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LE CHÂTEAU AVENTUREUX

belle tente, mi-partie de vert et de rouge, et rayée de bandes d’orfroi sur lesquelles des aigles d’or brodées luisaient de manière à égayer toute la prairie.

— Dieu éternel, s’écria le damoisel émerveillé, m’est avis que voici l’une de vos maisons ! Ma mère m’a dit de ne jamais passer devant une église sans y adorer Notre Seigneur. Je le prierai de me donner à manger, car j’ai grand’faim.

Ce disant, il attache son cheval à un poteau et entre dans le pavillon qui était ouvert. Il ne s’y trouvait qu’une pucelle endormie sur un lit, toute seule, car ses demoiselles, la voyant sommeiller, étaient allées cueillir des fleurettes nouvelles pour la jonchée. Et au bruit que fit le valet elle s’éveilla en sursaut.

— Pucelle, lui dit Perceval, je vous salue comme ma mère me l’a enseigné, car elle m’a dit de ne jamais manquer de saluer les pucelles.

— Valet, fit-elle en riant de sa naïveté, sauve-toi, que mon ami ne te voie !

— Par ma foi, je ne partirai point sans avoir eu un baiser de vous, comme ma mère me l’a appris !

Ici la demoiselle cessa de rire ; mais, quoiqu’elle se défendît du mieux qu’elle pût, il la serra dans ses bras qui étaient très forts, et l’embrassa plus de vingt fois, dit le conte, malgré qu’elle en eût. Puis, avisant l’anneau