Page:Boulenger – Au Pays de Sylvie, 1904.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

armé de pistolets, les bandits d’ailleurs ne se montraient guère en ce pays fort surveillé par les gardes-chasse, et je n’avais à parcourir ainsi qu’une lieue et demie au plus. Le gîte et le souper m’en sembleraient meilleurs. Je pris donc mon parti sous la forêt familière : en route !

Mais… était-ce un enchantement de la lune ? En descendant vers l’étang de la Reine Blanche, les sons successifs d’une harpe me parurent naître peu à peu et frapper l’air en cadence, tandis qu’une voix s’élevait dans la nuit, une voix… Je m’approche plus doucement, le cœur serré par une émotion singulière. Le chant se précise, je me coule, je me glisse à demi courbé jusqu’à ce que, découvrant enfin dans son entier la surface de l’eau, je m’arrête brusquement, presque étourdi de surprise et de co-