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LA REINE ACCUSÉE

culpez-vous de ces choses dont on vous accuse. Dieu m’aide ! si vous étiez telle que dit cette demoiselle, vous que l’on tenait pour la plus vaillante dame du monde, vous en seriez la plus déloyale et la plus fausse !

La reine se mit debout, et elle n’avait pas la mine d’une femme intimidée. En même temps qu’elle se levèrent ducs et comtes ; mais messire Gauvain l’accompagna jusque devant le roi et prit la parole pour elle.

— Demoiselle, dit-il à la pucelle, nous voulons savoir si c’est de madame la reine que vous avez parlé comme vous avez fait.

— Je n’ai point, parlé d’une reine, mais de cette fausse Guenièvre que voici, qui commit la trahison.

— En nom Dieu, madame est bien pure de trahison ! Pour un peu, vous me feriez oublier la courtoisie à laquelle je n’ai jamais manqué envers une dame, et je vous dirais que vous avez énoncé les plus grandes folies que femme ait inventées. Et quand même tous ceux de votre pays l’auraient juré, cela ne rendrait pas plus vrai ce que vous dites. Sire, ajouta-t-il, voyez-moi tout prêt à défendre madame la reine contre le corps de n’importe quel chevalier et à jurer qu’elle est votre compagne épousée en loyal mariage.

— Sire chevalier, répondit la demoiselle, il serait bien raison que je connusse votre nom.