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BOHOR AU VIGOUREUX COEUR

On peut faire le marché.
Bien fou qui met là vingt livres !
Il faut le tenir pour ivre !
Il mérite d’en porter !

Car Bohor fut l’un des chevaliers du monde qui aimèrent le moins les femmes. Si parfois, en chevauchant par les rues d’une ville, un de ses compagnons lui disait :

— Regardez, sire, regardez ! Par sainte Marie, la belle dame !

— La belle bête que mon cheval ! répondait-il. Je ne connais point de destrier qu’on lui puisse comparer.

Ainsi fait, il demeura longtemps pur de cœur et vierge de corps, et s’il tomba une fois dans le péché, il s’en repentit tant par la suite que Notre Sire lui pardonna ; le conte parlera de cela quand le moment sera venu, mais il faut laisser venir chaque chose en son temps.


IV


Bohor et son écuyer chevauchaient ainsi, et ils allèrent tant qu’ils parvinrent dans une grande prairie auprès du château de la Marche, où le roi Brangore d’Estrangore donnait un tournoi