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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

avait glissé dans le marais et s’enfoncait dans la vase jusqu’à la taille :

— S’il plaît à Dieu, un si bon chevalier ne mourra pas vilainement ! s’écrie Hector.

Et, le prenant par le poing, il le tire de l’eau à grand’peine :

— Sire, comment vous sentez-vous ?

— Assez bien, sire, grâce à Dieu et à vous, pour voir et reconnaître que vous êtes la fleur des chevaliers. Prenez mon épée ; je vous la rends et ferai ce que vous me commanderez.

Alors tous deux, de compagnie, gagnèrent la barbacane et entrèrent dans la cité, où toutes les pucelles vinrent à leur rencontre en se tenant par le doigt et chantant de beaux lais de joie. Le vieux sire, qui était très courtois, appela sa fille qui emmena Hector par la main ; et, aidée de sa mère, elle le désarma, puis le baigna et le lava dans une cuve d’eau chaude coulée deux fois, où macéraient des herbes très précieuses ; après quoi elles le couvrirent d’une robe vermeille d’écarlate, d’une cotte et d’un surcot fourrés de menu vair, car il faisait froid et il s’était beaucoup échauffé sous ses armes. Et vêtu de la sorte, tout jeune comme il était, avec ses cheveux blonds comme fin or, la pucelle, qui avait nom Florée, le regarda très volontiers.

Quand il revint dans la salle, le sire de