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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

fortifiée qu’elle ne pouvait craindre que la famine. Mais alentour, dans la campagne, on ne découvrait que ruines et maisons incendiées.

Il s’engagea sur une longue chaussée, très étroite, qui menait à travers les fossés jusqu’à la barbacane de la porte. Tout était ouvert : il passa. Mais, aussitôt qu’il parut dans la rue, de tous côtés les gens s’enfuirent et l’on entendit claquer les huis de leurs maisons. Il fut par la rue déserte jusqu’à la seconde porte et la trouva close. Alors il revint sur ses pas, maudissant le lieu et les habitants, et s’aperçut qu’on avait fermé également la porte par où il était entré.

Un vilain, qui revenait des champs tout chargé de ramée, entra à ce moment dans la rue, et, voyant Hector, il jeta son fardeau pour s’enfuir au plus vite dans une maison ; mais, avant qu’il eût pu en déclore l’huis, le chevalier l’atteignit et lui cria qu’il était mort s’il ne lui enseignait comment sortir. À quoi le vilain répliqua que, fût-il le roi Artus, il lui faudrait demeurer dans la ville cette nuit.

— Comment ! s’écria Hector courroucé, prétend-on m’héberger ici malgré moi ?

Et s’étant emparé de la cognée que le bûcheron portait au cou, il saute à bas de son cheval qu’il attache au crochet d’une maison, et court frapper à grands coups sur la porte de la ville.

Il l’avait déjà entamée, lorsqu’un valet se présenta.