Page:Boulenger – Au Pays de Sylvie, 1904.djvu/282

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berline de poste qui l’avait mené ainsi que son père, sa vénérable mère, ses deux sœurs et quelques portemanteaux, droit aux rives de la mer normande, où une barque de pêche voulut bien prendre et conduire le tout en Angleterre, à travers mille périls. Le jeune Léonce avait donc débuté dans le monde comme émigré.

Pénible situation ! Car, au bout de deux mois à peine, le chef de cette malheureuse famille, redevenu bien malgré lui le citoyen Durouchoux, était appréhendé à Paris (où il s’en était allé faire argent de quelques bijoux) et proprement guillotiné par le peuple souverain, dont il sortait pourtant. Cette mort affreuse achevait de plonger dans la détresse l’infortuné jouvenceau, qui, ne possédant plus un écu sur le pavé de