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QUINAULT, famille d'acteurs remarquables du Théâtre-Français : 1° Abraham Alexis, dit Quinault-Dufresne, m. en 1767, avait débuté en 1712 ; il rétablit le vrai goût de la déclamation, perdu depuis Baron, et servit longtemps de modèle à ses successeurs ; il est aussi fameux par son orgueil et son impertinence. — 2° J. B. Maurice Q., son frère aîné, fut un bon comique. Il était aussi musicien et fit la partition des Amours des déesses. — 3° Jeanne Marie Q., femme d'Abraham, morte en 1759, joua les premiers rôles tragiques et comiques ; elle excellait surtout dans celui de Didon. — 4° Jeanne Françoise Q., sœur d'Abraham, débuta en 1718 et réussit surtout dans les rôles de soubrette. Elle quitta le théâtre en 1741 et m. en 1783. A un rare talent comique elle joignait beaucoup d'esprit et de goût. Elle réunissait chez elle la société la plus distinguée et eut pour amis Duclos et d'Alembert.

QUINCTIUS CAPITOLINUS (T.), six fois consul à Rome, battit les Volsques en 468 av. J.-C., prit Antium, leur capitale, et y conduisit une colonie.

QUINCTIUS CINCINNATUS. V. CINCINNATUS.

QUINCY (Ch. SEVIN, marquis de), général d'artillerie, 1660-1728, se distingua surtout à Hochstædt, 1704, commanda l'artillerie de l'armée en 1707, et fut nommé après la paix d'Utrecht gouverneur de l'Auvergne. On lui doit une Histoire militaire du règne de Louis le Grand, 1726, 8 vol. in-4, avec caties et plans.

QUINDÉCEMVIRS, Quindecemviri sacris faciundis, collège de prêtres institués par Tarquin le Superbe pour garder les livres sibyllins, qu'ils avaient seuls le droit de consulter. Établis d'abord au nombre de 2, ils furent dans la suite portés à 10, et enfin à 15 sous Sylla. Ils étaient élus à vie et portaient la robe prétexte. Ce collège subsista jusqu'à Théodose.

QUINETTE (Nic. Marie), homme politique, né à Soissons en 1762, m. en 1821, était, en 1789, procureur ou notaire dans sa ville natale. Député de l'Artois à l'Assemblée Législative, puis à la Convention, il vota la mort du roi, fut un des 4 commissaires chargés de l'arrestation de Dumouriez qui furent livrés à l'Autriche par ce général et échangés contre Madame en 1795, devint en 1796 membre des Cinq-Cents, fut ministre de l'intérieur en 1799, puis préfet de la Somme, 1800, conseiller d’État et directeur général de la comptabilité des communes. Il adhéra en 1814 à la déchéance de Napoléon et fit partie du gouvernement provisoire en 1815, après les Cent jours. Banni par les Bourbons comme régicide, il se retira à Bruxelles, où il finit ses jours.

QUINGEY, ch.-l. de c. (Doubs), sur la Loue, à 22 k. S. O. de Besançon ; 1154 h. Forges, martinet, tréfileries. Ville forte au moyen âge. Patrie du pape Calixte II. Aux env., grottes curieuses d'Osselle.

QUINI-SEXTE (le), concile tenu à Constantinople en 692, est ainsi appelé parce qu'il suppléa par ses canons au 5° concile (quinus) et au 6° (sextus), qui n'en avaient point laissé. Il rejeta comme apocryphe les Constitutions apostoliques.

QUINONEZ (Franç. de), cardinal espagnol, né vers 1485 dans le roy. de Léon, m. en 1540, était fils d'un comte de Luna. Il entra chez les Cordeliers, devint général de l'ordre en 1522, puis évêque de Coria (1539) et de Palestine (1540). Il avait, en 1527, obtenu de Charles-Quint la délivrance du pape Clément VII que les Impériaux retenaient au château St-Ange. On a de lui un Breviarium romanum (Rome, 1535)qui, bien qu'approuvé des papes Clément VII, Paul III, Jules III et Paul IV, fut censuré par la Sorbonne et interdit par Pie V.

QUINQUAGÉSIME (c.-à-d. cinquantième, s.-ent. jour). On nomme ainsi le dimanche qui tombe 50 jours avant Pâques, et qu'on appelle vulgairement le Dimanche gras.

QUINQUARBOREUS. V. CINQ-ARBRES.

QUINQUATRIES, fêtes romaines en l'honneur de Minerve, se célébraient le 14e jour des calendes d'avril (19 mars), jour où l'on plaçait la naissance de la


déesse. Elles ne duraient, d'abord qu'un jour ; dans la suite on leur en consacra 5. Dans le 1er, tous les gens professant un état qui exige l’exercice de l’intelligence allaient adorer dans son temple la déesse de la sagesse ; les 3 jours suivant étaient consacrés à des combats de gladiateurs en l'honneur de Minerve en tant que déesse guerrière ; le 5e, à la purification des trompettes qui servaient dans les rites sacrés. C'était pour les écoliers un temps de vacances ; c'est alors qu'ils portaient le Minerval à leurs maîtres.

QUINTANA (don Manuel), poëte espagnol, né à Madrid en 1772, m. en 1857, se fit recevoir avocat, entra de bonne heure dans l'administration, fut agent fiscal de la junte du commerce, et unit la culfure des lettres au soin des affaires. Il se fit remarquer dès 1797 par des poésies lyriques, donna en 1801 une tragédie, le Comte de Viseu, en 1805 Pelage, sujet national, commença en 1807 les Vies des Espagnols célèbres, prit part en 1808 au mouvement national contre l'invasion française et publia des Odes à l'Espagne libre pour enflammer l'ardeur de ses compatriotes, fut attaché à la junte centrale comme secrétaire des affaires étrangères pour l'interprétation des langues et rédigea la plupart des proclamations des Cortès. Il n'en fut pas moins emprisonné en 1814 par Ferdinand VII, et ne recouvra la liberté qu'à la faveur de la révolution de 1820. Après le triomphe du pouvoir absolu (1823), il se retira dans l'Estramadure. En 1833, à la mort de Ferdinand VII, il fut replacé dans son ancien poste aux Affaires étrangères ; en 1836, il fut nommé directeur général des études, conseiller d'État, sénateur ; de 1840 à 1843, il fut gouverneur de la reine Isabelle. Il était depuis longtemps membre de l'Académie de Madrid ; il reçut en 1845 la couronne d'or de poëte lauréat. Quintana continua la tradition des grands poètes espagnols : il éleva le vol de la poésie populaire, et par ses vers, où respirait un enthousiasme vrai, il enflamma toutes les âmes. Outre ses œuvres originales, on lui doit un recueil estimé des poètes castillans (Tesoro del Parnasso). J. M. Maury a traduit quelques-unes de ses poésies dans l’Espagne poétique (1826) ; Laffon de St-Marc a trad. sa Vie du Cid (1843).

QUINTE-CURCE, Quintus Curtius Rufus, historien latin. On ne sait rien de sa vie ; on présume qu'il vécut au Ier siècle de notre ère parce qu'on trouve un écrivain de ce nom parmi les rhéteurs sur lesquels Suétone avait écrit des notices. Tacite et Pline citent un Curtius qui fut consul, puis gouverneur d'Afrique ; mais rien n'autorise à voir notre historien dans ce personnage. Quelques-uns le font vivre sous Constantin ou même sous Théodose. Quinte-Curce nous a laissé une Histoire d’Alexandre en dix livres ; les deux premiers sont perdus, ainsi qu'une partie du Ve, du VIe et du Xe. Plusieurs savants ont tâché de combler ces lacunes ; les Suppléments les plus estimés sont ceux de Freinshemius. L'ouvrage de Quinte-Curce est universellement admiré sous le rapport du style, et il a mérité de devenir classique ; mais c'est un roman plutôt qu'une histoire : il offre de graves erreurs en géographie et en chronologie, aussi bien qu'en politique et en stratégie. On a de ce livre une foule d'éditions, entre autres l'édition princeps, Rome, 1470 ; celles de Bâle, 1607, avec notes d'Érasme ; de Venise, 1537, avec suppl. de Quinzano ; de Bâle, 1545, avec suppl. de Brunon ; de Strasbourg, 1648, avec suppl. de Freinshemius ; d'Amsterdam, 1673, cum notis Variorum due à Schrevilius ; de Paris, 1678, ad usum Delphini ; de Leipsick, 1688, avec supplément de Cellarius ; de Dresde, 1700, avec supplément de Junker ; de Delft, l724,due à H. Skanenburg ; de Gœttingue, 1804, due à Schmieder ; de Leipsick, 1818, due a Coker ; de Berlin, par J. Mutzell, 1840 et 41 ; de Brunswick, par Zumpt, 1849. M. Croiset en a donné en 1855 une bonne édition avec notes. Parmi les traductions, on connaît celle de Vaugelas, 1646, plus remarquable par l'élégance que par la fidélité ; de l'abbé Miguot, 1681 ; de Beauzée