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MORT DE KARADOC LE GRAND

teau, qui était ouverte afin de laisser passer les fuyards.

Les chevaliers qui la gardaient avaient lâché leurs lances pour arrêter le cheval ; mais ils ne purent : il se jeta avec ses deux cavaliers par une poterne que la demoiselle qui avait tant aidé à monseigneur Gauvain se hâta de refermer derrière lui, et il vint s’abattre devant la tour. Les deux chevaliers tombèrent, mais Karadoc se blessa pour ce qu’il était très pesant. Déjà Lancelot lui courait sus ; il n’avait plus d’écu ni d’épée : il s’enfuit.

Il sauta dans un des fossés de la tour, profond de deux toises ; là était une porte qui ouvrait sur le cachot où gisait messire Gauvain. Il venait de la défermer avec ses clés pour occire son prisonnier, lorsque Lancelot se laissa choir sur ses épaules, le renversa et, soulevant le pan de son haubert, lui donna de l’épée par le ventre, puis lui coupa la tête.

Ainsi se délivra-t-il de Karadoc, et il jeta son corps dans le cachot noir qu’il vit ouvert. Messire Gauvain, entendant le bruit, demanda qui était là, et Lancelot reconnut sa voix.

— Ha, beau doux ami, beau doux compagnon, où êtes-vous ? Je suis Lancelot du Lac.

— Certes nul homme mortel ne pouvait arriver à moi, hormis Lancelot !

Ce disant, messire Gauvain sortit. De quel cœur il accola son compagnon ! La demoi-