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elle a surtout brillé par les arts : elle a donné son nom à une grande école de peinture dont Raphaël et Jules Romain sont les plus illustres représentants.

Histoire. Rome a été fondée en 753 av. J.-C. Ce ne fut d'abord qu'un gros bourg et un asile pour les bandits du Latium : sept rois s'y succédèrent en 244 ans (Romulus, Numa, Tuilus Hostilius, Ancus Marcius, Tarquin l'Ancien, Servius Tullius, Tarquin le Superbe); dès le 3e et le 4e règne, la ville prit une importance remarquable; pendant les trois suivants, qu'on peut nommer période étrusque, elle devint forte, riche, très-peuplée, et déjà elle s'était assujetti la moitié du Latium, une partie du pays des Sabins et peut-être toute l’Étrurie, lorsque la tyrannie des Tarquins détermina l'expulsion des rois (509).

Rome alors s'érigea en république et fut gouvernée par deux Consuls, qui se renouvelaient chaque année. Cette révolution arrêta pour quelque temps ses progrès; les perpétuelles querelles des deux ordres (patriciens et plébéiens) prolongèrent au moins d'un siècle cet état de faiblesse, pendant lequel on vit las Éques et les Volsques soutenir une lutte à mort contre Rome, et souvent la mettre dans un péril imminent. L'établissement de la Dictature (498), du Tribunat (493), le Décemvirat (451-449), le Tribunat militaire, pris et abandonné à diverses reprises pour remplacer le Consulat (444-366), l'admission des plébéiens d'abord au droit de mariage avec les familles patriciennes (444), puis au partage du consulat (366), furent les principaux événements intérieurs pendant ce temps. Rome venait de conquérir Véies (395), quand survinrent les Gaulois, qui la prirent et faillirent la ruiner à jamais (389) ; sauvée par Manlius et relevée par Camille, après le départ des Gaulois, elle résista à de nouvelles invasions, défit ou vit s'éloigner les bandes gauloises, et comprima les séditions de tous ses sujets. — La guerre samnite, qui s'engagea ensuite (343) et qui, de plus en plus terrible, embrassa toute l'Italie, eut pour résultat, malgré les ligues du Samnium, de l'Étrurie et de l'Ombrie, malgré la résistance de Tarente et l'intervention armée de Pyrrhus, de donner à Rome la possession de presque toute l'Italie centrale et méridionale (264) : dès lors cette république devint une des grandes puissances du monde. C'est dans cette période que l'on voit briller de tout leur éclat les vertus guerrières et civiques qui firent la force de Rome : c'est le temps des Décius, des Fabricius, etc. — Portant enfin ses armes hors de l'Italie, Rome attaqua Carthage et lui ravit la Sicile occidentale (1re guerre punique, 264-242), puis, après lui avoir en pleine paix enlevé la Sardaigne, après avoir conquis moitié au moins de la Gaule Cisalpine et partie de l'Illyrie, elle soutint contre Annibal la 2e guerre punique, où elle pensa périr sous les coups de son redoutable adversaire (219-202), mais dans laquelle elle finit par triompher et ajouta à ses possessions la Sicile orientale et l'Espagne. Dans le siècle suivant, on voit Rome s'avancer et se consolider en Espagne, assujettir plus fortement la Cisalpine, l'Illyrie, anéantir la puissance de la Macédoine (148) et de la Grèce (146), qui furent réduites à l'état de provinces, abattre définitivement Carthage (146), chasser les Séleucides de l'Asie-Mineure et les refouler au delà du Taurus. De 146 à 133, Viriathe et Numance succombent et la Lusitanie ainsi que les Callaïques subissent le joug. Vers 125 commence à se former en Gaule la Province romaine, qui, s'agrandissant rapidement, s'étend bientôt de Nice à Toulouse; de 112 à 101, les Romains, après avoir abattu Jugurtha, s'emparent de la Numidie et morcellent le reste de ses États. Rome est, depuis cette époque, la première puissance du monde. Mais déjà les germes de ruine commencent à se développer : les vertus guerrières et civiques qui avaient fait la force de la Rome antique disparaissent; les vices, le luxe ont pris l'essor; la constitution est viciée. Les Gracques font de vains efforts pour la rétablir et améliorer la condition du peuple : ils périssent à la tâche (133-121), mais ils laissent derrière eux un parti démagogique à qui tous les moyens sont bons pour réussir. De là une lutte permanente entre les plébéiens et les patriciens. Plusieurs événements, les deux guerres d'esclaves (en 133 et 104), la guerre des Cimbres et des Teutons (113-101), les guerres contre Mithridate (88-64), les demandes pressantes des alliés, qui sollicitent le droit de cité romaine et qui, refusés, courent aux armes (Guerre sociale, 90-88), suspendent pour quelque temps la lutte; mais elle recommence dès que le danger est passé. Marius et Sylla sont les chefs des deux partis, qui font assaut d'illégalités et de violences : Sylla fait enfin triompher le parti aristocratique (82); il usurpe la dictature et règne par la terreur. Mais dès sa mort(78) la lutte recommence, soit ouvertement, soit sourdement et sous forme de conspirations (Catilina, 65-62); ajournée quelque temps encore, grâce au triumvirat formé entre Pompée, César et Crassus (60-53), elle éclate enfin entre César et Pompée (49); César, champion du parti démocratique, triomphe, mais il est bientôt assassiné (44). Les conjurés cependant ne peuvent se saisir du pouvoir; ils sont vaincus à Philippes par le 2e triumvirat (Octave, Antoine et Lépide), et il ne s'agit bientôt plus que de savoir qui régnera d'Octave ou d'Antoine. La victoire d'Actium. décide en faveur du premier (31), auquel le sénat décerne les titres de prince, d’auguste, et d’imperator ou empereur (29). Ici commence l'empire : le règne d'Auguste est une époque de réorganisation, de tranquillité profonde : le temple de Janus est fermé; il se fait pourtant quelques conquêtes encore, mais seulement dans le but de donner à l'empiré des limites naturelles (Rhin, Danube, Pont-Euxin, Euphrate, le désert en Afrique et l'Atlantique); les provinces et le pouvoir sont partagés entre Auguste et le sénat. On peut diviser l'histoire de l'empire en 5 périodes. 1° Le 1er siècle du Principat : des adoptions successives donnent pour successeurs à Auguste des princes qui sont tous funestes ou odieux (Tibère, Caligula, Claude, Néron); la dynastie de César tombe avec Néron, et trois usurpateurs (Galba, Othon, Vitellius) frayent la route aux trois princes de la dynastie flavienne (Vespasien, Titus, Domitien). L'empire s'accroît de la Bretagne. — 2° Le 2e siècle du Principat (96-193) : il a pour caractères principaux la sagesse et la bonté profondes des cinq premiers princes, Nerva, Trajan, Adrien, Antonin, Marc-Aurèle, qui tous se succèdent par adoption, suivis de l'indigne Commode; l'homogénéité de plus en plus grande que prennent les diverses parties de l'empire, enfin les brillantes et utiles conquêtes de Trajan (la Mésopotamie conquise sur les Parthes; la Dacie sur les Barbares). — 3° De 193 à 284, anarchie militaire. Cette période se subdivise en trois phases : Syrienne, jusqu'à 235 (Septime-Sévère, Caracalla, Macrin, Héliogabale, Alex.-Sévère); anarchique, jusqu'à 268 (Maximin, les Gordiens, Philippe-l'Arabe, les trente tyrans sous Gallien); phase de restauration, de 268 à 284 (sous Claude II, Aurélien, Tacite, Probus, etc.). Les ravages réitérés des Barbares signalent cette période ; l'empire s'épuise et tombe en décadence. — 4° Le 1er siècle de la monarchie vraie (284-395), de Dioclétien à Théodose. Dioclétien donne une nouvelle organisation à l'empire : afin de mieux résister aux Barbares, il crée deux augustes et deux césars. De 310 à 325 (sous Constantin), le christianisme triomphe et devient religion impériale. Bientôt après (330), Rome cesse d'être la capitale de l'empire (ce rang passe à Constantinople). Les Barbares sont souvent repoussés, mais déjà l'empire a reculé en Mésopotamie, en Arménie, en Dacie, et dès 376 les Goths, vaincus par les Huns, se sont établis sur les terres romaines. Dans cette période, l'empire a déjà été partagé en deux parties (sous Dioclétien, 284, et sous les deux Valentinien, de 364 à 376). — 5° 2e siècle de la monarchie vraie (395-476). Partage