Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
monographie

les Druides allaient, sans doute, autrefois nasiller les Nombres, ce chant que tout jeune Druide devait apprendre et répéter sous la férule du maître.

L’Île est une des communes du canton de Pont-Croix, distante de la terre ferme d’une dizaine de kilomètres. Elle fait face au cap Sizun, à la pointe du Raz, si connue des touristes qui y abondent pendant l’été, une centaine par jour et de tous pays.

Les vieux manuscrits prétendent « que sur cette terre qui rattachait l’île au continent, se trouvait la ville d’Is, engloutie avec tous ses habitants. La mer roule sur le corps des noyés ; de là les courants du détroit. Au moment où cette destruction eut lieu (une punition de Dieu qui la frappa comme Sodome et Gomorrhe), un prêtre officiait à l’autel. Il se trouve au milieu des courants, au fond de l’abîme, sa messe n’est pas encore achevée, et il est là, qui attend les bras étendus que l’on vienne lui faire des répons. » Il attendra longtemps.

En Avril 1892, après les grands froids de l’hiver, un monstre marin, un morse probablement, circulait le long des côtes de l’Île, il cherchait à accoster. Sa tête, le soir, se dessinait au milieu des vagues, on apercevait comme de longs cheveux, c’était, disait-on, la fille du roi Gradlon, la belle Dahut, qui voulait revoir ses anciennes possessions et le théâtre de ses orgies.