Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femme si vénérée, si aimée du pauvre, si chérie de tous, si adorée par son malheureux époux…. Je demande comme la plus grande des grâces que mon corps soit placé absolument et précisément dans la même tombe, dans la même bière que celle que la mort m’a enlevée si jeune, qui daigna tant m’aimer, m’a rendu si heureux et ne faisait qu’un avec moi. »

En lisant cette page douloureuse, on ne peut s’empêcher de penser à la vanité de tous les bonheurs de la terre, même les plus purs et les meilleurs et qui, vous manquant au milieu de leurs plus douces ivresses, laisseraient le cœur en proie à de tels déchirements, à de si eflroyables désolations si l’on n’était soutenu par l’espérance chrétienne. « S’il est peu de vies remplies de plus de travaux, dit M. Villenave en parlant de Lacépède, il n’en est aucune peut-être qui ait été semée à la fois de tant de vertus et de tant de dignités, de tant d’afflictions connues et de bienfaits ignorés. »

Lors des événements de 1814, Lacépède fut privé par le gouvernement provisoire de sa place de chancelier de la Légion d’Honneur. Il en profita pour se retirer en quelque sorte de la vie publique, encore qu’il ait fait partie de la Chambre des pairs où il fut appelé à siéger dans l’année 1819. Mais un nouveau malheur, qui le frappa peu après, le plongea dans une tristesse profonde et vint augmenter son goût pour la solitude.

La femme de son fils adoptif, qu’il aimait comme une fille, lui fut enlevée par une mort foudroyante et jamais il ne put se consoler d’une telle perte. À la suite de cette catastrophe, il modifia, par un post-scriptum, l’espèce de testament qu’on a lu plus haut : Il demandait à