Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvoir se refaire dans les cantonnements de l’Alsace et de la Lorraine. Telle était l’affection des troupes pour le jeune général, que le représentant Rivaut écrivait à cette époque au Directoire : « Ce sont toujours les chevaux qui nous manquent. Je vous l’ai dit, si Desaix, qui a habitué les troupes à le voir partout, avait des chevaux assez pour toujours aller, les troupes iraient avec lui au diable. »

Pichegru ayant quitté l’armée, Desaix fut chargé par intérim du commandement en chef. Mais la responsabilité qui pesait sur lui l’inquiétait ; il fut heureux que Moreau vînt pour l’alléger de ce lourd fardeau, et il reprit avec empressement sa place au second rang. Moreau eut grandement à s’applaudir de son concours dans cette rude campagne, qui commença par le passage du Rhin dans les circonstances les plus difficiles, une marche audacieuse sur Vienne, et se termina par une retraite forcée et cependant des plus glorieuses pour le général en chef.

Après l’armistice de Léoben, Desaix, qui s’était pris d’une admiration enthousiaste pour le général en chef de l’armée d’Italie, demanda et obtint une mission qui lui permît d’aller lui rendre visite à Milan. Ils se voyaient pour la première fois, mais tous deux, faits pour se comprendre et s’apprécier, ils se serrèrent la main comme de vieux frères d’armes, et au bout de quelques jours, arrivés à cette intimité d’où résulte la pleine confiance, ils n’avaient plus de secrets l’un pour l’autre. Bonaparte confia à son ami le projet de l’expédition d’Égypte, et Desaix ne doutait pas du succès. Lorsqu’après la signature du traité de Campo-Formio, le Direc-