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sit en 1835 le Télégraphe écrivant dit Télégraphe de Morse, appareil qui a été adopté successivement en Amérique, en Allemagne et (1856) en France.

MUNOZ (Fernando), mari de la reine douairière d’Espagne, né en 1810, m. en 1873 ; était simple garde du corps, lorsqu’il fut remarqué par la veuve de Ferdinand VII, Marie-Christine, qui l’épousa, d’abord en secret, puis publiquement (1844) ; devint duc de Rianzarès et grand d’Espagne, mais se refusa toujours à jouer un rôle politique.

NAPOLÉON III (Charles-Louis-Napoléon BONAPARTE), empereur des Français, né à Paris aux Tuileries, le 20 avril 1808, mort en exil à Chislehurst (Angleterre), le 9 janvier 1873. Il était le 3e et dernier fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et de la reine Hortense. L’aîné de ses frères mourut en bas âge. Après la chute de l’Empire, il séjourna avec sa mère et son second frère sur différents points de la frontière est de la France, et surtout en Suisse, au château d’Arenenberg. Après 1830, il prit part au mouvement italien en compagnie de son frère Charles-Louis, qui mourut de maladie à Forli ; et il faillit périr de même à Ancône (1831). Par la mort du duc de Reichstadt, il devint, en vertu des sénatus-consultes qui avaient réglé la succession impériale, le représentant direct de la dynastie napoléonienne, et commença à porter ombrage à la monarchie de Juillet, qui fit renouveler la loi de bannissement contre la famille Bonaparte (1832). De sa retraite d’Arenenberg il publia, de 1832 à 1836, divers ouvrages politiques et militaires (il était capitaine au 3e régiment d’artillerie de Berne) : Rêveries politiques ; Projet de constitution ; Confédérations politiques et militaires sur la Suisse ; Manuel d’artillerie à l’usage des officiers de la République helvétique. Le 26 octobre 1836, il essaya, à Strasbourg, avec le concours du colonel Vaudrey, de provoquer un mouvement militaire et de renverser le roi Louis-Philippe, fut arrêté, puis, après une courte détention, dirigé sur Lorient et débarqué aux États-Unis. Il revint bientôt en Europe, et séjourna quelque temps à Londres, où il publia les Idées napoléoniennes (1838). Le 6 août 1840, il fit à Boulogne une nouvelle tentative pour rétablir la dynastie napoléonienne, et cette fois fut traduit devant la Chambre des pairs : défendu par Berryer, il fut condamné à l’emprisonnement perpétuel, et enfermé au château de Ham. Il y écrivit plusieurs articles de journaux et divers opuscules (Fragments historiques ; de l’Extinction du paupérisme) ; étant parvenu à s’évader, le 26 mai 1846, il passa en Belgique, et de là en Angleterre. Après la révolution de février 1848, il vint immédiatement à Paris : invité par le Gouvernement provisoire à s’éloigner, il y consentit et se tint à l’écart lors des élections générales pour la Constituante ; mais, aux élections partielles de juin, il fut élu à Paris et dans trois départements. Son élection fut validée, malgré la commission exécutive, qui voulait faire revivre la loi de bannissement de 1832 ; mais, se voyant accusé de se poser en prétendant, il donna sa démission deux jours après son entrée à la Chambre, et retourna en Angleterre. Réélu en septembre de la même année par cinq départements, il revint en France, prit part aux travaux législatifs, et vota pour l’ensemble de la Constitution. Le 10 décembre, il fut élu président de la République par 5 334 226 voix contre 1 779 152 réparties entre ses concurrents. Il gouverna d’abord, pendant les derniers mois de la Constituante, avec un ministère pris dans les différentes fractions de la majorité, dont M. Odilon Barrot était le chef, et sous lequel fut entreprise l’expédition contre la République romaine. Dès la réunion de l’Assemblée législative, le siège de Rome provoqua de la part de la Montagne une demande de mise en accusation contre le Président et ses ministres, et amena l’émeute du 13 juin, aussitôt réprimée. En octobre 1849, il remplaça le ministère Odilon Barrot par un cabinet nouveau, sous lequel furent présentées et votées la loi du 31 mai, restrictive du suffrage universel, et quelques autres lois d’un caractère également répressif. L’approche des élections présidentielles, qui devaient avoir lieu en 1852, fut le signal de vives agitations dans le pays : les socialistes se livraient à une, propagande active, tandis que les partisans des dynasties de Bourbon et d’Orléans faisaient dans l’Assemblée une opposition plus ou moins directe au Président, qu’ils soupçonnaient d’aspirer à l’empire. Il chercha à modifier cette situation en révoquant de ses fonctions de commandant de l’armée et des gardes nationales de Paris le général Changarnier, que la partie monarchique de la Chambre considérait comme devant être le soutien d’une restauration. Après un essai de rapprochement, marqué par le ministère de conciliation du 10 avril, de nouveaux dissentiments éclatèrent : les amis de la présidence ayant demandé la révision de la Constitution, cette proposition devint l’objet de nombreuses manifestations et de pétitions appuyées par quatre-vingts conseils généraux. Le 14 octobre, un nouveau ministère proposa cette révision ainsi que l’abrogation de la loi du 31 mai : il soumit un projet de loi électorale à l’Assemblée, qui la rejeta, mais qui n’alla pas jusqu’à voter la proposition des questeurs ayant pour objet de donner au président de l’Assemblée le droit de réquisition directe de la force armée, en cas d’une tentative faite contre elle. La situation n’en était pas moins tellement tendue que tout le monde s’attendait à un conflit entre le Président et l’Assemblée. C’est dans ces conditions que, durant la nuit du 1er au 2 décembre, il fit garder à vue le président de l’Assemblée par la force armée, fit arrêter les principaux chefs du parti républicain et des partis royalistes, et lança deux proclamations, l’une au peuple, l’autre à l’armée, annonçant que l’Assemblée nationale était dissoute, la loi du 31 mai abrogée, le suffrage universel rétabli, et le peuple français convoqué dans ses comices pour se prononcer sur les bases d’une Constitution renouvelée du système du premier consul. Ce coup d’État, préparé avec l’énergique concours de M. de Morny, du général Saint-Arnaud et du préfet de police, M. de Maupas, triompha de toutes les résistances : une Haute Cour, instituée par la Constitution de 1848, fut dispersée avant d’avoir pu formuler un arrêt mettant en accusation le président de la République ; plus de deux cent vingt représentants, qui, réunis dans la mairie du 10 arrondissement, avaient décrété la déchéance du Président et investi le général Oudinot du commandement de la garde nationale et des troupes, furent également dispersés par la force ; la mise en état de siége de Paris et de la plupart des départements réprima ou prévint les mouvements populaires. Les faits accomplis furent sanctionnés par le suffrage universel : au plébiscite des 20 et 21 décembre, 7 439 216 voix, contre 740 737 opposants, donnèrent au prince Louis-Napoléon, avec les pouvoirs constituants, la présidence pour dix années. Le 14 janvier 1852 fut promulguée la nouvelle Constitution, qui instituait un Corps législatif élu par la nation, un Sénat et un conseil d’État recrutés par le pouvoir, et qui soumit au serment tous les fonctionnaires et les membres du Corps législatif. Le 22 janvier parut un décret qui confisquait les biens de la famille d’Orléans. La Constitution présidentielle ne dura que quelques mois. De divers côtés s’élevèrent des vœux pour le rétablissement de l’Empire, vœux qui furent encouragés par un voyage du prince-président à travers la France. Un nouvel appel fut fait au suffrage universel, et, au plébiscite des 21 et 22 novembre, le rétablissement de l’Empire fut voté par 7 824 129 voix : contre 253 145. Le prince fut proclamé empereur le 2 décembre 1852 sous le nom de Napoléon III. Il épousa, le 29 janvier suivant, Marie-Eugénie de Gusman, comtesse de