Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/101

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Le solliciteur sortit désespéré ; mais quelques heures après, ou lui remettait, de la part du grand chancelier, cette même somme de 10 000 ; et quand, les larmes aux yeux, sous le coup de son émotion, il accourt pour le remercier et prendre en même temps des engagements pour l’avenir :

— Vous me rendrez cet argent quand vous pourrez, répond Lacépède, vous savez, mon ami, que je ne prête jamais.

Sa bonté devenue proverbiale parmi les élèves de la Légion d’Honneur à Saint-Denis, le faisait considérer dans cette institution comme un tendre père sans cesse occupé du bonheur de ses enfants. En toute occasion d’ailleurs, il donnait à cette maison, qu’il avait contribué à fonder, les marques du plus vif intérêt, du plus sérieux attachement.

On rapporte qu’un jour, bien qu’excédé par ses travaux scientifiques et administratifs, il quitta tout pour se rendre en hâte à Saint-Denis auprès d’une élève, pauvre enfant de onze ans, qui, se mourant de la poitrine, avait demandé comme une grâce de voir une dernière fois le bon monseigneur le chancelier.

Celui-ci arrive, s’approche doucement du lit de la petite malade presque à l’agonie et qui, depuis plusieurs heures, semblait avoir perdu connaissance. Cependant, en entendant la voix du grand chancelier, elle ouvre les yeux et avec un doux sourire, elle murmure :

— Je vous vois. Monseigneur, que je suis heureuse ! je vais dans le ciel prier le bon Dieu pour vous.