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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/118

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siège de quimper

taine de soldats de l’ile Tristan resta sur le premier kilomètre… mais on ne leur donna pas longtemps la chasse.

Le partisan parvint à arrêter la panique avant d’arriver à Prat-ar-Ras… Il proférait les plus grands blasphèmes, parcourait les bandes éparses au trot de son cheval… l’effet était d’autant plus irrésistible, que son visage caché par sa visière baissée, exerçait sur la plupart de ses gens qui le connaissaient à peine, une terreur superstitieuse.

Une scène se passa qui fait frémir. S’arrêtant devant le soldat porte-drapeau rouge de l’Union.

« Indigne catholique, n’as-tu pas senti le feu brûler tes mains, quand tu portais, dans ta fuite, la bannière de Guy Éder.

« Misérable ! qu’as-tu donc vu sur cette place St-Mathieu. As-tu vu Gralon avec tous ses saints bretons ? étaient-ils sur des chevaux ailés, portant scapulaires au bout de leurs épées flamboyantes, imbécile, pourquoi ne pas t’arrêter, pourquoi ne pas t’asseoir devant eux ! Le diable fait peur aux saints, indigne porte-drapeau… Retourne à Douarnenez, tu es un lâche, un misérable que je saurai punir… » On raconte que le soldat dans son effroi par un mouvement convulsif de terreur, s’enfonça un poignard jusqu’au manche dans le côté, et tomba à genoux.

Cet incident témoigne de l’effarement des brigands, il fit sur les assistants une impression profonde

La nuit les retint près de Prat-ar-Ras, et l’on prit toutes les précautions de défensive contre les quimpérois. Mais ceux-ci satisfaits d’une victoire inespérée, inattendue, incompréhensible, miraculeuse, ne songèrent pas à inquiéter.

Si l’attaque avait réussi, que de malheurs à déplorer, quel butin ! quel massacre !