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dehors de ces œuvres particulières, trois grands actes dominent, sous le rapport religieux, tout le pontificat de Pie IX : la définition de l’Immaculée Conception en décembre 1854 ; la publication de l’Encyclique quanta cura, en décembre 1864, avec l’annexe connue sous le nom de Syllabus ; l’ouverture en 1869 au Vatican du premier concile œcuménique qui se soit tenu depuis celui de Trente (1545-1563), et où furent proclamées, le 18 juillet 1870, la pleine puissance du Pape dans l’Église et l’infaillibilité de ses jugements solennels. Tandis que s’accomplissaient ces actes, dans l’ordre religieux, des faits non moins graves avaient lieu dans l’ordre politique : les événements qui faisaient du roi de Piémont un roi d’Italie avaient leur contre-coup sur le pouvoir temporel de la papauté. L’annexion des duchés de Toscane, Parme et Modène entraîna celle des États du Pape. Le général Lamoricière se mit à la tête des troupes pontificales, qui furent dispersées par le général Cialdini (1860). Il restait encore à Pie IX Rome, Civita Vecchia et quelques petites places occupées par des garnisons françaises. Une attaque de Garibaldi, en 1866, fut repoussée, à Montana, par les troupes pontificales, soutenues des troupes françaises. Mais, à la suite des désastres de 1870, les Français quittèrent Rome, et l’armée du roi d’Italie entra dans la ville, après un court combat, le 20 septembre, jour où prit fin le pouvoir temporel des papes, constitué par Pépin le Bref et Charlemagne. Rome devint la capitale du royaume d’Italie. Une loi fixa les garanties conférées au Saint Siége pour son indépendance et le libre exercice de son pouvoir spirituel, et assigna au Pape une dotation annuelle et inaliénable de trois millions deux cent mille francs. Pie IX refusa la dotation et rejeta les garanties qu’il déclara illusoires. Il ne cessa de protester contre la violence et la spoliation, et depuis ce jour il ne quitta plus le Vatican où il se déclara prisonnier. Sa mort arriva le 10 février 1878, et la nouvelle de cette mort fut dans le monde entier l’objet de témoignages unanimes de respect et de vénération.

PILS (Adr.-Aug.-Isidore), peintre français, né à Paris en 1813, m. en 1875 ; fut élève de Picot, eut le grand prix de Rome en 1838, fut professeur de peinture à l’école des beaux-arts (1863), et membre de l’Acad. des beaux-arts. Il a surtout réussi dans la peinture religieuse et dans la peinture militaire.

PONCELET (Jean-Victor), général et géomètre français, né à Metz en 1788, mort en 1867. Élève de l’École polytechnique, il servit dans le génie jusqu’en 1812, où il fut prisonnier en Russie. Revenu en France, il fut nommé professeur à l’École d’application de Metz et se voua à l’étude de la géométrie descriptive, sur laquelle il publia plusieurs mémoires importants ; il devint professeur de mécanique à la Sorbonne, au Collége de France, général de brigade, commandant de l’École polytechnique, membre de l’Assemblée constituante de 1848, membre de l’Académie des sciences. Parmi ses ouvrages on distingue un Cours de mécanique appliquée aux machines, et un Traité des propriétés projectiles des figures (1862).

PONSARD (Francis), poëte dramatique, né à Vienne (Isère) en 1814, m. en 1867 ; débuta au théâtre par la trag. de Lucrèce (1842), qui fut une réaction contre les excès de l’école romantique. Les principales de ses autres œuvres sont : Agnès de Méranie (1846) ; Charlotte Corday (1850) ; l’Honneur et l’Argent (1853) ; Horace et Lydie (1851) ; Ulysse, trag. avec chœurs de Gounod (185l) ; la Bourse' (1856) ; le Lion amoureux (1865) : Galilée (1866). Il a encore publié un poëme, Homère (1852). Il fut élu membre de l’Acad. française en 1855.

PONSON DU TERRAIL (Pierre-Alexis, vicomte de), romancier français, né en 1829 à Montmaur (Isère), mort en 1871 : il se destina d’abord à la carrière maritime ; fut, en 1848, officier dans la garde mobile, et se mit à écrire des feuilletons dans les journaux. Dès 1850, il avait acquis une sorte de popularité par des romans d’aventures, qui se distinguaient par l’invention dans le détail des faits et une certaine puissance dans la peinture des caractères. Parmi ses nombreux ouvrages on a remarqué les Cavaliers de la nuit (1855), les Coulisses du monde (1857), les Gandins (1860), enfin et surtout les Aventures de Rocambole (1860), dont il a tiré un drame avec la collaboration d’Anicet Bourgeois.

POUILLET (Claude-Mathias), physicien français, né à Cuzance (Doubs) en 1791, m. en 1868 ; professa avec éclat aux Écoles normale et polytechnique, à la Faculté des sciences et au Conservatoire des arts et métiers, dont il devint directeur ; fut député sous la monarchie de Juillet, et donna sa démission de ses fonctions universitaires après le coup d’État du 2 déc. 1851. Il était, depuis 1837, membre de l’Acad. des sciences. Il a publié des livres classiques estimés : Éléments de physique expérimentale et de météorologie, 2 vol. in-8, 1856 ; Notions générales de physique, 1859, et, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, de savants travaux sur les paratonnerres, les températures très-élevées ou très-basses, les nuages, la chaleur solaire, les lois des courants électriques, etc.

PRÉVOST-PARADOL (Lucien-Anatole), littérateur français, fils d’un officier de marine et d’une actrice du Théâtre-Français ; né en 1829. Il fit de brillantes études, fut un des élèves les plus distingués de l’École normale, fut couronné par l’Académie française pour un Éloge de Bernardin de Saint-Pierre, et fut, dès 1855, nommé professeur à la Faculté d’Aix. En 1856, il revint à Paris comme rédacteur du Journal des Débats et du Courrier du Dimanche : la distinction de sa plume lui fit une réputation rapide, mais son humeur caustique lui attira les rigueurs de l’administration. En 1869, il fut appelé à remplacer Ampère à l’Académie française. En 1870, sous le ministère Émile Ollivier, il se rallia au gouvernement impérial et fut nommé ministre plénipotentiaire à Washington : à peine arrivé à son poste, il apprit les premiers désastres du pouvoir auquel il venait de s’attacher ; cette pensée, jointe, dit-on, à des chagrins personnels, le poussa au suicide (août 1870). Il a laissé plusieurs ouvrages de littérature et de politique : Revue de l’histoire universelle (1854) ; Rôle de la famille dans l’éducation (1857) ; Essais de politique et de littérature (1859) ; Élisabeth et Henri IV (1864) ; Études sur les moralistes français (1864) ; la France nouvelle (1868).

PRIM (don Juan), général espagnol, né à Reus (Catalogne) en 1814. Il prit part, avec diverses alternatives de succès et de revers, aux guerres civiles qui agitèrent l’Espagne sous le règne d’Isabelle, et y figura parmi les Progressistes ; fut nommé député aux Cortès, devint général et comte de Reus, puis fut arrêté et emprisonné (1844) ; combattit en 1853 pour la Turquie contre la Russie ; obtint au Maroc des succès qui lui valurent les titres de marquis de Los Castillejos et de Grand d’Espagne, et fut chargé en 1861 de commander l’expédition espagnole contre le Mexique, s’opposa à la politique de Napoléon III et au rétablissement de l’empire du Mexique, et fut fait maréchal. En septembre 1868, il prit une part active à la révolution militaire qui déclara Isabelle déchue, et fut avec Serrano et Topete membre du gouvernement provisoire ; mais, ayant travaillé au rétablissement de la royauté en Espagne, il fut assassiné par des républicains (1870).

QUÉRARD (Joseph-Marie), bibliographe, né à Rennes en 1795, mort en 1865 ; a laissé plusieurs ouvrages très-estimés : la France Littéraire, 10 vol. in-8 (1826-39) ; La Littérature française contemporaine, ouvrage faisant suite au précédent, et qui a été continué par M. Bourquelot ; les Supercheries