Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/496

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Téba, fille du comte de Montijo, et eut de ce mariage, le 16 mars 18561 le prince impérial Napoléon-Louis-Jean-Joseph. Les principaux faits du règne de Napoléon III sont : 1o  à l’intérieur, l’amnistie pour délits politiques, d’abord conditionnelle (1852), puis pleine et entière (1859) ; la loi municipale de 1855, d’après laquelle le maire et les adjoints pouvaient être pris en dehors du conseil municipal et nommés par l’Empereur, et d’après laquelle les villes de Paris et Lyon étaient administrées par une commission nommée par décret impérial ; la loi de sûreté générale (1858), qui armait le Gouvernement d’un pouvoir discrétionnaire à l’égard des individus condamnés pour délits politiques, loi amenée par les attentats répétés contre la vie de l’Empereur (Pianori, 1855 ; Orsini, 1858, etc.), et rapportée en 1870 ; l’institution d’un conseil privé qui, en cas de mort de l’Empereur, devait former un conseil de régence ; les diverses tentatives de transformation de « l’Empire autoritaire » en « Empire libéral », notamment les décrets du 24 nov. 1860, qui augmentaient les attributions du Corps législatif, et établissaient des ministres sans portefeuille pour défendre devant cette Assemblée et devant le Sénat les projets du Gouvernement (MM. Baroche, Billault, Rouher), et la formation du ministère du 2 janvier 1870, dont M. Émile Ollivier devenait le chef ; enfin le plébiscite du 8 mai 1870, ayant pour objet de ratifier les réformes accomplies et de sanctionner à nouveau l’existence de l’Empire, et qui donna 7 160 341 voix favorables, et 1 523 628 contraires ; les voyages de l’Empereur dans les différentes parties de la France et jusqu’en Algérie ; les visites à Paris de presque tous les souverains de l’Europe ; les Expositions universelles de 1855 et de 1867 ; l’agrandissement de Paris par l’annexion des communes comprises dans l’enceinte des fortifications (1860), et la transformation prodigieuse de la capitale poursuivie par l’activité entreprenante du préfet de la Seine, M. Haussmann ; la jonction du Louvre aux Tuileries (1852-1857) ; une grande extension donnée aux travaux publics, non-seulement dans les grandes villes, mais dans les campagnes ; l’agrandissement du réseau des voies ferrées et des routes ; la transformation de la flotte ; la création de la grande navigation à vapeur transatlantique ; la formation de grandes Sociétés de crédit (Crédit foncier, Crédit mobilier, etc.) ; l’inauguration d’un système d’emprunts faits directement à la nation (emprunts de 1854, 1855,1859, 1864, 1870) ; le développement des Concours et Comices agricoles ; l’inauguration de la liberté commerciale par le rejet du système prohibitif et la conclusion de traités de commerce (1860) ; les encouragements donnés à l’instruction primaire et surtout aux cours d’adultes ; la création ou l’extension de nombreuses Sociétés de bienfaisance ; — 2o  à l’extérieur, la fin de la conquête de l’Algérie par une suite de campagnes et par la soumission de la Kabylie (1857) ; la guerre contre la Russie, entreprise (février 1854) avec l’alliance de l’Angleterre, et plus tard avec le concours du Piémont, signalée par la double expédition de la Baltique et de la Crimée, terminée par la prise de Sébastopol (sept. 1855), le Congrès et le Traité de Paris (20 mai 1856) ; l’expédition faite en Chine, de concert avec l’Angleterre, et bientôt terminée par le Traité de Tien-Tsin (1857), mais, après la violation de ce Traité, suivie d’une autre expédition anglo-française, qui fut signalée par la victoire de Palikao et la prise de Pékin (avril-octohre 1860) ; l’expédition contre l’Empire annamite, et l’établissement d’une colonie dans la basse Cochinchine (1862) ; la guerre contre l’Autriche, en faveur du roi de Piémont, Victor-Emmanuel (mai 1859) terminée par les préliminaires de Villafranca (4 juillet), et le Traité de Zurich (10 sept.), guerre qui préparait l’unité de l’Italie (accomplie en 1860 et 1861 par une suite d’insurrections à Parme, à Modène, en Toscane, dans les États Napolitains et Romains), et qui créait à côté de la France un grand royaume dont elle obtenait, comme garantie, les versants français des Alpes, Nice et la Savoie ; l’occupation de Rome par les troupes françaises, prolongée au milieu de tous ces événements, et qui ne prit fin qu’à la faveur des désastres de 1870 ; l’appui donné jusqu’à ce moment au pape pour le maintien de son pouvoir temporel dans les limites du patrimoine de saint Pierre, nonobstant l’opposition faite aux doctrines du Syllabus et l’interdiction de publier en France la deuxième partie de l’Encyclique du 8 décembre 1864 ; l’expédition de Syrie, à la suite du massacre des Maronites par les Druses, et l’occupation momentanée de cette province turque, avec le consentement des puissances européennes (1860-61) ; l’expédition contre le Mexique, entreprise d’abord (décembre 1861) de concert avec l’Espagne et l’Angleterre, puis (février 1862) poursuivie par la France seule, signalée par la prise de Mexico (4 juillet 1863) et aboutissant à la proclamation comme empereur du Mexique de l’archiduc d’Autriche Maximilien, qui, après la retraite de l’armée française (mars 1867), fut renversé et fusillé par Juarez (juin 1867) ; enfin, sous le ministère Ollivier, une guerre contre la Prusse (15 juillet 1870), à laquelle prirent part aussitôt toutes les autres puissances de l’Allemagne, et qui, après une série de revers, amena la prise de l’Empereur à Sedan (1er septembre), sa captivité à Wilhemshœhe (où il travailla avec le maréchal Bazaine à un rapport, encore inédit) sur les faits militaires de 1870), la déclaration de sa déchéance et de celle de sa dynastie, proclamée par le mouvement insurrectionnel du 4 septembre, et renouvelée par l’Assemblée nationale de Bordeaux (1er mars 1871), mesure contre laquelle il protesta au nom du droit plébiscitaire. — Malgré les désastres qui ont marqué la fin de son règne, Napoléon III laissera une grande place dans l’histoire, pour avoir donné à la France pendant quelques années en Europe un rôle prépondérant, et surtout pour avoir développé dans de grandes proportions sa prospérité agricole et industrielle, et pour l’avoir fait entrer dans les voies de la liberté commerciale. — Napoléon III a beaucoup écrit, soit avant, soit après son avènement au trône. On a publié ses OEuvres (1854-57, 4 vol. in-8), et séparément ses Œuvres militaires (1856, in-8). Il faut y ajouter, outre ses Proclamation et ses Messages au Corps législatif, une brochure intitulée : Politique de la France en Algérie, 1865, et l’Histoire de Jules César, 2 vol. in-8, 1865-69.

NARVAEZ (Ramon-Marie), général et h. politique, né à Loja (Andalousie) en 1800, m. en 1868 ; servit d’abord sous Ferdinand VII ; fut, en 1836, un des soutiens de la reine Isabelle, et mit en déroute le général carliste Gomez ; devint dès lors le rival d’Espartero, lui succéda au pouvoir en 1844, et fut nommé président du Conseil et duc de Valence ; se signala par une série de mesures réactionnaires (rappel de la reine mère Marie-Christine, révision de la constitution de 1837, restriction de la liberté de la presse, etc.) ; fut à son tour renversé en 1848 ; revint au pouvoir en 1849, puis en 1856, où il remplaça O’Donnell, enfin en 1864, et, dans chacun de ses passages au ministère resta fidèle à la politique qu’il avait soutenue dès l’abord. Il avait été élevé au maréchalat.

NÉLATON (Auguste), célèbre chirurgien français, né en 1801, m. en 1873. Élève de Dupuytren il s’est illustré, non-seulement comme praticien, mais comme professeur à la Faculté de médecine, et comme savant. On lui doit l’invention d’une opération pour l’extraction de la pierre, en dehors des procédés de lithotripsie. Ses principaux ouvrages sont : Traité des tumeurs de la mamelle (1839) ; Parallèle des différents modes opératoires dans le traitement de la cataracte (1860) ;