Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/369

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Le monde n’est point un fantôme ; c’est l’assemblage de toutes les familles ; et qui est-ce qui peut les policer avec un soin plus exact que les femmes qui, outre leur autorité naturelle et leur assiduité dans leur maison, ont encore l’avantage d’être nées soigneuses, attentives au détail, industrieuses, insinuantes et persuasives ? Mais les hommes peuvent-ils espérer pour eux-mêmes quelque douceur dans la vie, si leur plus étroite société, qui est celle du mariage, se tourne en amertume ? Mais les enfants, qui feront dans la suite tout le genre humain, que deviendront-ils si les mères les gâtent dès leurs premières années… Il est constant que la mauvaise éducation des femmes fait plus de mal que celle des hommes puisque les désordres des hommes viennent souvent et de la mauvaise éducation qu’ils ont reçue de leurs mères et des passions que d’autres femmes leur ont inspirées dans un âge plus avancé. »

Mais voici qui me paraît plus remarquable encore : « L’ignorance d’une fille est cause qu’elle s’ennuie et qu’elle ne sait à quoi s’occuper innocemment. Quand elle est venue jusqu’à un certain âge sans s’appliquer aux choses solides, elle n’en peut avoir ni le goût ni l’estime ; tout ce qui est sérieux lui paraît triste, tout ce qui demande une attention suivie la fatigue, la pente aux plaisirs, qui est forte pendant la jeunesse, l’exemple des personnes du même âge qui sont plongées dans l’amusement, tout sert à lui faire craindre une vie réglée et laborieuse… La piété lui paraît une occupation languissante et une règle ennemie de tous les plaisirs. À quoi donc s’occupera-t-elle ? à rien d’utile. Cette inapplication se tourne même en habitude incurable. Cepen-