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monographie

On pratiquait autrefois le commerce des poissons secs. Qui de nous n’a vu, et il n’y a pas si longtemps encore ces longues traverses de bois alignées, sècheries en plein air. Tout cela s’expédiait pour les côtes espagnoles. Jadis, c’était un grand trafic à Penmarc’h, et les habitants de l’Île étaient en relations avec les grands commerçants de ces contrées.

On est allé jusqu’à dire, et beaucoup l’ont édité, qu’autrefois sur ces côtes du Finistère, existait au large un banc de morues ; il y en a même qui ont parlé de faire des recherches à cet égard, d’armer des navires. Comme il eût été beau de renoncer aux dangers des mers d’Islande et de Terre-Neuve !… Mais on eût perdu le beau livre de Pierre Loti.

Le raisonnement a fait comprendre qu’il s’agissait seulement de sècheries de congres, de merlus, surtout, et si ces industries ont été abandonnées, c’est à cause de la mévente des poissons salés, en face de la concurrence des bancs de morues, plus fréquentés, plus avantageux que ces industries locales. Puis est arrivé le commerce si important de la marée fraiche, industrie plus rémunératrice, conséquence des progrès de la civilisation, des communications par voies ferrées qui mettent nos produits à la porte de Paris et des grands centres. Les sècheries disparurent, les négociants en salaisons firent place à la classe intelligente des mareyeurs. N’est pas mareyeur qui veut,