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attribuée à Théroulde (publ. en 1851 par Gémn, avec traduction et notes). Il est le héros du Roland amoureux de Boïardo et du R. furieux de l’Arioste. L’épée de Roland, la durandal, et son cor, l’olifant, sont célèbres dans les romans de chevalerie. On prétend conserver son épée à Rocamadour (Lot). On montre sa lance dans la cathédrale de Pavie.

ROLAND, un des chefs des Camisards, né près d’Alais, avait d’abord servi dans les dragons ; il soutint deux ans la guerre dans les Cévennes avec une rare intrépidité, mais fut tué d’un coup de feu en 1704. Il prenait les titres de comte et de généralissime des Protestants.

ROLAND DE LA PLATIÈRE (Jean Marie), homme politique, né en 1732 à Villefranche près de Lyon, était inspecteur général du commerce quand il fut porté, en 1790, à la municipalité de Lyon, où il fonda un club de Jacobins. Il devint en mars 1792 ministre de l’intérieur, mais il fut bientôt congédié par le roi, avec plusieurs de ses collègues. Après l’insurrection du 10 août, il fut rappelé au ministère de l’intérieur. Il condamna les massacres de septembre et voulut s’opposer à la domination de la Montagne, mais il ne put réussir à maîtriser ce parti, se fit haïr des meneurs les plus avancés, fut accusé de fédéralisme, réduit à donner sa démission, puis enveloppé dans la proscription des Girondins ; il échappa pendant 5 mois aux recherches ; mais, instruit du supplice de sa femme, il se donna la mort, sur la grande route, près de Rouen (15 nov. 1793). On a de lui des Lettres, des Mémoires, divers Traités industriels, et un Dictionnaire des Manufactures. C’était un homme probe et rigide, mais inférieur à sa femme, à l’ascendant de laquelle il cédait.

ROLAND (Manon Jeanne PHLIPON, dame), femme du précéd., née à Paris en 1754, était fille d’un graveur. Elle fit presque seule son éducation, lut surtout Plutarque, où elle puisa ses sentiments républicains, épousa Roland en 1780, fut la principale rédactrice du Courrier de Lyon, fondé par lui à la Révolution, le suivit à Paris, se lia avec les Girondins, et devint, par sa vivacité d’esprit et son enthousiasme, l’âme de leurs conseils ; elle dirigeait le ministère de l’intérieur sous le nom de son mari. Plus haïe encore que lui de la Montagne, elle fut arrêtée après le 31 mai ; déjà une fois elle avait paru devant la Convention, et s’était justifiée avec éclat de l’accusation d’intrigues avec l’Angleterre ; cette fois, elle ne put échapper au supplice ; elle eut la tête tranchée le 8 novembre 1793. En prison, au tribunal et sur l’échafaud, elle déploya un courage stoïque. On a de Mme Roland des Mémoires intéressants et curieux, 1795, souvent réimprimés, et divers ouvrages. On a publié en 1835 sa Correspondance avec Bancal des Issarts, et, en 1840, celle qu’elle entretint, avant son mariage, avec les Dlles Cannet.

ROLAND (Phil. Laurent), statuaire, né en 1746 à Pont-à-Marcq(Nord), m. en 1816, exécuta des statues de Condé, de la Loi, de Bonaparte, etc., fut admis en 1781 à l’Académie de peinture et y devint professeur. Ses chefs-d’œuvre sont Caton, Samson et Homère chantant sur sa lyre : dans cette dernière statue, qui est au Louvre, il a su rendre l’enthousiasme du génie, et la vigueur d’une vieillesse robuste et quasi divine. David d’Angers fut son élève.

ROLLAND D’ERCEVILLE (Barth.), président au parlement de Paris, né en 1734, fut un adversaire ardent des Jésuites. Après leur expulsion, il fut chargé d’administrer quelques-uns de leurs collèges, et publia en 1770 un Plan d’études, refondu depuis sous le titre de Plan d’éducation (1784), dans lequel on trouve la première idée d’une Université de France, de l’inspection générale des études et de l’École normale. Dénoncé pendant la Terreur, il périt sur l’échafaud en 1794.

ROLLIN (Charles), célèbre professeur, né à Paris en 1661, m. en 1741, était fils d’un pauvre coutelier. S’étant fait remarquer par ses dispositions précoces, il obtint une bourse, suivit les cours du collége du Plessis, et se distingua pendant ses études classiques par ses vertus autant que par ses succès : il étudia ensuite en théologie, mais sans prendre les ordres. Il remplaça à 22 ans Hersan, son ancien professeur, dans la chaire de seconde, fut nommé en 1687 professeur de rhétorique au Plessis, en 1688 professeur d’éloquence au Collège de France, fut élu en 1694 recteur de l’Université de Paris, et prit en sortant de charge (1696) la direction du collége de Beauvais. Il y fit fleurir les études et signala son administration par de bonnes actions comme par d’utiles réformes ; mais au bout de quinze ans, il se vit brusquement enlevé à ses élèves comme suspect de jansénisme. Forcé au repos, il consacra ses loisirs à la composition d’ouvrages utiles à la jeunesse et travailla jusqu’à ses derniers jours ; il mourut âgé de plus de 80 ans, universellement aimé et estimé. Dévoué toute sa vie au bien de la jeunesse, il mérita d’être appelé le bon Rollin. Il avait été reçu en 1701 à l’Académie des inscriptions ; l’intrigue l’empêcha d’entrer à l’Acad. française. On doit à Rollin : une édition abrégée de Quintilien, 1715, 2 v. in-12, dans laquelle il élagua tout ce qui ne se rapportait pas strictement à l’éloquence ; le Traité des Études, 1726, 4 v. in-12, chef-d’œuvre de raison et de goût, qui est resté jusqu’à nos jours le meilleur code de l’éducation publique ; l’Histoire ancienne, 1730-38, 13 vol., ouvrage qui peut quelquefois manquer de critique, mais qui offre une lecture aussi instructive qu’attachante ; l’Hist. romaine, dont il ne put faire paraître que les 5 premiers volumes (1738-41), et qui fut achevée par Crevier. On a en outre de lui un recueil d’opuscules (Lettres, Discours latins, vers latins, etc.), 1771, 2 vol. in-12. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Letronne, 1821-25, et par M. Guizot, 1821-27, en 30 v. in-8. Berville a écrit un Éloge de Rollin, couronné par l’Acad. française en 1818. Le Collége municipal de Paris a été appelé en son honneur Collége Rollin.

ROLLON, HROLF ou RAOUL, duc de Normandie, était un des chefs norvégiens bannis par Harald Haarfager (875). À la tête de ses Normands, il ravagea les côtes de France de 876 à 911, prit Rouen, assiégea Paris (886), s’empara de Nantes, d’Arques, du Mans, pénétra jusque dans l’Orléanais et la Bourgogne et força Charles le Simple à acheter la paix : il obtint en 911, par le traité de St-Clair-sur-Epte, la partie de la Neustrie appelée depuis Normandie, ainsi que le domaine direct de la Bretagne, à la condition qu’il rendrait hommage à Charles et se ferait baptiser ; ce qu’il effectua l’année suivante : il prit alors le nom de Robert. On ajoute qu’il reçut la main de Gisèle, fille de Charles le Simple (912), mais l’âge des personnages rend le fait douteux. Son gouvernement fut équitable et pacifique ; il assura la sécurité publique, au point, dit-on, que des bracelets d’or, abandonnés au milieu des bois, étaient respectés. Son nom fut tellement vénéré que longtemps après sa mort les Normands en appelaient à lui pour invoquer la justice (d’où la Clameur de Haro). Il mourut en 932, laissant un fils, Guillaume I, à qui il avait cédé son duché en 927. Rollon est le héros du roman du Rou.

ROMAGNANO, bg d’Italie, ch.-l. de mandement, sur la r. g. de la Sésia, à 25 k. N. de Novare ; 2300h. C’est là que Bayard passa la Sésia, 1524.

ROMAGNE (la), anc. prov. de l’État ecclésiastique, auj. du roy. d’Italie, entre les prov. de Ferrare et d’Urbin, avait pour ch.-l. Ravenne, et pour autres villes, Imola, Faenza, Forli, Forlimpopoli, Césène, Cervia, Rimini, auxquelles on ajoute quelquefois, mais à tort, les villes et les territoires de Ferrare et de Bologne ; on dit alors les Romagnes. Sous l’empire romain, c’était une portion de la Flaminie ; au VIe s. et après l’invasion lombarde, ce fut la province centrale de l’exarchat. Conquise en 752 par le Lombard Astolfe, elle lui fut enlevée bientôt après par Pépin le Bref, qui la donna au pape Étienne II (754).