Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/424

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« Si (or) vint messire Gautier de Mauny et les Bourgeois de Calais (Eustache de Saint Pierre, Jean d’Aire, Jacques de Vissant, Pierre de Vissant et les deux autres), et descendit en la place et puis s’en vint devers le roi et lui dit :

Sire, voici la représentation de la ville de Calais, à votre ordonnance.

« Le roi se tint tout coi et les regarda moult fellement (cruellement), car moult héait (haissait) les habitants de Calais pour les grands dommages et contraires que au temps passé sur mer lui avaient faits. Ces six bourgeois se mirent tantôt à genoux devant le roi, et dirent ainsi en joignant leurs mains :

Gentil sire et gentil roi, veez-nous (voyez-nous) cy six qui avons été d’ancienneté bourgeois de Calais et grands marchands : si vous apportons les clefs de la ville et du chastel de Calais et les rendons à votre plaisir et nous mettons en tel point que vous voyez, en votre pure volonté, pour sauver le demeurant du peuple de Calais, qui a souffert moult de grièvetés. Si veuillez avoir de nous pitié et merci par votre très haute noblesse.

Certes il n’y eut adonc en la place seigneur, chevalier, ni vaillant homme qui se pût abstenir de pleurer de droite pitié, ni qui pût de grand’pièce (de longtemps) parler. Et vraiment ce n’était pas merveille ; car c’est grand’pitié de voir homme déchoir, et être en tel état et danger. Le roi les regarda très ireusement (avec colère), car il avait le cœur si dur et si épris de grand courroux qu’il ne put parler. Et quand il parla, il commanda qu’on leur coupât tantôt