Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/380

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de sa santé comme par l’opposition de sa famille, il se dévoua à un apostolat plus modeste mais non moins utile, l’instruction des Nouvelles Catholiques ou protestantes converties. Les dix années, consacrées par lui à cet obscur ministère, le préparèrent à la composition de son premier ouvrage : de l’Éducation des Filles, destiné à la duchesse de Beauvilliers, mère d’une famille nombreuse, et femme du duc de Beauvilliers, devenu l’intime ami de Fénelon.

Aussi lorsque en 1689, de Beauvilliers, par les conseils et l’influence de Madame de Maintenon, eut été nommé gouverneur du duc de Bourgogne, fils du Dauphin et petit fils de Louis XIV, il proposa et fit agréer comme précepteur l’abbé de Fénelon. Grâce aux soins assidus et au zèle éclairé de ces deux vertueux amis, secondés par des hommes de bien, choisis par eux, le jeune prince, dont le tempérament violent, les passions précoces, l’orgueil en particulier de bonne heure étrangement développé, pouvaient faire tout craindre, devint par degrés moins indomptable, et après quelques années, étonnant la cour par ses vertus, il promettait dans l’avenir un roi modèle. Au témoignage des contemporains et de Saint-Simon en particulier, la transformation tenait du miracle, et jamais on ne vit mieux qu’en cette circonstance l’influence de l’éducation, d’une éducation forte et chrétienne, sur la nature la plus rebelle.

Après les cinq années qu’il avait passées près du jeune prince, Fénelon fut nommé à l’archevêché de Cambrai (1694). Ce choix, tout spontané de la part du roi, prouvait le cas qu’il faisait du précepteur pour lequel d’ailleurs