Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/115

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sévère morale n’aurait pas à s’effaroucher. Je chargerais du triage un père de famille chrétien, ou mieux encore une mère de famille intelligente autant que pieuse comme j’en connais plusieurs. Et quel volume on aurait alors, véritablement admirable, incomparable ! Inutile d’ajouter qu’il n’emprunterait rien au poème fantastique de la Chute d’un Ange, pas plus qu’à Jocelyn, une œuvre remarquable souvent sans doute au point de vue de l’art, mais où se trouvent de regrettables inexactitudes et des témérités hétérodoxes qui ont fait mettre l’ouvrage à l’index.

Comme prosateur, par la fécondité des pensées, l’éclat des images, l’ampleur de la période, Lamartine est aussi au premier rang ; mais dans ses meilleurs écrits, qui ne sont pas ceux de sa vieillesse, dans les Girondins, les Confidences, etc., il faut déplorer toujours ce mélange du bien et du mal, de l’ivraie et du bon grain que nous avons eu le regret de signaler dans les œuvres poétiques. N’est-ce point dans le 1er volume des Confidences que se trouvent certaines tirades philosophiques et politiques assez mal sonnantes aussi bien que le portrait de cet étrange curé de village, tout occupé de chasse, de chiens, de livres profanes, et que l’auteur nous présente avec un air de complaisance, peu s’en faut, comme un modèle ?

En tant qu’homme politique, on sait assez les erreurs et les fautes de Lamartine ; mais ces fautes et ces erreurs furent celles de son imagination, peut-être un peu de sa vanité, plus que celles de son cœur ; on doit lui tenir compte grandement de son énergie le jour où il