Page:Boulenger - Romans de la table ronde III, 1922.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
LANCELOT ET SON PÉCHÉ

ce qui lui était advenu depuis qu’il était parti en compagnie de la vieille au cercle d’or. Lancelot conta tout ; pourtant il ne rapporta point comment il avait été trompé par la fille du roi Pellès, non qu’il en eût honte, mais parce qu’il craignait de perdre l’amour de sa dame. Quand il eut fini, messire Gauvain narra à son tour ce qui lui était arrivé au Château aventureux avant Lancelot ; et comment la vieille lui avait dit en le laissant que le fils de la reine aux grandes douleurs avait perdu par la faiblesse de ses reins l’honneur de mener à bien la plus belle des aventures et de connaître la vérité du Saint Graal ; et comment en se retournant il n’avait plus trouvé traces du château. Tous les chevaliers qui étaient partis en quête de Lancelot firent ainsi le récit de leurs aventures. Après quoi chacun s’en fut dormir en son hôtel.

Le roi Artus était un peu souffrant : il coucha seul dans une chambre du côté de l’eau ; grâce à quoi la reine put faire dresser son lit dans une pièce qui donnait sur le jardin ; puis, ayant écarté ses pucelles afin d’éviter le bruit, dit-elle, et de mieux reposer, elle reçut Lancelot. Mais, lorsque tous deux se furent fait joie comme ceux qui s’aimaient plus que tout au monde, elle se prit à pleurer.

— Ha ! beau doux ami, vous avez entendu ce qu’a dit mon neveu Gauvain : que le fils de la reine aux grandes douleurs a perdu par son