfection. On reproche à Wolf une prolixité fatigante et un appareil pédantesque, résultant de la folle prétention d'appliquer à toutes les sciences la méthode géométrique. Son Corpus philosophiæ a paru à Francfort et à Leipsick de 1728 à 1746. On doit à Gunther Ludovici une Esquisse d'une Hist. complète de la philosophie de Wolf, Leips., 1737, et à J. Deschamps un Abrégé de la philosophie wolfienne, 1743.

WOLF (Fréd. Aug.), philologue célèbre, né en 1757 à Haynrode, près de Nordhausen (Saxe prussienne), m. en 1824, était fils d'un maître d'école. Il compléta ses études à l'Université de Gœttingue, et, après avoir été régent à Ilefeld, puis recteur de l'école latine d'Osterode, devint, en 1782, professeur à l'Université de Halle, où il resta jusqu'en 1806. Nommé en 1807 conseiller d'État en Prusse, il eut grande part à la création de l'Université de Berlin (1808), où il occupa lui-même une chaire. En 1824, sa santé l'obligea à faire un voyage dans le midi de la France; mais, à peine arrivé à Marseille, il y mourut. Il était membre de l'académie de Berlin et associé de l'Institut de France. Outre une Hist. de la littérature romaine (en allemand), Halle, 1787, on lui doit des éditions excellentes d'Homère (l’Iliade, Halle, 1794; les OEuvres complètes, Leips., 1804-7); de la Théogonie d'Hésiode, 1784, du Phédon, de l’Euthyphron, du Banquet de Platon, des Nuées d'Aristophane, de l’Histoire d'Hérodien, etc., la plupart avec notes ou commentaires. Ses Prolégomènes sur Homère (Halle, 1795) l'ont surtout rendu fameux : à l'exemple de Vico, il y soutient qu'Homère n'a jamais existé, que l’Iliade et l’Odyssée ne sont composées que de morceaux divers rassemblés après coup au temps de Périclès ; il a également contesté l'authenticité de plusieurs discours de Cicéron, notamment du Pro Marcello, paradoxes qui ont donné lieu à de vives disputes.

D'autres érudits allemands ont porté le nom de Wolf. Les principaux sont : 1° Jér. Wolf, 1516-80, principal du collège d'Augsbourg et bibliothécaire de la ville, qui a laissé de bonnes traductions latines de Démosthène, d’Isocrate, d’Épictète, de Suidas, de Zonaras, de Nicéphore Grégoras, etc., avec des commentaires estimés, etc. (presque tous imprimés à Bâle); — 2° Jean Christophe Wolf, né à Wernigerode en 1683, mort en 1739, professeur de langues orientales à Hambourg, puis recteur de l'académie de cette ville, qui a publié : Historia lexicorum hebraicorum, 1705; Origenis Philosophoumena, 1706; Bibliotheca hebræa, 1715-35. — 3° J. Chrétien Wolf, frère du préc., 1689-1770, prof. au gymnase de Hambourg, auteur des Monumenta typographica, Hambourg, 1740, et de deux recueils intéressants : Poematum octo fragmenta, grec-latin, 1715, et Mulierum græcarum quæ oratione prosa usæ sunt fragmenta et elogia, 1739; — 4° Pierre Phil. W., né en 1761 à Pfaffenhofen, m. en 1808, libraire à Leipsick et membre de l'Académie de Munich, à qui l'on doit une Hist. des Jésuites, Zurich, 1789-92, une Hist. du pontificat de Pie VI, 1793-98, et une Hist. de l'Église en France, 1802, ouvrages pleins d'érudition, mais gâtés par la partialité de l'auteur contre le Catholicisme.

WOLFENBUTTEL, Guelferbytum, v. du duché de Brunswick, ch.-l. de district, sur l'Ocker, à 14 kil. S. de Brunswick; 10 000 hab. Cour suprême, consistoire luthérien. Vieux château, jadis résidence des seigneurs de Wottenbüttel, auj. des ducs de Brunswick. Bibliothèque célèbre qui contient plus de 100 000 vol. et 10 000 manuscrits, et dans laquelle on voit un monument érigé à Lessing, qui en fut bibliothécaire. Guébriant battit les Impériaux près de cette ville en 1641.

WOLFFHART (Conrad), dit Lycosthène, savant philologue, né en 1618 à Rouffach, m. en 1561, était diacre de St-Léonard à Baie, où de plus il professait la grammaire et la dialectique. Il adonné des éditions de Julius Obsequens, de Ptolémée, etc., et a composé quelques ouvrages originaux, dont le plus curieux est Prodigiorum et ostentorum Chronicon, Bâle, 1557, in-f.

WOLFGANG (S.), né en Souabe, ami de l'archevêque de Cologne Brunon et de l'archevêque de Trêves Henri, vécut longtemps dans un couvent au fond des bois, refusant la prêtrise par modestie, fut enfin sacré par Udalrich, alla en 972 prêcher l'Évangile en Hongrie, fut promu en 974 à l'épiscopat de Ratisbonne, et m. en 994. On l'hon. le 31 oct.

WOLKONSKY, famille princière de Russie, issue de Rurik, tire son nom de la Wolkona, riv. du gouvt de Toula. Elle a fourni plusieurs hommes distingués : Théod. W., qui eut part au Code du czar Alexis; Michel W., gouverneur de Moscou sous Catherine; Grégoire W., diplomate contemporain.

WOLLASTON (W.), moraliste, né en 1659 dans le comté de Stafford, m. en 1724, entra dans l'Église anglicane, fut 2e maître dans l'école publique de Birmingham, recueillit en 1688 une succession qui le mit dans l'aisance, et passa le reste de ses jours à Londres, se livrant aux sciences et aux lettres. Son principal ouvrage est le Tableau de la religion naturelle, 1722 (trad. en français dès 1726) : il y fonde la morale sur la raison et assimile la bonté morale à la vérité, prétendant que toute mauvaise action suppose un mensonge intérieur, par lequel nous affirmons avoir quelque droit que nous n'avons pas dans la réalité.

WOLLASTON (W.), savant physicien, né en 1766, m. en 1828, descendait du précédent. Il exerça d'abord la médecine, mais, ayant peu de clientèle, il renonça à cette profession et se livra à l'étude des sciences naturelles. Il fut admis en 1793 à la Société royale de Londres, et devint en 1806 secrétaire de cette Compagnie. On lui doit plusieurs instruments ingénieux, le microscope à lampe, le goniomètre à réflexion; il perfectionna, la Camera lucida, chambre obscure périscopique, découvrit deux nouveaux métaux, le rhodium et le palladium, indiqua le curieux phénomène de la rotation des aimants, ainsi que le moyen de rendre le platine malléable. On a de lui plusieurs mémoires dans les Transactions philosophiques.

WOLLIN, jadis Julin, île des États prussiens (Poméranie), dans la régence de Stettin et le cercle d'Usedom-Wollin, est formée par les deux bras