Page:Boukay - Chansons rouges, Flammarion.djvu/127

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I

J’ai regardé le monde en face.
Vieillard perclus de vanité,
Rhumatisant de lâcheté,
Ton or, que veux-tu que j’en fasse ?
Le clinquant de ton oripeau
Sert-il de cuirasse à ta peau ?
J’ai regardé le monde en face.

II

J’ai regardé la femme en face.
Son regard a fui mon regard ;
Mais j’ai lu dans son œil hagard
Le roman, depuis la préface
Jusqu’au dénoûment criminel :
Mensonge éternel et charnel !
J’ai regardé la femme en face.

III

J’ai regardé le juge en face.
Certain d’abord d’être perdu,
Je ne me suis pas défendu.
À quoi bon mendier sa grâce !
Le cuir est fait pour le tanner ;
Le code est fait pour condamner,
J’ai regardé le juge en face.