Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/52

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et si cet hôpital est le plus imparfait de tous, c’est parce qu’il est le plus ancien. Dès les premiers temps de cet établissement, on a cherché le bien, on a désiré s’y tenir, et la constance a paru un devoir. De là, toute nouveauté utile a de la peine à s’y introduire ; toute réforme est difficile ; c’est une administration nombreuse qu’il faut convaincre ; c’est une masse énorme qu’il faut remuer. »

L’énormité de la masse à remuer ne découragea pas les commissaires de l’Académie. Aussi, grâce à leur énergique persistance, les choses changèrent, nos hôpitaux furent réformés, transformés, et c’est avec toute justice et vérité qu’Arago a pu dire naguère : « Chaque pauvre est aujourd’hui couché seul dans un lit, et il le doit principalement aux efforts habiles, persévérants, courageux de l’Académie des sciences. Il faut que le pauvre le sache et le pauvre ne l’oubliera pas. »

Hélas ! il fut trop prompt à l’oublier, au contraire, en ce qui concerne Bailly du moins, dont la triste destinée prouve une fois de plus quel fond il faut faire sur la popularité, avec la terrible mobilité des multitudes, si promptes à subir toutes les influences, et qui, elles aussi, tournent au moindre vent. Bailly en fit la cruelle expérience et combien ne dut-il pas regretter souvent d’avoir cédé, qui sait à quelle tentation fatale d’ambition ? au lieu de se contenter de la gloire modeste de savant et de lettré, à l’exemple de son maître l’astronome Lacaille dont on a dit qu’il était le calculateur le plus courageux et l’observateur le plus zélé, le plus actif, le plus assidu qui ait jamais existé, « et avec cela » doux, simple, gai, égal avec ses amis ; l’intérêt ni l’ambition ne le