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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

Ils atteignirent de la sorte le manoir, où la dame se mit à pleurer de bonheur et de pitié en voyant sa fille et la baisa plus de cent fois.

— Dame, c’est à ce franc chevalier qu’il faut faire bel accueil, dit la pucelle, car il a mis pour moi sa vie en danger, bien qu’il ne m’eût jamais vue avant ce jourd’hui.

Et, se laissant glisser de son palefroi, elle courut tenir l’étrier à Gaheriet. Il l’assura qu’il ne pouvait demeurer ; mais elle prit en riant son cheval par le frein, menaçant de le retenir de force, bref elle fit tant qu’il consentit à manger avec elles. Et il ne manqua pas de conter à la vieille dame comme sa fille lui avait bien répondu.

— Étant sage, elle ne trahit pas son lignage ! dit la mère tout heureuse. Son père était le plus prud’homme de tout le pays.

Longtemps Gaheriet causa ainsi avec la mère et la fille ; puis il demanda son cheval et, après les avoir recommandées à Dieu, il partit pour le château de la plus jeune des trois dames, dont il s’était fait enseigner le chemin.


XV


Au soir tombant, il arriva dans une petite vallée, où s’élevait un castel très fort et clos de bons murs bastillés. La jeune dame, qui l’atten-