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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

chevalier, ajouta-t-il, regardez donc la bataille à votre aise. Pour moi, je vois souvent un meilleur preux que ces deux-là.

— Beau frère, répliqua l’autre en riant, quel est donc ce preux que tu vois si souvent ?

— Ne vous en chaille ! Car il vaudrait moins si vous le connaissiez. Mais, s’il vous tenait en champ clos, croyez que pour en être hors vous donneriez toute la terre de Galehaut.

Sur ces mots, il s’éloigna.

Or, messire Gauvain, qui passait par là, s’était arrêté, lui aussi, à regarder la bataille ; et, quand il entendit Lionel parler de la terre de Galehaut, il lui vint à l’esprit que ce valet pouvait connaître Lancelot du Lac. Aussi le suivit-il de loin durant quelque temps ; puis il le joignit et lui dit :

— Valet, je sais bien à qui tu appartiens : c’est à Galehaut, que je connais aussi bien que toi.

— Sire, qui êtes vous ?

— Je suis Gauvain, le neveu du roi Artus.

— Sire, je ne suis point à Galehaut.

— Peut-être ; mais n’en as-tu point des nouvelles ?

— Sire, si j’en sais, je n’en dois pas dire ; ne m’en demandez pas davantage.

— Certes, je ne voudrais te pousser à la déloyauté. Mais ne peux-tu m’apprendre, au moins, s’il est en Sorelois ?