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délire et l’agonie commença. Le lendemain mardi, 13 mai, vers cinq heures du matin, il expira. Bossuet l’avait précédé de quelques semaines dans la tombe (12 avril 1704.)


II


Bourdaloue était dans la soixante-douzième année de son âge, né à Bourges, le 20 août 1632, l’année même où le pape Urbain VIII approuvait la Congrégation des Prêtres de la Mission, fondée par Saint Vincent-de-Paul. Bourdaloue, qui reçut au baptême le prénom de Louis, entra, dès l’âge de quinze ans, dans la Compagnie de Jésus. Il passa par tous les exercices, employant les dix-huit premières années de noviciat, soit à ses propres études, soit à professer la rhétorique, la philosophie, la théologie. Quelques sermons qu’il eut occasion de prêcher révélèrent sa véritable vocation à ses supérieurs qui le destinèrent dès lors à la prédication. Après s’être fait entendre en province avec un grand succès, il vint à Paris et prêcha tout d’abord dans l’église de la maison professe avec un éclat extraordinaire. Également aimé des grands, du peuple et des savants, il attirait une foule prodigieuse ; sa réputation croissait d’un sermon à l’autre ; plus on l’entendait, plus on voulait l’entendre.

Le roi Louis XIV le goûtait tout particulièrement, et, après l’avoir entendu, depuis l’Avent de l’année 1670, plusieurs Avents et plusieurs Carêmes, il le redemandait toujours en disant : « J’aime mieux ses redites que les choses nouvelles d’un autre. »