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monographie

plus basses mers. Après bien des études, la Commission put s’arrêter à un programme. M. Ploix, ingénieur, concluait à une construction sur Ar-Men. « C’est une œuvre excessivement difficile, presque impossible, disait-il, mais peut-être faut-il tenter l’impossible eu égard à l’importance capitale de l’éclairage de la chaussée. » Les courants qui passent sur la Chaussée de Sein sont, en effet, des plus violents, au-delà de neuf nœuds à l’heure dans les grandes marées.

On se mit résolument à l’œuvre en 1867. Dès qu’il y avait possibilité d’accoster, on voyait accourir des bateaux de pêche. Deux hommes de chacun d’eux descendaient sur la roche, munis de leur ceinture de sauvetage, se couchaient sur elle, s’y cramponnant d’une main, tenant de l’autre un fleuret ou un marteau, et travaillaient avec une activité fébrile, incessamment couverts par la lame qui déferlait par dessus leurs têtes. Si l’un était entraîné, par la violence du courant, sa ceinture le soutenait, et une embarcation allait le reprendre pour le ramener au travail.

À la fin de la campagne, on avait pu accoster sept fois, et en tout huit heures de travail, quinze trous étaient percés sur les points les plus élevés ; premier pas vers le succès. L’année suivante, les difficultés étaient plus grandes, mais on avait de l’expérience ; seize accostages et dix-huit heures de travail.