Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acquises, un proscrit, le général Bonnaire, ne fit pas en vain appel à son dévouement ; et ce fut grâce à Chauveau-Lagarde, sans doute, que la déportation, au lieu de la peine capitale, fut prononcée en présence des charges sérieuses qui pesaient sur l’accusé, « coupable au moins, dit M. Leroy, d’une grande faiblesse dans des circonstances graves, et que la prudence comme le sang-froid avaient abandonné. »

La noble indépendance de son caractère ne nuisit point à Chauveau-Lagarde parmi les esprits élevés de son parti. La duchesse d’Angoulême fit au défenseur de sa mère et de sa tante l’accueil le plus bienveillant et lui dit avec un accent ému : « Depuis longtemps je connais vos sentiments. »

Pourtant il semble que le gouvernement de la Restauration qui, parfois, avec les intentions les meilleures, circonvenu par l’intrigue ou la passion, se montrait trop avare de ses faveurs pour les vrais dévouements, ne reconnut point, autant qu’il eût dû, les services de Chauveau-Lagarde, et ce fut presque tardivement que celui-ci fut appelé à siéger à la Cour de cassation. Il reçut de plus la décoration de la Légion d’honneur et des titres de noblesse. L’illustre avocat, d’ailleurs, jouissait depuis longtemps de la plus belle des récompenses, l’estime universelle, méritée par une vie sans tache. Dirai-je aussi aux yeux de tous les gens de bien, cette gloire, cet incomparable honneur d’avoir pu défendre, au péril de sa vie, deux des plus augustes victimes de la Révolution. « Qu’y a-t-il, en effet, de plus admirable que cette princesse… qui, toujours reine, toujours mère, toujours épouse, toujours elle-même,