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LA VOIX DANS LES FLAMMES

valier, puisqu’un bon chevalier n’a pas peur.

— Tu n’es pas le meilleur chevalier du monde, mais tu dis mal quand tu dis : « Dieu, quelle honte ! », car celui qui sera le meilleur chevalier du monde aura une si haute tâche que nul autre ne la pourrait accomplir. Sitôt qu’il entrera ici, parce qu’il sera vierge et chaste, et que jamais n’aura brûlé en lui le feu de luxure, ces flammes auprès desquelles toutes les autres ne sont rien s’éteindront. Toi, pourtant, je ne te déprise pas, car tu es si hautement doué de prouesse et de chevalerie terrienne que nul à cette heure ne te pourrait surpasser. Je te connais bien : nous sommes du même lignage. Et sache que celui qui me délivrera sera de mes cousins, et qu’il tiendra à toi d’on ne peut plus près, et qu’il sera la fleur de tous les vrais chevaliers. Tu eusses mené à bien les aventures qu’il achèvera ; mais tu en as perdu l’honneur par l’ardeur de ta luxure et la faiblesse de tes reins, qui empêchent que tu sois digne de connaître la vérité du Saint Graal. Et tu n’as pas eu nom Lancelot à ton baptême, mais Galaad ; ainsi te fit appeler ton père. Va-t’en, beau cousin, car cette aventure n’est pas tienne.

Lancelot demanda à celui qui parlait quel était son nom, et pourquoi il était enfermé là, et s’il était mort ou vif.

— Je fus le neveu de Joseph d’Arimathie qui descendit Jésus-Christ de la croix et apporta le