Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/414

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tité de gens l’agaçaient dans l’espérance de lui entendre faire des contes semblables à ceux qu’il a rimés ; mais il était sourd et muet sur ces matières ; toujours plein de respect pour les femmes, donnant de grandes louanges à celles qui avaient de la raison, et ne témoignant jamais de mépris à celles qui en manquaient[1]. »

Une anecdote encore avant de terminer, anecdote qui nous est racontée par l’auteur de la Vie de La Fontaine, mise en tête de l’édition des Fables de l’année 1813. « On aime à voir, comme le dit Walckenaer, aux temps les plus affreux de la Révolution, le nom seul de La Fontaine sauver d’une mort inévitable ses derniers descendants. »

Après avoir perdu toute sa fortune par suite des évènements politiques, madame de Marson, arrière-petite fille de La Fontaine, vivait obscurément à Versailles avec son fils et sa fille, et s’occupait de leur éducation, quand on surprit une lettre à elle écrite par un de ses parents émigré. « Mandée au comité révolutionnaire, dit M. Creuzé de Lessert, madame de Marson y comparut accompagnée de ses deux enfants. Il était incontestable qu’elle avait été en correspondance avec un parent proscrit : on lui prononçait son arrestation qui, d’après ce fait alors si criminel, la perdait infailliblement, lorsqu’un des nombreux témoins de cette scène, un homme du peuple qui venait souvent dans sa maison s’écria :

« Ô ciel ! faire périr une petite fille de La Fontaine, une dame qui élève si bien ses enfants ! »

« Cette exclamation fit le plus grand effet sur l’assem-

  1. D’Olivet : — Histoire de l’Académie française.