Page:Boukharine - Lénine marxiste.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La question des rapports de la paysannerie et de la classe ouvrière fait surgir un autre problème extrêmement original. Dans un des séminaires où j’ai travaillé avec vous, ce problème a été soulevé par le camarade Rosito. Je crois qu’il mérite une grande attention ; Lénine d’ailleurs a beaucoup fait pour sa solution. Il s’agit de l’analyse théorique de ta société fondée sur deux classes, qui existe pendant la dictature ouvrière. Ces classes sont le prolétariat et la paysannerie. Si, en régime capitaliste, on analysait surtout la société à trois classes (prolétariat, bourgeoisie et propriétaires fonciers), actuellement il est très intéressant, au point de vue théorique, d’étudier les deux classes existant après l’abolition de la grande propriété foncière et l’expropriation de la bourgeoisie. Il est bien entendu qu’à mesure qu’on s’approchera de la réalité concrète, il faudra introduire de nombreuses et importantes corrections, qui peuvent modifier considérablement le tableau.

Cette question est identique à celle de l’alliance de la classe ouvrière avec la paysannerie, car ces classes ne sont que les représentantes de deux formes économiques différentes. Si l’on prend les paysans comme catégorie sociale, il ne faut pas oublier qu’ils représentent une certaine forme i d’organisation de la production qui peut prendre le dessus, se développer dans une voie indésirable pour nous. Par conséquent, ici le point de vue social a aussi son importance purement économique, et la question du rapport des classes est en même temps une question de rapports des formes économiques. La question de l’hégémonie du prolétariat est en même temps celles des rapports entre l’industrie socialiste et l’agriculture paysanne. Cette question, on le voit, mérite la plus grande attention.

Il est encore une série de questions dont Lénine s’est occupé et dont l’importance est immense pour notre parti et la classe ouvrière. Telle est la question îles antagonismes qui se développent dans notre révolution sociale actuelle sous la dictature prolétarienne, et des tendances hostiles à notre égard engendrées par ces antagonismes. De ce qu’après d’instauration de la dictature ouvrière révolution sera la règle générale, il ne s’ensuit nullement qu’il n’y aura pas, surtout dans la première phase de la dictature ouvrière, des antagonismes très aigus, qui, dans certaines périodes, peuvent même avoir tendance à s’accroître. Quand nous parlons de la disparition possible de ces antagonismes jusqu’à l’avènement du communisme, nous prenons une très longue période de temps, toute une époque ; mais il peut y avoir, surtout au début, une aggravation de certains antagonismes.

C’est pourquoi il nous faut envisager la possibilité d’une dégénérescence de la classe ouvrière. Cette question est politiquement très importante. Lénine l’a posée dans son