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mais il conquit un rang éminent dans la critique littéraire par une série d’études, publiées d’abord dans des Revues, puis réunies en volumes sous le titre de Critiques et portraits littéraires (1832-39, 5 vol. in-8), Portraits contemporains (1844). On y admira une immense littérature, un rare talent pour mêler la biographie à la critique, des portraits saisissants de vérité et de relief, une grande souplesse d’esprit et de style pour comprendre et faire comprendre les œuvres les plus différentes d’inspiration et de goût. Mais nulle part ces qualités ne parurent plus saillantes que dans les Causeries du lundi (1851-1862, 13 vol. in-12) et les Nouveaux lundis (1863-69, 11 vol. in-12), remarquables études de philosophie, d’histoire et de littérature qui se succédèrent chaque semaine pendant quinze ans dans le Constitutionnel et le Moniteur universel. On a encore de lui une Histoire de Port-Royal (1840-1860, 5 vol. in-8 ; 3e édition, 5 vol. in-12 ; 1868) ; Chateaubriand et son groupe littéraire (1860, 2 vol. in-8) ; Étude sur Virgile (1867, 1 vol. in-12), ce dernier ouvrage est l’esquisse des leçons que Sainte-Beuve devait faire au Collège de France dans un cours de poésie latine, qui fut interrompu par des manifestations d’un caractère tout politique. Il fut appelé en 1865 au Sénat, où il se signala par la hardiesse de son langage dans les questions religieuses. Il était de l’Académie française depuis 1845.

SAINTINE (Joseph-Xavier BONIFACE, connu sous le nom de), littérateur français, né à Paris en 1796, mort en 1865, a longtemps travaillé pour le théâtre en collaboration avec MM. Scribe, Ancelot, Varin, etc. Il a écrit plusieurs romans estimés : les Métamorphoses de la femme (1846) ; Seul! (1849), etc., et dont un est devenu populaire, Picciola (1836).

SAINT-GEORGES (Jules-Henri VERNOY de), auteur dramatique français, né à Paris en 1801 m. en 1875 ; a composé, soit seul, soit en collaboration avec divers auteurs, un grand nombre des livrets qui se sont succédé sur les scènes de l’Opéra, de l’Opéra-Comique et du Théâtre-Lyrique, de 1827 à 1862 ; il a signé seul les Mousquetaires de la Reine, le Val d’Andorre, le Corsaire, etc. Il a aussi publié plusieurs romans, parmi lesquels on distingue l’Espion du grand monde (185l), d’où il a tiré un drame pour l’Ambigu.

SAINT-MARC GIRARDIN (Marc Girardin, dit), littérateur français, né à Paris en 1801, m. en 1873 ; fit de brillantes études au collége Henri IV ; fut reçu avocat et agrégé des classes supérieures (1823), et nommé prof. au collége Louis-le-Grand (1826) ; débuta dans les lettres par plusieurs travaux couronnés par l’Acad. fr. (Éloge de Lesage, 1822 ; Éloge de Bossuet, 1824 ; Tableau de la litt. fr. au XVIIe s., 1828) ; fut, après 1830, appelé à la suppléance de M. Guizot à la Faculté des lettres, nommé maître des requêtes au conseil d’État, enfin (1834) prit possession de la chaire de poésie française à la Faculté des lettres, qu’il occupa avec éclat jusqu’en 1863, devint un des rédacteurs ordinaires du Journal des Débats, député de Saint-Irieix (Haute-Vienne), membre du Conseil royal de l’instruction publique (1831), membre de l’Acad. franç. (1844) ; se tint à l’écart de la politique sous la République et l’Empire, fut envoyé par les électeurs de la Haute-V1enne à l’Assemblée nationale de 1871, et y devint président du centre droit, et vice-president de l’Assemblée. Les qualités des écrits de Saint-Marc Girardin sont celles qui distinguaient son cours, beaucoup d’esprit et de finesse, non sans quelque malice, un goût délicat, mais un peu exclusif, une constante préoccupation des idées morales, et l’art de rendre toujours agréable la sévérité des doctrines. Ses principaux ouvrages sont : Cours de littérature dramatique ou de l’usage des passions dans le drame (4. vol. 1843 et suiv.) ; Essais de littérature et de morale (1844, 2 vol.) ; Souvenirs et voyages ; Souvenirs et réflexions politiques d’un journaliste (1859) ; La Fontaine et les fabulistes (1867).

SAMSON (Joseph-Isidore), artiste et auteur dramatique français, né à Saint-Denis en 1793, mort en 1811. Admis au Conservatoire en 1812, il y obtint le premier prix de Comédie, et débuta sur plusieurs théâtres de province en compagnie d’une jeune actrice, qu’il avait épousée. Après de grands succès au théâtre de Rouen, il entra au second théâtre français (1819), puis (1817) à la Comédie-Française, où il joua Jusqu’en 1863 avec un succès presque égal dans l’ancien et dans le nouveau répertoire ; la franchiser la verve et la distinction de son jeu lui ont laissé un nom parmi les meilleurs de nos acteurs comiques. Il était professeur au Conservatoire depuis 1829, et a compté parmi ses élèves Mmes Rachel, Arnould-Plessy, Augustine et Madeleine Brohan, Favart, Rose Chéri, etc. Il a donné plusieurs comédies, parmi lesquelles on distingue la Belle-Mère et le Gendre, le Péché de jeunesse, le Veuvage (1839-45), la Dot de ma fille (1854) ; celle qui a obtenu le plus de succès est la Famille Poisson (1849). On a aussi de lui un poëme didactique : l’Art théâtral (1869).

SAND (Aurore Dupin, dame Dudevant, connue sous le nom de GEORGE SAND), née à Paris en 1804, m. en 1876 ; était fille d’un officier de l’Empire, qu’elle perdit de bonne heure ; fut d’abord élevée au château de Nohant, dans le Berri, entre sa mère et sa grand’mère, puis au couvent des Augustines anglaises, à Paris ; épousa, à 18 ans. M. Dudevant, dont elle se sépara en 1831, pour aller vivre librement à Paris. Elle composa, cette année, son premier roman, Rose et Blanche, en collaboration avec Jules Sandeau, puis Indiana, Valentine (1832), Lélia (1833) ; fit, en 1833-34, avec Alfred de Musset un voyage en Italie, dont elle reproduisit les impressions dans plusieurs de ses romans, particulièrement dans les Lettres d’un voyageur (1834), et donna, vers la même époque, Jacques, André, Mauprat, le Secrétaire intime, Lavinia, Metella, les Maîres mosaïstes, l’Uscoque, Horace, Pauline, etc. À partir de 1837, plusieurs de ses œuvres portent d’une manière plus marquée le caractère qu’avaient présente déjà quelques-unes des premières : ce sont, sous la forme de romans, des thèses de philosophie indépendante et de politique ou d’économie sociale, qui reflètent ses idées de quelque personnage contemporain dont elle subit l’influence, par exemple les philosophes Lamennais et Pierre Leroux, le musicien Chopin, le républicain Michel de Bourges, etc. De ce genre sont les Lettres à Marcie, Spiridion, la Comtesse de Rudolstad, Horace, Consuelo, le Compagnon du tour de France, le Meunier d’Angibault, le Péché de M. Antoine. De 1844 à 1850, George Sand se dégage de ses prétentions philosophiques et publie des romans qui ne sont plus que des études de mœurs et de sentiments : Jeanne, Tévérino, Lucrezia, Floriani, le Piccinino, La Filleule, Mont-Revêche, les Maîtres sonneurs, le Marquis de Villemer, Jean de la Roche. C’est à cette époque qu’appartiennent des romans pastoraux, dont on goûta beaucoup le naturel et la simplicité (la Petite Fadette, François le Champi, la Mare au Diable). Mais si, dans ses romans, George Sand était revenue à la pure littérature, elle n’abandonnait pas la politique : après la révolution de 1848, elle s’y jeta avec ardeur, rédigea quelques-uns des bulletins révolutionnaires publiés par le ministre de l’intérieur Ledru-Rollin, et se lia avec les hommes des opinions les plus avancées. Le calme qui se fit dans la société après les journées de Juin rendit George Sand à ses travaux littéraires. Elle se tourna alors vers le théâtre, où elle n’avait fait encore qu’une tentative malheureuse (Cosima ou la haine dans l’amour, 1840) ; elle mit en drames quelques-uns de