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GALEHAUT SIRE DES ÎLES LOINTAINES

et par le corps avant que d’avoir eu le temps de s’étonner. On le fit aussitôt monter sur un palefroi et on l’emmena à grande allure, ainsi que ses veneurs.

Cependant le valet s’était emparé de son cor. Il alla sonner non loin du lieu où attendaient les chevaliers.

— C’est messire le roi ! s’écria Gauvain. J’entends qu’il nous appelle.

Tous de partir au galop. Mais le valet était déjà loin, et d’un autre point du bois il se remit à corner. Et tout le jour il les mena ainsi à travers la forêt et les déçut. Enfin, à la nuit, comme ils n’entendaient plus le cor depuis longtemps, ils cessèrent leur poursuite vaine. Et quand ils rentrèrent à Carduel, ils trouvèrent la reine et plusieurs barons, appuyés aux fenêtres de la salle, qui attendaient le roi avec angoisse.

— Ha ! dit la reine lorsqu’elle connut la nouvelle, j’ai grand’peur que messire ne soit occis ! Dieu veuille le protéger, où qu’il soit, et le mener en sûreté !

— Dame, dit Galehaut, nul ne serait assez hardi pour oser mal faire au roi. Et sans doute messire pourchasse-t-il encore le sanglier ; il ne voulait nous attendre, afin de pouvoir se vanter de l’avoir tué tout seul. Nous l’avons souvent ouï corner, mais la forêt est grande et large. Nous la fouillerons demain et ce sera merveille si nous ne le retrouvons.